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Samedi 18 Mai 2024
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Les ingrédients d’un nouveau modèle de développement africain débattus à Dakhla

Dakhla a abrité les travaux de la deuxième édition du Forum MD Sahara sous le thème «Le Maroc en Afrique, un choix Royal pour un continent global et intégré».

Les ingrédients d’un nouveau modèle de développement africain débattus à Dakhla
Ph. Sradni

Organisée par le groupe média «Maroc Diplomatique», l’édition 2023 du MD Sahara a mis en avant, en fin de semaine dernière, les actions entreprises par le Royaume en faveur du continent africain ainsi que les réalisations de la diplomatie marocaine dans ce sens. Rassemblés pour deux jours de débats intenses, experts, diplomates et hauts responsables marocains et d’autres pays d’Afrique ont partagé leurs expériences et ont échangé autour de multiples thématiques en lien avec le thème central : «Le Maroc en Afrique, un choix Royal pour un continent global et intégré».

Diplomatie classique, renforcement des relations bilatérales, diplomaties sécuritaire, alimentaire et énergétique, co-développement, solidarité Sud-Sud… autant de sujets qui ont constitué l’essentiel des débats lors de cette rencontre internationale. D’après ses initiateurs, notamment les deux dirigeants du média «Maroc Diplomatique», l’objectif de ce meeting est «de mettre en avant le rôle crucial que joue le Maroc au sein de l’Afrique en tant que puissance africaine et leader continental engagé en faveur de la libération politique et économique et du développement du continent». 

Le Maroc, un partenaire stratégique clé pour l’Afrique

Ainsi, les participants, chacun selon son champ d’action et son approche, ont montré le rôle à jouer par le Maroc pour booster le développement, ou ce que certains ont qualifié de nouveau modèle de développement du continent africain. «Le Maroc est un partenaire stratégique clé pour l’Afrique, en tant que leader économique et politique de la région. Nous sommes convaincus que la participation active et constructive du Maroc dans les affaires africaines est essentielle pour atteindre une croissance économique durable et améliorer les conditions de vie de nos populations et de notre continent», ont-ils souligné.

Ils ont rappelé qu’au cours des dernières années, le Souverain a donné Ses Directives pour renforcer la coopération entre le Maroc et les pays africains dans de nombreux domaines, notamment l’économie, la sécurité, la culture et la diplomatie. «Ces directives ont permis au Maroc de devenir un partenaire clé pour l’Afrique, avec une présence accrue sur le continent à travers des investissements dans des projets d’infrastructure, les échanges commerciaux, des programmes de formation et des projets de développement», estiment-ils. 

Cette réalité brossée par des ministres, d’anciens ministres et des responsables marocains de différents institutions et établissements publics et entreprises privées a été confortée par d’anciens hauts responsables africains. Ils ont indiqué que le Royaume «a renforcé son empreinte en tant qu’acteur au sein de l’Union africaine (UA), grâce à son leadership en matière de climat, de sécurité et de migration… Le Royaume a joué un rôle important dans le développement de partenariats stratégiques sur le continent, tout en consolidant sa position à travers sa diplomatie de rapprochement avec plusieurs communautés régionales». 

Des pistes de réflexion pour une Afrique à la hauteur de son ambition 

Les responsables africains, tous signataires de l’appel de Tanger lancé en novembre dernier appelant à l’éjection de la pseudo «Rasd» de l’UA, ont regretté le manque de coopération handicapant le continent en rappelant les nombreux atouts, richesses et ressources dont dispose l’Afrique. Potentiels qui sont là, alors que l’Afrique baigne dans la pauvreté. «Nous devrions avoir honte d’être pauvres dans un continent à qui Dieu a tout donné», ont-ils affirmé pour résumer cette situation. 
Mais que faire pour sortir de cette situation qui perdure depuis des décennies ? Pour les intervenants, l’Afrique doit se prendre en charge en allant vers une intégration et une coopération économique dont l’un des moteurs reste la Zlecaf (Zone de libre-échange continentale africaine) et les autres communautés économiques régionales. Elle doit tendre vers la production et l’exploitation des ressources africaines par les Africains eux-mêmes au lieu de tabler sur l’extérieur, ont-ils espéré.

Dans le même ordre d’idées, les participants ont insisté sur l’importance des «leaderships africains» pour pousser vers le développement Sud-Sud du continent. Ils ont considéré que le Maroc et S.M. le Roi Mohammed VI peuvent jouer ce rôle, vu l’effort que consent le Royaume dans ce sens et la Vision Royale exprimée, à maintes reprises, ainsi que les actions Royales menées au niveau continental.

Un plaidoyer appuyé, selon une autre approche, par des opérateurs économiques et des responsables d’établissements publics marocains qui ont défendu l’idée de l’action commune de développement au profit du continent par les africains eux-mêmes. S’exprimant à cette occasion, le DG de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), Khalid Safir, a mis l’accent sur l’importance de déployer plus d’efforts pour relever les défis environnementaux, économiques et technologiques auxquels fait face le continent africain. Cela passe, ajoute-t-il, par une stratégie de transformation économique dans une approche de politique intégrée et globale. Pour ce faire, l’intervenant appelle à se pencher sur la question financière, et plus précisément sur l’enjeu de la disponibilité de ressources financières longues, abondantes et peu onéreuses. Un enjeu qu’on ne peut relever, semble-t-il, qu’à travers la création d’institutions spécifiques comme la Caisse de dépôt et de gestion.

Sur ce point, Khalid Safir se réjouit du fait que le Maroc s’est doté depuis 1959 de cette institution. En plus de ses rôles au niveau national, celle-ci joue également un rôle important sur le plan africain. «L’institution s’est attachée à donner une forte impulsion à son action envers le continent, en veillant à ce que le réalisme dans les approches, l’efficience des moyens d’action et le rendement soient des atouts majeurs», a affirmé M. Safir. Poursuivant son intervention, le responsable a fait savoir que la CDG a ainsi initié de nouvelles voies du «faire ensemble» avec les pays frères et amis, avec comme objectif de travailler de concert dans un esprit de partage et d’amitié. Par ailleurs, Khalid Safir est quasi convaincu que le continent doit accélérer sa re-construction dans une logique de partenariat Sud-Sud, «une Afrique qui fait confiance à l’Afrique». 

Une vision pour laquelle ont plaidé des opérateurs concernant d’autres secteurs. Le directeur général de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), Abderrahim El Hafidi, a défendu, avec passion, l’idée que l’Afrique dispose de tous les ingrédients pour relever les défis de la dépendance énergétique et favoriser une énergie très bon marché et compétitive, comme un facteur et une composante majeure du développement économique.

De son côté, l’administrateur-directeur général délégué de Bank of Africa, Brahim Benjelloun Touimi, a appelé à faire preuve d’un «afroptimisme raisonné» pour mieux exploiter les opportunités et les formes de capitaux disponibles en Afrique (naturel, immatériel, environnemental, humain et social). Dans cette perspective, il a plaidé pour la formation, l’empowerment, le suivi et le renforcement de la présence des acteurs économiques sur le continent afin d’assurer une meilleure implantation et une gestion optimale des ressources. 

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