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Maroc-Espagne : les investissements doivent suivre la dynamique des échanges commerciaux

Cette dernière décennie, les échanges entre le Maroc et l'Espagne n'ont cessé de croître pour atteindre un record en 2022. Cette année-là, le flux aura été de l’ordre de 20 milliards d’euros, témoignant du dynamisme de la coopération économique. C’est aussi la traduction de la ferme volonté de consolider les liens bilatéraux depuis la tenue récente de la réunion de Haut niveau Maroc-Espagne. Mais les investissements restent pour le moment en dessous des aspirations, l’Espagne étant le troisième investisseur au Maroc. Un rang que Madrid entend bien améliorer en affichant clairement ses ambitions.

Maroc-Espagne : les investissements doivent suivre la dynamique des échanges commerciaux
Ph. Saouri

Vámonos ! Entre le Maroc et l’Espagne, c’est une nouvelle ère qui commence à s’enraciner. Et quoi de mieux que les affaires pour la mettre sur de bons rails ?! Les 6, 7 et 8 juin, une myriade d’entreprises espagnoles a fait le déplacement à Casablanca pour la Rencontre entrepreneuriale Espagne-Maroc. Il s’agit de la troisième rencontre en seulement cinq mois. Ce qui dénote de la volonté des deux pays de profiter du bon climat politique pour booster celui économique. Les 58 entreprises espagnoles de différents secteurs, qui étaient du voyage, étaient appuyées par la secrétaire d'État du Commerce, Xiana Méndez, l’Ambassadeur de Madrid à Rabat, le Bureau économique de l’ambassade espagnole au Maroc, et l’Icex Espagna Exportacion e Inversiones.

Du côté marocain, c’est le ministre de l’Industrie et du commerce qui était présent aux côtés d’autres officiels et institutionnels dont des représentants de ministères et de grands offices et entreprises nationaux. La forte présence des officiels des deux côtés renseigne sur cette volonté de faciliter au plus les relations économiques. Car, comme cela a été évoqué à maintes reprises durant la rencontre, quelques problèmes techniques doivent être résolus.

Des échanges commerciaux à 20 milliards d'euros en 2022 entre le Maroc et l'Espagne, un record

Et ce ne sont pas ces obstacles qui ont freiné les échanges commerciaux entre les deux pays. Loin s'en faut. «Durant la dernière décennie, le volume des échanges n'a cessé de croître pour atteindre un record en 2022. L’année dernière, le flux de ces échanges a été de l’ordre de 20 milliards d’euros», souligne la secrétaire d'État du Commerce, Xiana Méndez. Et d’ajouter que «ces chiffres témoignent du dynamisme des bonnes relations entre le Maroc et l’Espagne. Ils sont aussi la traduction de la ferme volonté de consolider les liens bilatéraux depuis la tenue récente de la réunion de Haut niveau Maroc-Espagne».

S’agissant des investissements, qui, en dépit de leur importance, restent pour le moment en dessous des aspirations, Méndez a tenu à rappeler que l’Espagne est le troisième investisseur au Maroc. Mais cela ne semble pas suffire à Madrid. Notre voisin aspire à une meilleure place et affiche haut et clair ses ambitions. «Via, entre autres cette Rencontre, nous voulons approfondir davantage ces relations dans le cadre de la stratégie d’internationalisation des entreprises espagnoles», note la secrétaire d’État au Commerce. Et selon les affirmations de plusieurs responsables espagnols, dont Xiana Méndez, le Maroc a la priorité. Une priorité, qui se justifie aussi bien par la stabilité politique et économique du pays, sa résilience durant les différentes crises, que par sa capacité d’intégration dans les chaînes de valeur régionales. Une position, qui, aux dires de la responsable espagnole, devra être davantage consolidée. Mais, ce n’est pas tout.

Les deux pays représentent l’un pour l’autre des opportunités de développement dans les deux rives de la Méditerranée. L’Espagne offre l’Europe et certains pays de l’Amérique latine au Maroc, et ce dernier lui ouvre les portes de l’Afrique, le nouvel Eldorado. Du win-win en somme. «Nous devons agir pour le bénéfice mutuel en éliminant les obstacles et en créant un climat d’affaires stable et propice à l’investissement entre les deux pays et donner du sens à nos économies. Cela doit se faire via une action commune pour la prospérité partagée, le bénéfice mutuel, et le co-développement», insiste Méndez.

