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Le cycle financier peut amplifier ou réduire l’ampleur des chocs économiques au Maroc (BAM)

Le cycle financier peut amplifier ou réduire l’ampleur des chocs économiques et, par conséquent, amener la politique monétaire à ajuster sa réaction pour stabiliser l’économie. C’est la conclusion principale d’une étude publiée par Bank Al-Maghrib, intitulée «Cycle financier, cycle réel et transmission de la politique monétaire au Maroc». L’analyse relève également que des contraintes ont été exercées par un cycle financier plus restrictif sur la transmission des décisions de politique monétaire à la sphère réelle.

Le cycle financier peut amplifier ou réduire l’ampleur des chocs économiques au Maroc (BAM)

Le cycle financier peut, dépendamment de son positionnement, amplifier ou réduire l’ampleur des chocs économiques au Maroc. C’est la conclusion principale à laquelle a abouti une étude publiée par Bank Al-Maghrib (BAM), à l’issue de la conduite de plusieurs simulations d’impact pour différents chocs économiques et financiers. «Dans certaines situations, cela peut avoir une grande influence sur la conduite de la politique monétaire et l’effort qui lui est nécessaire pour stabiliser l’économie», indiquent les auteurs (Omar Chafik et Aya Achour) de cette étude intitulée «Cycle financier, cycle réel et transmission de la politique monétaire au Maroc».

En effet, ce travail, qui fait partie des documents de recherche rendus publics par la Banque centrale pour partager les résultats des travaux menés par ses chercheurs et leurs partenaires avec la communauté scientifique et le grand public, montre que face à une baisse de la demande, l’effort de politique monétaire nécessaire pour relancer l’activité est significativement plus important lors des phases de contraction financière comparativement aux phases d’expansion.

De plus, ajoutent les économistes-chercheurs de BAM, «cette dynamique est asymétrique puisqu’en cas d’un excès de demande accompagné par un cycle financier en expansion, la hausse des taux d’intérêt nécessaire pour absorber la surchauffe de l’économie ressort plus importante et sur un horizon plus long, comparativement à une situation où le cycle financier serait en contraction». Ils estiment que ces conclusions permettraient de jeter un nouveau regard sur la conduite de la politique monétaire au Maroc. En effet, expliquent les auteurs de l’étude, l’ampleur et la durée de la politique monétaire accommodante déployée par Bank Al-Maghrib pour soutenir les perspectives de croissance de l’économie marocaine durant cette dernière décennie, traduites par des baisses du taux d’intérêt directeur et le recours à des mesures non conventionnelles vigoureuses, s’expliqueraient en partie par les contraintes exercées par un cycle financier plus restrictif sur la transmission des décisions de politique monétaire à la sphère réelle.

En fait, relèvent-ils, «sur la période 2012-2016, durant laquelle le taux directeur a été 4 fois revu à la baisse avec en somme un assouplissement de 100 pb, nos résultats suggèrent que le cycle financier était en contraction». Ainsi et en dépit de l’importance de l’assouplissement monétaire, illustrent-ils, les taux d’inflation plus faibles enregistrés durant cette période pourraient s’expliquer par l’amplitude du choc adverse affectant l’activité économique, à une transmission de politique monétaire «tempérée» par un ensemble de facteurs économiques (à titre d’exemple, la taille du secteur informel au Maroc est estimée autour de 30% du PIB, ce qui est de nature à affecter l’efficacité de la transmission des décisions monétaires au sein de l’économie) et institutionnels, mais également au repli du cycle financier sur cette période qui en a amplifié l’effet. Enfin, les simulations de ces économistes «laisseraient envisager que l’efficacité de la politique monétaire pourrait être amortie par des effets d’entraînement négatifs du cycle financier durant les périodes de crises ou de perturbations financières et qu’un effort supplémentaire et prolongé serait généralement nécessaire pour veiller à la promotion de la croissance et la stabilité des prix».

Une croissance économique au ralenti malgré une politique monétaire accommodante !

La question du lien entre le cycle financier, l’activité économique et la transmission de la politique monétaire est d’une grande importance au Maroc, notent les auteurs l’étude. En effet et bien avant l’avènement de la crise liée à la pandémie de la Covid-19, relèvent-ils, la croissance économique était marquée par un ralentissement malgré une politique monétaire accommodante. Aussi, soulignent-ils, «la dynamique financière était moins vigoureuse qu’auparavant poussant à se questionner sur les facteurs derrières sa plus faible réactivité au stimulus monétaire et son rôle dans le ralentissement de la croissance économique».

En fait, illustrent-ils, en comparaison à la période 2008-2012, la baisse moyenne du taux d’intérêt directeur entre 2013 et 2019 a été presque deux fois plus importante et le niveau du ratio de la réserve obligatoire a été presque 3 fois moins élevé. Toutefois, notent-ils, la croissance moyenne du PIB réel de l’économie marocaine a été de 4,4% au cours de 2013-2019 contre 3,2% entre 2008 et 2012. Parallèlement, poursuivent-ils, le taux de croissance annuel moyen du volume du crédit sur la période 2013-2019 a été de 3% contre 14,7% pour la période 2008-2012. Rapporté au PIB, l’encours du crédit bancaire est resté relativement stable aux alentours de 80% entre les deux périodes. Idem pour les prix de l’immobilier résidentiel qui auraient affiché sur la base de l’Indice des prix des actifs immobiliers (IPAI) un taux de croissance annuel moyen de 1,1% entre 2013 et 2019 contre 1,6% entre 2008 et 2012.

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