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Contrairement aux années précédentes, les Ftours à l’extérieur ne suscitent pas l’engouement des jeûneurs. C’est ce qu’affirment les patrons des cafés-restaurants que nous avons contactés. Et pourtant ceux-ci disent avoir proposé des formules adaptées au contexte actuel en vue de permettre aux clients de savourer la rupture du jeûne dans une bonne ambiance et aux «prix raisonnables».
Joint par «Le Matin», Mohamed Abdel Fadel, secrétaire général de la Fédération marocaine des cafés et de la restauration rapide, confirme le constat : «L’affluence pour les Ftours à l’extérieur n’est pas au rendez-vous cette année. Nous avons enregistré une baisse de 30 à 50% dans la plupart des cafés-restaurants en comparaison avec l’année dernière», note-t-il. Pour lui, cette baisse aura certainement un impact sur les recettes des cafés-restaurants qui, habituellement, comptent sur les Ftours pour couvrir leurs dépenses et rentabiliser leurs activités durant ce mois sacré.
À noter que cette baisse concerne également les hôtels. «Pour cette première moitié du mois du Ramadan, les Marocains n’étaient pas chauds pour les menus proposés par les hôtels, sachant que ceux-ci ont fait de leur mieux pour attirer les clients», souligne Mohamed Saouti, président de l'Association de l'industrie hôtelière (AIH) de Casablanca et région, dans une déclaration accordée au quotidien «Le Matin».
À propos des raisons qui expliquent cette situation, les deux spécialistes évoquent la hausse des prix et son impact sur le pouvoir d’achat des citoyens. «En raison de la hausse des prix, les Marocains ne se permettent plus de s’offrir ce type de services, sachant que les prix varient cette année entre 300 et 600 DH au niveau de la ville de Casablanca», note le président de l’AIH. Et d’ajouter que les prix ont relativement augmenté par rapport à l’année dernière. Notre interlocuteur, qui est aussi directeur d’un établissement hôtelier, tient à attirer l’attention sur le fait que les hôtels ont, eux aussi, été impactés par la hausse des prix et qu’ils ont fait des efforts pour maintenir les prix à niveau raisonnable malgré la crise. Il tient aussi à souligner que les tarifs couvrent d’autres services comme l’animation.
Sur la même longueur d’onde, le SG de la Fédération marocaine des cafés et de la restauration rapide estime qu’au niveau des cafés-restaurants, il y a une abondance au niveau de l’offre. «Tout le monde veut surfer sur la vague du Ramadan pour offrir le meilleur Ftour possible et c’est ce qui explique que les prix pratiqués au niveau des cafés-restaurants dépassent de loin le pouvoir d’achat des Marocains dans le contexte actuel», déclare-t-il. Le spécialiste tient aussi à attirer l’attention sur le fait que, quel que soit le menu proposé, la table du Ftour contient naturellement des articles comme le poulet, les légumes et la viande dont les prix restent élevés.
Presque gratuit, le Ftour à la plage séduit les familles
De plus en plus de Marocains recourent au Ftour à la plage. La pratique ne date pas d’hier, mais elle arrange bien des ménages en ces temps d’inflation. À moins d’une heure avant le Ftour, il est quasi impossible de trouver une place où se garer près de la plage de Aïn Diab, par exemple. Les jeûneurs affluent avec leurs paniers de Ftours. En attendant de rompre le jeûne au coucher du soleil, tous les loisirs sont permis : faire du football, jouer aux cartes, faire de la guitare…. Si certains sont déjà habitués à cette pratique, d’autres ont décidé de la tester cette année. C’est le cas de Naïma, maman de trois enfants à Casablanca. «C’est la première fois que je fais le Ftour en face de la plage. Au-delà de l’ambiance magnifique, il faut reconnaître que c’est beaucoup moins cher que d’aller à un restaurant ou un hôtel», témoigne-t-elle. La maman ne cache pas que c’est à cause de la hausse des prix qu’elle a décidé de changer de destination et que le Ftour en face de la plage lui a permis justement de ne pas priver sa famille de casser le jeûne à l’extérieur à bas prix.
Même son de cloche auprès de Omar, jeune casablancais, habitué lui aussi à accompagner ses parents et ses sœurs pour un Ftour dans un restaurant à Casablanca pendant le premier week-end du Ramadan. «Je ne peux pas me permettre cette année d’aller à un restaurant avec ma famille. Je préfère mettre l’argent dans l’achat des besoins réels de ma famille, car les prix sont chers cette année», explique-t-il. Les témoins semblent ainsi être convaincus que pour rompre le jeûne à l’extérieur, on a besoin de déverser de grosses sommes d’argent, d'autant que le contexte est difficile. «Au prix de 10 à 20 DH la table et 5 DH la chaise, on peut s’offrir un Ftour mémorable en face de la mer de Aïn Diab en famille ou entre amis», suggère Moad, un Casablancais. Mais force est de reconnaître, en guise de conclusion, que le Ftour à la plage ne remplace pas la rupture du jeûne dans un restaurant. Chaque endroit à son charme et, par conséquent, ses «fans». Les patrons des cafés, restaurants et hôtels ne ménagent pas d’efforts pour répondre aux besoins de leur clientèle malgré la crise. Ils espèrent ainsi un changement de la situation pendant la deuxième moitié du mois sacré du Ramadan.
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