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Prix des matières premières : hausse historique en 2022 !

Les prix des matières premières ont été historiquement élevés en 2022, en raison notamment de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, mais ils se sont modérés sur le second semestre. Ainsi, les prix du pétrole ont fortement augmenté (42%), mais ils évolueraient à des niveaux modérés en 2023 dans un marché confronté à des risques de fluctuations. Idem pour les cours du gaz butane (23% en 2022). Les cours du phosphate brut se sont accrus de 70% en décembre sur un an et ceux des engrais de phosphate ont reculé de 6% sur un mois, avec des pertes de 16%. Pour les cours des produits alimentaires, ils ont connu une modération, avec une amélioration prévue de l’offre.

Prix des matières premières : hausse historique en 2022 !
Après avoir atteint des sommets pluriannuels, les prix des matières premières se sont modérés sur le second semestre 2022.

Hausse traumatisante pour les prix des matières premières en 2022 ! Ils ont été, en effet, «historiquement élevés, marquant une forte hausse par rapport à 2021», indique la dernière note de conjoncture de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF – ministère des Finances) dans un panorama de l’évolution des cours mondiaux des matières premières en 2022. Cette forte montée est attribuée essentiellement à la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Cependant, après avoir atteint des sommets pluriannuels, les prix se sont modérés sur le second semestre, suite à la faiblesse de la demande mondiale et à l’atténuation de certaines contraintes sur l’offre, nuance la DEPF. Plusieurs d’entre eux sont retombés à des niveaux d’avant la crise en Ukraine, note-t-elle.

Ainsi, l’indice des prix des produits énergétiques, calculé par la Banque mondiale, a régressé de 6% sur un mois en décembre, portant sa baisse à 25% depuis son pic de juin.

Pour l’indice des prix des produits non énergétiques, il a peu évolué en décembre (+1%), affichant un recul de 17% depuis son pic d’avril, tiré vers le bas par les fertilisants (-26%), les métaux de base (-21%) et les produits alimentaires (-15%).

Néanmoins, en moyenne annuelle, les prix des matières premières en 2022 ont connu une forte hausse par rapport à 2021. Ainsi, l’indice des prix des produits énergétiques a augmenté de 60% sur un an en 2022, tandis que l’indice des prix des produits non énergétiques a marqué un rebond de 10%, porté par les fertilisants (+63%), les produits alimentaires (+18%) et les métaux de base (+4%).

Pétrole : les prix en baisse sous l’effet d’un excédent de l’offre sur la demande

Les prix du pétrole ont fortement augmenté en 2022 par rapport à 2021, avec la montée des craintes sur l’approvisionnement, notamment en raison des sanctions occidentales contre la Russie. Aussi, la demande mondiale de pétrole a-t-il continué de se redresser en 2022, suite à l’amélioration de la situation sanitaire et la réouverture des économies, mais également avec le passage du gaz naturel au pétrole dans la production d’électricité et dans l’industrie.

Ainsi, en 2022, les cours du Brent ont atteint 100 dollars en moyenne, en hausse de 42% en rythme annuel, après un rebond de 67% en 2021. Ils ont enregistré 81 dollars en moyenne en décembre, en repli de 11% sur un mois et de 33% depuis leur pic de juin. Ils se sont établis à 87 dollars le 20 janvier, en hausse de 12% depuis le 6 janvier, ramenant leurs pertes à 1% en rythme annuel. «Les cours pétroliers ont connu de fortes fluctuations sur la dernière période, parallèlement aux mouvements plus larges des marchés financiers et du dollar. Les investisseurs restent aux prises avec des craintes de resserrement de l’offre pétrolière et des inquiétudes concernant une faiblesse de la demande mondiale», explique la DEPF.

En effet, des réductions importantes de la production de l’OPEP+ ont commencé à partir de novembre 2022, alors que des sanctions de l’Union européenne sur le pétrole russe sont entrées en vigueur à partir de décembre, note-t-elle. Pendant ce temps, la demande mondiale de pétrole connaîtrait une croissance modérée en 2023 (+1,9 mbj après +2,3 mbj en 2022), selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
Les cours de pétrole devraient continuer d’évoluer à des niveaux modérés, moins élevés qu’en 2022. Toutefois, «le marché pétrolier reste confronté à des risques de fluctuations, liés à l’évolution du contexte économique, géopolitique et sanitaire mondial», souligne la DEPF. En particulier, la réouverture post-Covid de l’économie chinoise devrait exercer des pressions haussières sur les prix du pétrole en 2023, illustre-t-elle.

