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Entrepreneuriat au Maroc : Les résultats de l’Enquête nationale du ministère des Finances et de la BAD

Le profil entrepreneurial national est marqué par l’informel et un déficit de compétences et d’accompagnement. L'accès au financement est identifié comme la plus importante contrainte pour près de 87% des entrepreneurs établis, soit 2,28 millions d’entreprises, qui ne mobilisent pas suffisamment de crédit ou de capital pour financer leurs investissements. Ce sont là les premiers résultats de l’Enquête nationale sur l’entrepreneuriat, lancée par le ministère des Finances en partenariat avec la Banque africaine de développement. L’Enquête a mis en avant un taux d’activité entrepreneuriale de 25% de la population de 18 ans et plus, qui inclut les entrepreneurs établis (9%) et les entrepreneurs potentiels (16%). Les entrepreneurs établis sont surtout des hommes et des jeunes avec un faible niveau d'éducation.

Entrepreneuriat au Maroc : Les résultats de l’Enquête nationale du ministère des Finances et de la BAD

Les résultats détaillés de la première «Enquête nationale sur l’entrepreneuriat» devront bientôt être dévoilés. Lancée en août 2022 par le ministère des Finances en partenariat avec la Banque africaine de développement (BAD), cette étude a pour objectif de dresser le profil entrepreneurial au Maroc, un diagnostic des besoins des entrepreneurs, de leur niveau d’information et d’accès aux dispositifs d’appui ainsi que l’adéquation de ces derniers aux attentes de cette population. Les premiers résultats sont tombés, selon un document officiel dont «Le Matin» détient copie. Il en ressort que le profil national entrepreneurial est marqué par l’informel et un déficit de compétences et d’accompagnement, l'accès au financement étant identifié comme la plus importante contrainte. Cela confirme les résultats de précédentes études sur ce dernier volet.

53% des entrepreneurs au Maroc le sont par nécessité

L’enquête fait ressortir un taux d’activité entrepreneuriale de 25% de la population de 18 ans et plus, qui inclut les entrepreneurs établis (9%) et les entrepreneurs potentiels (16%). Les entrepreneurs établis représentent 25% du travail salarié ; 47% sont des entrepreneurs de vocation (d’opportunité) et 53% sont des entrepreneurs de subsistance (de nécessité). Ces derniers s’engagent dans des activités à faible productivité en raison du manque d'opportunités dans l'emploi salarié. Les entrepreneurs potentiels, quant à eux, représentent 10% des inactifs, 40% des chômeurs et 28% des travailleurs salariés. Près de 40% des entrepreneurs potentiels sont en gestation, ayant initié une action pour la création d’une entreprise, et 60% sont latents (intentionnistes), n’ayant pas encore initié d’actions concrètes. «Bien que la comparaison internationale soit difficile, on peut indiquer que l’activité entrepreneuriale au Maroc est similaire à celle observée dans d’autres pays de l’Afrique du Nord, mais plus faible que celle observée dans des pays à revenu intermédiaire d’Asie et d’Amérique latine», relève l’étude.

60% des entrepreneurs concentrés dans les régions de Casablanca, Rabat, Agadir et Marrakech

Celle-ci montre, en outre, l’existence d’une variation importante dans la distribution régionale des taux d'activité entrepreneuriale, qui dépendent en partie du taux de chômage et des opportunités dans le travail salarié. La plupart des entrepreneurs (60%) sont concentrés dans les régions de Casablanca, Rabat, Souss-Massa et Marrakech. Mais les taux d'activité entrepreneuriale dans les régions de Casablanca et Rabat sont respectivement 4 et 2 points de pourcentage au-dessous de la moyenne nationale étant donné des taux de chômage plus bas et des taux d'emploi salarié formel plus élevés. De même que pour les entrepreneurs potentiels qui sont relativement moins nombreux parmi la population inactive et les chômeurs dans les régions de Rabat, Fès, Marrakech et Casablanca.

