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Comment le Maroc compte vaincre le stress hydrique (Baraka)

Construction des barrages, actualisation du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation, adaptation du plan «Génération Green» aux contraintes climatiques, dessalement des eaux marines... autant d’actions entreprises par le Maroc pour assurer un approvisionnement durable en eau pour les années à venir. Retour sur les détails de ces stratégies présentées par le ministre de l'Équipement et de l'eau, Nizar Baraka, lors de son passage ce mercredi au Forum de la MAP.

Comment le Maroc compte vaincre le stress hydrique (Baraka)
Ph. MAP

Aux grands maux, les grands remèdes ! Bien que la pluviométrie se soit améliorée cette année, le ministère de l'Équipement et de l'eau entend bien aller jusqu'au bout de la stratégie visant à se soustraire aux aléas climatiques et à maximiser l'exploitation des eaux conventionnelles et non conventionnelles. Construction de barrages, de stations de dessalement, réajustement du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation, adaptation du Plan «Génération Green» pour prendre en compte les futures capacités en eau, etc., autant de solutions et de pistes sur lesquelles le ministre, Nizar Baraka, est revenu lors de son grand oral au «Forum de la MAP», tenu cette semaine sous le thème «Stress hydrique, les mesures prises et les perspectives d’avenir».

Nette amélioration du niveau de la pluviométrie

Dans une présentation faite en ouverture de son intervention, M. Baraka a indiqué que le volume des précipitations s'est amélioré de près de 96% entre le 1er septembre 2022 et le 13 février 2023 par rapport à la même période de l'année dernière. «Le Royaume a enregistré, du 1er septembre au 13 février dernier, des précipitations importantes dont la moyenne nationale est de 75,9 mm, contre 38,8 mm à la même période de l'année précédente, ce qui représente une progression de 95,6%. Durant cette même période, la superficie couverte par la neige a atteint 5.720 km², contre 4.480 km² l'année précédente, soit une augmentation de 30%», a précisé le ministre. M. Baraka a tenu à rappeler que les ressources naturelles en eau du Royaume sont de l'ordre de 22 milliards de m³, dont 18 milliards de m³ d'eaux de surface et 4 milliards de m³ d'eaux souterraines, notant que les réserves en eau ont chuté ces dernières années. La faible pluviométrie durant la campagne agricole précédente a eu des effets négatifs, notamment une surexploitation des eaux souterraines pour les besoins d'approvisionnement en eau potable et d’irrigation avec une baisse record des niveaux des nappes, a-t-il expliqué.

Actualisation du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation

S'agissant de l'enveloppe consacrée au Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation (2020-2027), elle s'élève à 150 milliards de dirhams après sa révision, a annoncé M. Baraka. Cette enveloppe était initialement de 115,4 milliards de DH avant d'être portée à 150 milliards de DH après sa révision, a précisé le ministre, notant que cette augmentation s'explique par les vagues successives de sécheresse durant la dernière décennie, lesquelles ont fait apparaître la vulnérabilité du système d'approvisionnement en eau lors de ces périodes de longue sécheresse. Ce programme a permis d’accélérer le rythme d’investissement dans le domaine de l’eau, à travers l’accompagnement de la demande croissante sur les ressources et la garantie de la sécurité hydrique du pays, tout en limitant les effets du changement climatique, a-t-il relevé, rappelant qu’une commission nationale chargée du suivi de l’approvisionnement en eau a été mise en place en vue de prendre les dispositions et les mesures nécessaires conformément aux axes dudit programme. Les modifications introduites dans le programme ont porté sur l'inclusion de deux grands barrages à Bouregreg et Tensift, une révision de la programmation de trois barrages, l'inclusion de cinq barrages moyens à Benslimane, Tata, Tiznit, El Haouz et Taroudant, tout en retenant 200 projets supplémentaires à étudier et à programmer durant la période 2025-2027. Concernant la réutilisation des eaux usées, M. Baraka a fait état d'une actualisation du programme consistant à intégrer d'autres stations d'épuration afin de mobiliser 100 millions de m³ à l'horizon 2026.

Pourquoi construire de nouveaux barrages ?

En réponse aux questions des journalistes sur la pertinence de continuer à construire des barrages, M. Baraka a expliqué que nous nous dirigeons, en ce qui concerne le climat, vers un régime dominé par les phénomènes extrêmes (sécheresses sévères et inondations consécutives à de fortes précipitations). À partir de là, a-t-il poursuivi, les inondations donnent la possibilité de stocker de l'eau comme cela a été le cas en 2018 où nous avons atteint des taux élevés de remplissage des barrages. «Résultat : nous avons pu approvisionner pendant trois ans les régions où se trouvent ces barrages en eau potable et en eau d'irrigation», a précisé le ministre. «Le but donc qui sous-tend cette politique de construction de nouveaux barrages est celui de pouvoir retenir l'eau quand il y a de fortes précipitations», a-t-il dit, citant l'exemple de l'oued Tensift (région de Marrakech) qui enregistre des crues importantes, mais dont les eaux ne sont pas retenues faute d'un barrage à son niveau. Le ministre a également appelé à établir des comparaisons avec des pays ayant le même climat que le Maroc. «Nous avons actuellement 150 barrages auxquels s'ajouteront 17 nouveaux barrages. En Espagne, pays voisin qui fait face aux mêmes problématiques que nous, il y a 1.100 barrages. D'où la nécessité de construire de nouveaux barrages, y compris les petits barrages et les barrages collinaires», a souligné M. Baraka.

Zones côtières : la solution passe par le dessalement

Parallèlement à la construction de barrages pour mieux gérer les eaux conventionnelles, M. Baraka a souligné que le dessalement de l'eau de mer représente la principale solution pour assurer l'approvisionnement en eau potable des habitants des zones côtières. Cette solution, qui permettra de disposer de 1,3 milliard de mètres cubes d'eau potable d'ici 2030, garantira l'autosuffisance en eau potable de ces zones côtières, dont l'approvisionnement dépend jusqu'ici des zones montagneuses et intérieures. Mieux encore, cette «solidarité en matière d'eau» sera réorientée du littoral vers l'intérieur, comme ce sera le cas pour la station de dessalement de Safi, réalisée en partenariat avec le Groupe OCP, qui alimentera la ville de Marrakech en eau potable, a expliqué le ministre.

Cultures gourmandes en eau, la régulation plutôt que l’interdiction

En réponse aux questions des journalistes sur les mesures prises pour mieux contrôler les cultures gourmandes en eau, M. Baraka a indiqué tout d’abord que son département travaillait au sein d'une commission conjointe avec le ministère de l'Agriculture sur la révision du Plan «Génération Green» pour l'adapter aux capacités en eau à l'avenir. «Grâce à cette coordination, les départements de l'Agriculture et de l'Intérieur ont décidé de mettre fin aux subventions pour les cultures de l'avocat, des agrumes et des pastèques rouges. Mieux encore, il a été décidé de ne pas cultiver la pastèque rouge dans une région comme Tata cette année ou de réduire de 70% la surface qui y est prévue à Zagora par exemple», souligne le ministre. Et M. Baraka d’affirmer qu'il est nécessaire de s'engager dans une logique de régulation et non d'interdiction. «Si les capacités en eau permettent de cultiver l'avocat dans une région, cultivons-le. Le plus important est qu'il y ait des compteurs d'eau pour mesurer le niveau de consommation afin de ne pas détériorer la nappe phréatique», a-t-il affirmé. Il est donc nécessaire, poursuit-il, de rationaliser l'exploitation des ressources en eau et d'établir précisément quelles cultures peuvent être développées dans une région ou un bassin donné.

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