En ce qui concerne les cours du gaz butane, qui ont connu de fortes fluctuations, ils ont atteint 785 dollars la tonne en moyenne l’année dernière, en accroissement de 23% sur un an. En décembre dernier, ils se sont établis à 629 dollars en moyenne, en contraction de 11% sur un mois et de 19% sur un an. Ils sont, cependant, repartis à la hausse, affichant 790 dollars la tonne le 20 janvier, leur plus haut niveau depuis juin 2022, marquant une hausse mensuelle de 31%.
Par ailleurs, les perspectives pour le marché gazier européen s’avèrent plus difficiles en 2023. Le stockage de gaz naturel pourrait être épuisé d’ici le printemps. Les capacités d’importation de GNL restent insuffisantes. La crise énergétique devrait éroder la compétitivité de l’Europe et freiner sa reprise économique.

Phosphates : baisse des prix des engrais, suite à l’atténuation des contraintes sur l’offre

Les cours du phosphate brut, qui sont restés stables à 300 dollars la tonne en décembre, ont connu une appréciation de 70% en rythme annuel. De leur côté, les cours du DAP (engrais de phosphate) se sont établis à 625 dollars la tonne en décembre, en retrait de 6% sur un mois et de 34% depuis leur pic d’avril, portant leurs pertes à 16% sur un an. «Les contraintes sur l’offre et les prix élevés en 2022 auraient commencé à peser sur la demande mondiale (défi de disponibilité et d’abordabilité des engrais)», estime la DEPF. En fait, relève-t-elle, les prix des produits phosphatés ont connu une forte progression sur les premiers mois de 2022, suite à des coûts élevés des intrants (ammoniac, souffre), de l’énergie, du transport et des récoltes agricoles. Parallèlement, poursuit-elle, la demande a été relativement forte dans certains pays, notamment l’Inde (pour reconstituer ses stocks). Les importations indiennes de DAP ont augmenté de 45% en glissement annuel sur la période avril-octobre 2022. Les prix du DAP ont été également impactés par des restrictions sur les exportations de la Chine et de la Russie, deux principaux fournisseurs de phosphates.

Pour ce qui est des perspectives, «le marché des phosphates reste confronté à des incertitudes sur l’offre et sur l’évolution des prix énergétiques et agricoles», souligne la DEPF. Alors que la destruction de la demande reste prédominante sur les marchés des phosphates, la réduction attendue de l’offre en provenance de Chine et de Russie devrait limiter toute pression sur les prix à court terme, conclut-elle.

Produits alimentaires : modération des prix, avec une amélioration prévue de l’offre

L’Indice de la FAO des prix des produits alimentaires a atteint un record de 159,7 en mars, en hausse de 19% depuis début 2022 et de 34% depuis un an, avant de baisser de 17% pour se situer à 132,4 en décembre, son plus bas niveau depuis septembre 2021. En moyenne annuelle, l’indice de la FAO a enregistré 143,7 en 2022, en hausse de 14% par rapport à 2021, tiré par les produits laitiers (+20%), les céréales (+18%) et les huiles végétales (+14%). Sur le marché des céréales, les cours du blé tendre se sont établis à 361 dollars la tonne en moyenne en 2022, en hausse de 28% sur un an. Les craintes sur les disponibilités exportables mondiales ont été exacerbées par la crise ukrainienne. Selon la FAO, la production mondiale de blé devrait atteindre un record de 781 millions de tonnes (Mt) en 2022-2023, en hausse de 3 Mt par rapport à la saison précédente. Les prix du maïs ont atteint 319 dollars la tonne en moyenne en 2022, en hausse de 23%. Les cours du soja ont, quant à eux, atteint 675 dollars la tonne en moyenne en 2022, en hausse de 16%.

S’agissant des prix mondiaux du sucre brut, ils ont enregistré 408 dollars la tonne en moyenne en 2022, leur plus haut niveau depuis 2012, en hausse de 5% sur un an. Par ailleurs, la production mondiale de sucre devrait enregistrer une forte hausse en 2023 (+5,5% à un record de 182,1 Mt), nettement plus rapide que celle de la consommation (+0,9% à un record de 176,0 Mt). En somme, conclut la DEPF, «des perspectives favorables de l’offre sucrière, des craintes sur la demande et des prix pétroliers moins élevés devraient limiter toute pression haussière sur les prix du sucre à court terme».

>> Lire aussi : Matières premières : détente sur les prix après des mois de flambée
 

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