Moins de 10% des entrepreneurs au Maroc ont un diplôme universitaire

Par ailleurs, les entrepreneurs établis sont surtout des hommes et des jeunes avec un faible niveau d'éducation ; l'activité entrepreneuriale baisse avec le niveau d'éducation. Seulement 20% des entrepreneurs établis sont des femmes, et 40% ont moins de 35 ans. De même, moins de 10% des entrepreneurs ont un diplôme universitaire ou de la formation professionnelle. Au contraire, le taux d'activité entrepreneuriale parmi les diplômés est de seulement 7%, comparé à 20% parmi les non-diplômés. «Ceci s'explique, en partie, par de meilleures opportunités dans l'emploi salarié formel pour les diplômés et un salaire de réserve plus élevé. Ainsi, l'entrepreneuriat de subsistance est rare parmi les diplômés», précise le document.

Les barrières à intégrer le secteur formel pour les entrepreneurs

Par ailleurs, la plupart des entrepreneurs marocains sont dans l'auto-emploi ou gèrent des micro-entreprises dans le secteur informel ; leur faible niveau de productivité les empêchant d'intégrer le secteur formel. Près de 50% des entrepreneurs sont des travailleurs indépendants et 40% gèrent des entreprises de plus de 3 employés. Plus de 70% des entreprises sont informelles. Parmi les barrières à la formalisation, les impôts sur les revenus (45%), les régulations du marché du travail (30%) et l’instabilité des revenus de leur activité (35%).

En termes de contraintes pour le développement de leur activité, l'accès au financement est identifié comme la plus importante. «Près de 87% des entrepreneurs établis, soit 2,28 millions d’entreprises, ne mobilisent pas suffisamment de crédit ou de capital pour financer leurs investissements. Aussi, 48% des entrepreneurs de vocation et 67% des entrepreneurs de subsistance financent leurs entreprises avec leurs propres ressources», détaille l’étude. Ainsi, seulement 10% des entrepreneurs de vocation et 6% des entrepreneurs de subsistance ont reçu un prêt d'une banque, et seuls 2% ont bénéficié d'un programme du gouvernement. Néanmoins, moins de 10% des entrepreneurs de vocation et 5% de ceux de subsistance ont approché une banque, considérant que leur entreprise ne remplit pas les conditions requises pour accéder à un crédit. En effet, les principales raisons de la fermeture d'une entreprise sont sa faible rentabilité et le manque de clients (47%).

Une forte demande des entrepreneurs pour l'accompagnement technique

L’enquête révèle l'existence d'une forte demande pour des services d'accompagnement technique qui n’est pas assurée par les programmes publics. «Plus de 80% des entrepreneurs de vocation et 66% des entrepreneurs de subsistance demandent de l'appui technique, pour affiner une idée de projet, développer un business plan et accéder à des marchés. Ces demandes sont plus importantes chez les femmes (82%) que chez les hommes (75%). Or 75% des entrepreneurs ne reçoivent aucun type de support, et pour les 25% restants, il s'agit surtout de programmes de sensibilisation et d'information», est-il indiqué. Les services de formation et conseil sont concentrés dans les régions de Casablanca, Rabat, et Fès, où ils couvrent moins de 10% des entrepreneurs.

Pour toutes ces raisons, les entrepreneurs potentiels, dans l’absence d’un encadrement et d’un appui technique adéquats, risquent de s’engager dans des activités de subsistance. La majorité de ces entrepreneurs se trouvent parmi les chômeurs et les travailleurs salariés informels. Près de 20% des entrepreneurs potentiels pensent devenir des travailleurs indépendants et 50% espèrent créer moins de trois emplois. La grande majorité des entreprises serait créée dans le secteur du commerce (45%), l’agriculture (15%), et l’hébergement et la restauration (12%).

En dépit des limitations et des contraintes auxquelles font face les entrepreneurs établis et les entrepreneurs potentiels, ils constituent une source importante d’emplois futurs. «Dans le futur, si seulement 5% des entrepreneurs établis arrivaient à développer leurs entreprises et 5% des entrepreneurs potentiels arrivaient à créer et viabiliser leurs entreprises, ils pourraient générer, en moyenne, 100.000 emplois par an, soit un quart des besoins pour atteindre les objectifs du nouveau modèle de développement», conclut l’étude.

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