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Lundi 20 Mai 2024
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La dette du Trésor dépasse les 1.000 milliards de DH, le double en 10 ans !

La dette du Trésor dépasse les 1.000 milliards de DH, le double en 10 ans !

Faut-il s’inquiéter ? La dette globale du Trésor a dépassé la barre des 1.000 milliards de DH pour atteindre 1.005 milliards à fin avril 2023. Un record ! Si ce niveau est en hausse de 5,5% par rapport à fin 2022, il représente plus du double de l’encours enregistré en 2012, soit 493,6 milliards de DH. L’endettement de l’État (du gouvernement central) s’alourdit donc dans un contexte de remontée des taux, d’inflation persistante, mais aussi d’un rebond de la croissance économique et de la poursuite des investissements stratégiques. Cette montée préoccupante de la dette directe a été observée, en particulier, en 2020 suite à la dégradation des finances publiques sous l’effet de la crise sanitaire qui a poussé l’État à déployer un effort budgétaire exceptionnel pour amortir les retombées socio-économiques de ce choc. Ainsi, la dette du Trésor avait franchi pour la première fois la barre des 800 milliards de DH en 2020 pour atteindre 817,78 milliards en septembre de la même année.

La dette du Trésor reste dominée par sa composante intérieure 

Elle a par la suite dépassé la barre des 900 milliards de DH, pour s’établir à 909,7 en mars 2022. En avril 2023, la dette du Trésor s’est donc alourdie à 1.005 milliards de DH, selon les derniers chiffres publiés par la Direction du Trésor et des finances extérieures (DTFE), du ministère des Finances. La structure de cette dette reste dominée par sa composante intérieure avec une part de 75% à fin avril, la dette extérieure pesant donc 25% dans l’encours global. «Il faut toujours s’inquiéter des plafonds psychologiques qui peuvent rendre les investisseurs nerveux, mais le vrai sujet, c’est le service de la dette, d’un côté : c’est-à-dire combien coûtent le re-paiement des intérêts de la dette, et la qualité de la dette de l’autre», a déclaré au journal «Le Matin» Ludovic Subran, chef économiste du groupe Allianz. À noter que les dépenses liées aux intérêts de la dette publique se sont établies à 11 milliards de DH à fin avril. Leur augmentation résulte principalement d’une hausse des intérêts de la dette extérieure (+1,1 milliard DH) alors que ceux afférents à la dette intérieure n’ont crû que légèrement (+83 millions de DH).

Resserrement accéléré des conditions de financement du Trésor

Concernant la composante intérieure de la dette du Trésor, son encours s’est établi à 752,3 milliards de DH à fin avril 2023, en hausse de 4,1% par rapport à fin décembre 2022. Cette évolution s’explique notamment par le recours massif du Trésor au marché des adjudications pour un montant net de 26,5 milliards de DH, résultant de souscriptions pour 115,3 milliards de DH (+142% sur un an) et de remboursements pour 88,8 milliards (+160%). A noter que 2023 connaît un resserrement accéléré des conditions de financement du Trésor. D’ailleurs, «dans un contexte marqué par l’anticipation des investisseurs de la hausse des taux, la tendance haussière des taux appliqués sur le marché primaire des Bons du Trésor (BdT), entamée depuis le début de l’année 2022, s’est poursuivie au cours des quatre premiers mois de 2023. Cette progression a concerné les BdT à 13 semaines et ceux à 26 semaines qui ont connu des hausses respectives de 33 et 11 points de base (pbs), en glissement annuel, pour s’élever à 3,03 et 3,18%», précise la DTFE.

Pour accompagner cette évolution en termes de gestion active de la dette intérieure et en vue de réajuster le profil de cette dette, le Trésor a lancé des opérations d’échange de bons portant sur un montant global de 15 milliards de DH à fin avril 2023. À souligner que la gestion active de la dette intérieure mise en place par la DTFE vise essentiellement la réduction du risque de refinancement inhérent au portefeuille de la dette du Trésor à travers le lissage de l'échéancier (de la dette du Trésor) pour éviter la concentration des remboursements sur certains mois et années. Cette gestion active se traduit par le recours à des opérations de rachat et/ou des opérations d'échange de titres, ayant des maturités résiduelles inférieures à 18 mois, qui correspondent à une substitution d'anciens titres par des nouveaux. L'objectif principal recherché à travers la réalisation de ces opérations n'est pas de générer des gains financiers immédiats, mais plutôt de réduire le risque de refinancement, ce qui pourrait avoir un impact positif sur le coût de financement du Trésor.

Pour ce qui est de la dette extérieure du Trésor, le stock s’élève à 252,3 milliards de DH à fin avril 2023, en hausse 9,9% par rapport à fin décembre 2022. Les tirages se sont établis à 31,3 milliards de DH, dont 25 milliards au titre de la dernière émission du Trésor sur le marché financier international réalisée le 1er mars 2023. À titre de comparaison, les tirages se sont limités à 2,9 milliards à fin avril 2022 et à 6,4 milliards un an plutôt. Ainsi, à fin avril 2023, la situation des emprunts extérieurs du Trésor a dégagé un flux net positif (tirages-amortissements) de +28,3 milliards de DH contre -100 millions de DH durant la même période un an auparavant.

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