La lune de miel entre le gouvernement d’Akhannouch et les syndicats aurait-elle tourné court? Après la signature de l’Accord du 30 avril et les déclarations élogieuses qui ont suivi sur un retour du dialogue social à la normale ou encore son institutionnalisation, les développements récents laissent planer de nombreux doutes sur le maintien de cet état d’esprit. Les centrales syndicales reprochent en effet au gouvernement de ne pas honorer les promesses faites dans l’Accord du 30 avril, notamment en ce qui concerne son engagement à augmenter les salaires et à réduire l’impôt sur le revenu.
Dialogue social : Blocages sur le droit de grève et la réforme des retraites
La première pierre d’achoppement est le dialogue sur le droit de grève. La réunion entre le ministre de l’Inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences, Younes Sekkouri, et les centrales syndicales, début mars, n’a pas permis de parvenir à un accord. Le ministre avait pourtant avancé l’échéance de janvier 2023 pour trouver un accord avec les syndicats sur cette loi.
Le deuxième blocage est lié à la réforme du système des retraites. Mais les syndicats ont annoncé leur rejet de la proposition du gouvernement de porter l’âge de la retraite à 65 ans, d’augmenter les cotisations et de réduire les pensions. La ministre de l’Économie et des finances, Nadia Fettah, avait indiqué le 7 février dernier que le gouvernement était déterminé à réformer le système de retraite, soulignant qu’il n’y avait pas de solutions faciles. La ministre avait également déclaré que le dialogue reprendrait avec les différents partenaires à partir de ce mois de mars pour se mettre d’accord sur les éventuelles solutions, dans la perspective de clore ce dossier d’ici l’été ou septembre prochain.
Dialogue social : Les syndicats s'accrochent à l'augmentation des salaires
Pour ce qui est du troisième point auquel tiennent les syndicats, il concerne l’augmentation des salaires. À ce propos, le membre du bureau exécutif de la Confédération démocratique du travail (CDT), Khallihenna El Guerch, a déclaré au «Matin» qu’il n’y a pas d’interaction positive ni de réelle volonté du gouvernement de faire avancer le dialogue social dans la bonne direction. «Le dialogue social, dont le référentiel est l’Accord du 30 avril, avait pour point central l’amélioration des revenus. Mais après trois rounds de dialogue avec le ministre délégué chargé du Budget, tenus avant l’adoption de la loi de Finances 2023, aucune autre réunion n’a eu lieu et le gouvernement décline l’augmentation générale des salaires», affirme M. El Guerch. «Compte tenu du contexte inflationniste et de la hausse générale des prix, l’urgence est à l’augmentation des salaires et aux mesures sociales. Nous avons vu que le gouvernement égyptien a annoncé tout récemment une augmentation des salaires, bien que le pays soit confronté à une crise économique sans précédent», argue le responsable syndical.
Sur la mise en œuvre de l’Accord du 30 avril, M. El Guerch relève que le gouvernement n’a mis en œuvre que quelques engagements sans coût financier. «Mais concernant les engagements ayant un coût financier, la résolution des conflits du travail au niveau national ou le respect des libertés syndicales, le gouvernement reste silencieux jusqu’à présent», dit-il. Et de poursuivre que le gouvernement se soustrait même à l’engagement concernant la création de commissions d’évaluation de l’Accord du 30 avril, malgré les nombreuses sollicitations de la CDT, ce qui reviendrait un peu à dire que cet accord est sans objet, étant donné qu’il ne peut être évalué.
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