Plusieurs artistes, chercheurs, penseurs, galeristes… se sont réunis les 14 et 15 juillet dans le cadre du 44e Moussem culturel international d’Assilah (Session d’été) pour parler de «L’art contemporain marocain et la question culturelle». Ce colloque a traité différents sujets en rapport avec l’art plastique dans ses différentes dimensions.
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Selon le coordinateur du débat, Charafdine Majdouline, le colloque portant sur «L’Art contemporain marocain : transformations de la valeur et du sens» vise à porter un regard plus attentif sur la nature du développement de la conscience artistique et son implication dans les questions générales qui préoccupent la culture, depuis la reproduction du modèle occidental jusqu’à la prise de conscience de l’héritage, de la modernité, de l’autre et du style... «Il s’agit à ce niveau-là de concepts qui constituent l’essence de la pratique culturelle dans ses diverses manifestations, visant à partir de là à identifier les fondements de la faille qui a engendré l’incapacité de la majorité générale à posséder une conscience culturelle en mesure de reconnaître l’habileté et la réalisation plastiques des créateurs», précise ce critique et professeure de l’enseignement supérieur.
Les participants aux colloques ont partagé leurs points de vue sur les problématiques de la scène culturelle, la relation entre artistes et galeristes, la déficience intellectuelle, le rôle des artistes-plasticiens dans le développement social et culturel… Dans ce cadre, le chercheur et critique d’art Abdellah Cheikh a souligné l’importance de dépasser les conflits intergénérationnels dans le domaine artistique. Pour lui, un travail collectif permet de se réinventer et de continuer à créer. Abdellah Cheikh a également affirmé que le problème au Maroc ne se pose pas dans le processus de création, mais surtout dans la circulation de l’art. Même son de cloche auprès de l’artiste-plasticien et professeur de l’Enseignement supérieur, Youssef Ouahboun. Dans un discours inspiré de la réalité des expositions, il a attiré l’attention sur les cercles fermés qui se forment dans le domaine de l’art plastique. Pour lui, il faut donner la parole aux jeunes artistes, aux différents critiques et créateurs afin d’avoir une nouvelle lecture des œuvres d’art même les plus anciennes.
Youssef Ouahboun a affirmé que le souci de gain financier pousse plusieurs professionnels à lésiner sur les atouts qui mettent en valeur le travail de l’artiste et lui ouvrent de nouvelles opportunités professionnelles. Dans ce cadre, il a cité les textes des catalogues qui se répètent. Pour sa part, la galeriste Aziza Laraki a parlé de la relation entre galeries et jeunes artistes. À partir de son expérience au sein de la galerie Kent, cette Tangéroise soulève la méfiance des artistes débutants vis-à-vis des galeries. «Créer un marché à Tanger et dans la région du Nord est important, mais les jeunes artistes ont du mal à défendre leurs travaux. Plusieurs questions se posent : est-ce qu’il y a un manque de culture ? Est-ce que les jeunes veulent construire une carrière ou devenir des stars rapidement ? Certains d’entre eux sur-évaluent leurs travaux dès le départ». Pour Aziza Laraki, il faut sensibiliser les jeunes au fait qu’une carrière se construit progressivement pour que l’art soit un moteur social et culturel et non seulement économique.
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La Fondation du Forum d’Assilah : une attention particulière aux arts plastiques
La ville d’Assilah est devenue au fil des années un champ d’activité et d’exposition artistiques, où les œuvres quittent les galeries pour s’ouvrir à l’espace public d’une manière unique dans la carte des villes arabes et africaines. Ainsi, le bureau de la Fondation du Forum d’Assilah qui organise le Moussem culturel a décidé cette année, précisément, d'octroyer une large place aux arts plastiques, dans ses différentes dimensions, conformément à sa position dans la mémoire authentique de la ville et de sa conscience collective. Selon la Fondation du Forum d'Assilah, il a été convenu d’organiser deux colloques, le premier sur le thème «L’art contemporain marocain et la question culturelle», et le second sur le thème «La peinture marocaine et le discours critique», avec l’organisation d’une cérémonie d’hommage à l’un des premiers pionniers et symboles de la modernité plastique marocaine : l’artiste Abdel Kabir Rabie. «C’est une tradition qui, nous l’espérons, se poursuivra dans les éditions à venir, au cours du mois de juillet. Et ce en poursuivant l’organisation des travaux de l’Université Al Mutamid Ibn Abbad et des ateliers, expositions, soirées et parades musicales connexes, au cours du mois d’octobre de chaque année».