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Dialogue social : L’UMT et la CDT constatent l’échec du round d’avril 2023

Depuis le lancement du dernier round du dialogue social au Maroc en avril dernier, le gouvernement ne cesse de répéter à toutes les occasions que les négociations sont un succès. Mais les syndicats, en tous cas deux des plus importants, la CDT et l’UMT, ne partagent pas cet optimisme. Ils estiment que les derniers pourparlers n’ont permis aucune avancée significative.

Dialogue social : L’UMT et la CDT constatent l’échec du round d’avril 2023
Ph. Kartouch

Peut-on considérer que le dernier cycle du dialogue social, lancé le 14 avril dernier a marqué une avancée dans les négociations entre le Chef du gouvernement et les partenaires sociaux ? Selon les centrales syndicales, en particulier l'Union marocaine du travail (UMT) et la Confédération démocratique du travail (CDT), rien n’est moins sûr. Les deux syndicats soulignent même que le dialogue social est en panne. Pourtant, le gouvernement soutient fermement que le «dialogue social est un véritable succès», en mettant en avant la formalisation des négociations. C’est en tout cas ce que déclare le ministre de l’Inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences, Younes Sekkouri, considéré par les partenaires sociaux comme le canal à travers lequel le gouvernement véhicule ses positions.

Dialogue social : des avancées sectorielles saluées par le gouvernement

En plus de son allocution traditionnelle à la veille du 1er mai où il a énuméré les acquis de la classe ouvrière, Younes Sekkouri a défendu la pertinence et l’efficacité de l’approche gouvernementale en la matière le mardi 9 mai. C’était devant les conseillers de la deuxième Chambre où siègent justement les représentants des partenaires sociaux, syndicats et patronat, à l’occasion d’un thème central des questions orales consacrées au dialogue social.

Le ministre a mis en avant en particulier les réalisations sur le plan sectoriel au niveau du secteur de la santé, de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur (dans le secteur public). Puis il a rappelé, s’agissant du secteur privé, les augmentations du SMIG de 5% et du SMIG agricole de 10%, réalisées depuis septembre dernier et d'autres points du bilan du dialogue social depuis le round d’avril 2022. M. Sekkouri a par ailleurs annoncé que tous les engagements relatifs à l’augmentation des salaires auront lieu au cours de cette année en affirmant qu’une commission tripartite sera constituée pour discuter des propositions relatives à l’IGR dans le cadre de la prochaine loi de Finances.

Mais les syndicats demeurent sceptiques. Ils estiment même que le round du dialogue social d’avril 2023 «n’a strictement servi à rien». Le premier à avoir fait connaître cette position était l’UMT, dont les conseillers ont boycotté la séance des questions orales du 9 mai. Ils ont ainsi refusé de poser les questions prévues au ministre. Pour Mildoudi Moukharik, secrétaire général de la centrale syndicale, il s'agit d'un premier pas avant de convoquer les organes décisionnels du syndicat pour discuter et décider des formes de protestation à adopter face à la panne du dialogue social.

Dialogue social : l’UMT reste sur sa faim

«Lors de la réunion du 14 avril, nous avons présenté nos légitimes revendications. Après débat, le gouvernement a proposé la création d'une commission tripartite pour les étudier, affirmant qu'elle se réunirait la semaine suivante. Mais à notre grande surprise, le gouvernement n'a pas répondu à nos demandes avant la Fête du travail du 1er mai. De plus, il n'a même pas convoqué cette commission tripartite pour examiner nos revendications et fixer un calendrier pour la poursuite des discussions», regrette Mildoudi Moukharik.

Tout en donnant plus de détails sur ce qu'il considère comme une panne du dialogue social, le chef de l'UMT affirme au nom des membres de son organisation que leur centrale syndicale est responsable et consciente que certains points sont liés à la loi de Finances 2024, notamment la baisse de l'IGR. Cependant, selon lui, «il était essentiel de convoquer la commission tripartite pour étudier et construire ensemble. Or les représentants du gouvernement n'ont même pas répondu à nos revendications, telles que le respect des libertés syndicales, qui ne coûtent même pas un dirham au budget de l'État», se désole-t-il. M. Moukharik se dit également déçu par la non-réalisation de la promesse de créer un observatoire de l'emploi ou une académie de formation dans le domaine de l'emploi.

Selon le chef de l'UMT, le gouvernement présente l'institutionnalisation du dialogue social comme un acquis, mais cela n’est pas une fin en soi, nuance-t-il, puisque cela ne répond pas encore aux besoins des salariés. Le syndicat estime que le gouvernement et le ministre de l'Emploi n'ont pas traité ce sujet avec la rigueur et l'importance requises, surtout dans le contexte de la Fête du travail. «Cela ne correspond pas à notre vision du dialogue social», confie-t-il au journal «Le Matin».

Dialogue social : la CDT appelle à une marche nationale de protestation

De son côté, la CDT adopte une position plus «radicale» en appelant à l’organisation d’une «marche nationale de protestation». Cette manifestation, pour laquelle l’organisation syndicale mobilise ses troupes, est prévue le dimanche 4 juin à Casablanca. La CDT a pris cette décision mercredi 10 mai, à la suite de la réunion hebdomadaire de son bureau exécutif. «La crise sociale préoccupante au Maroc est la résultante des choix politiques, économiques et sociaux du gouvernement, qui continue de s'obstiner à porter atteinte au pouvoir d'achat des citoyens, à se soustraire à ses obligations sociales, à ne pas activer l'augmentation générale des salaires, la révision du taux de l'impôt sur le revenu, la création d'un nouveau grade, le respect des libertés syndicales, le traitement des conflits sociaux», dénonce le syndicat dans un communiqué publié à cette occasion.

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