Le Maroc et l'Espagne ont des opportunités à saisir pour s’affirmer comme pôle industriel et commercial leader

Aujourd’hui, cette coopération en matière d’investissement est plus que possible, car les entrepreneurs espagnols, qui de l’avis de plusieurs d’entre eux présents à cette rencontre, commencent à peine à connaître le Maroc. Auparavant, si les Marocains connaissaient bien l’Espagne, nos voisins savent très peu de choses sur notre pays. Aujourd’hui, les choses ont changé et la dynamique veut que l’on aille de l’avant. Le climat s’y prête et il n’a jamais été aussi favorable. D’ailleurs, c’est ce qui fait dire à notre ministre de l'Industrie et du commerce, Ryad Mezzour, que «des opportunités exceptionnelles dans l’histoire du développement économique mondial se présentent aux deux pays». Et d’ajouter : «il faut les saisir ensemble pour s’affirmer comme pôle industriel et commercial leader, car les deux pays constituent une seule et même plateforme». «Nos deux économies ont l’avantage d’avoir un solide potentiel de complémentarité et d’intégration et disposent de plusieurs possibilités pour se développer ensemble et devenir un pôle d’exportation, d’industrialisation et d’innovation de rang mondial», affirme le ministre marocain. Pour ce dernier, cet événement est l’application de la Feuille de route Maroc-Espagne établie par S.M. le Roi Mohammed VI et le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez.

La coopération entre le Maroc et l'Espagne sera consolidée via des bases financières solides et des secteurs porteurs

L’enthousiasme et la conviction ne sont pas l’apanage des seuls officiels et des entreprises espagnols. Du côté marocain, on pense pareil, arguments à l'appui. Présent à la rencontre, le président de la CGEM, Chakib Alj, affirme que les deux parties peuvent accomplir beaucoup plus. «Cela est possible grâce à des bases financières solides et des banques bien établies dans les deux pays. Ce qui est à même de faciliter l’accès au financement pour les entreprises souhaitant se développer de part et d’autre de la frontière», insiste Alj. Sur ce point, les deux pays ont déjà identifié quelques secteurs porteurs et qui ont été présentés lors de la Rencontre par différents intervenants des deux pays. À leur tête, il y a bien évidemment les énergies renouvelables, un secteur d’avenir, qui en raison de sa forte valeur ajoutée devrait mobiliser une bonne part des financements. «Le Maroc est déjà leader dans ce domaine, avec des investissements importants dans l’énergie solaire et éolienne, et bientôt dans l’hydrogène vert», rappelle le président de la CGEM.

Les deux Royaumes peuvent aussi pousser leur collaboration dans d’autres secteurs comme l’automobile, l’agroalimentaire, le textile, l'aéronautique, les infrastructures, l’innovation, l’éducation… D’ailleurs, tous ces secteurs étaient représentés à cette grand-messe et ont été présentés. Bien entendu, il ne s’agit nullement d’un encouragement à sens unique. Les entreprises marocaines ont été également invitées à investir en Espagne et ont été rassurées par rapport au financement.

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La Société financière internationale, partie prenante de la rencontre entrepreneuriale Espagne-Maroc

À cette rencontre, la Société financière internationale (SFI), filiale du groupe Banque mondiale dédiée au secteur privé, a été bien présente. Et elle a quelques bonnes raisons. Un grand projet a souvent besoin de grands fonds que les banques locales ne peuvent satisfaire toutes seules d’où le recours parfois à la SFI. Celle-ci voit en cette dynamique économique entre l’Espagne et le Maroc une bonne occasion pour se développer mutuellement. «Il y a beaucoup d'opportunités de collaboration entre les deux Royaumes pour créer un développement économique et social fort et créer de la valeur ensemble des deux côtés de la Méditerranée. Le Maroc est en train d'attirer de plus en plus d'investissements privés. Ces derniers ont augmenté de 30% rien que sur le premier trimestre et les entreprises espagnoles peuvent apporter leur savoir-faire, leur technologie, leurs financements pour aider au développement économique et social du Maroc», souligne Xavier Reille, directeur Maghreb et Djibouti de la SFI.

Pour ce dernier, «la coopération ne doit pas se faire à un sens unique. Les entreprises marocaines ont aussi des opportunités d'aller investir en Espagne pour participer au développement économique de ce pays. D’ailleurs, le groupe OCP a déjà investi dans une entreprise espagnole, ce qui montre bien que cette coopération s'effectue dans les deux sens».
Mais que peut faire la SFI pour appuyer cette dynamique ? «Nous avons des instruments d'aide au développement social et économique, qu’il s’agisse de l'aide en partenariat avec les gouvernements pour appuyer les réformes du secteur privé, de l'aide pour développer des projets bancables à fort impact social ou encore de toute la palette d'investissement, la garantie, les prêts pour financer les projets économiques… Et, enfin, et ceci est la marque de SFI, la capacité, de par notre expérience, de par nos standards, de par notre crédibilité, de mobiliser les investissements privés, nationaux et internationaux pour les projets», note Reille.

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