Protection des enfants en ligne : appel pour une stratégie nationale

Le Maroc célèbre ce mardi 7 février la Journée internationale pour un Internet plus sûr «Safer Internet Day». Le thème retenu pour cette année est «Ensemble pour un usage positif et responsable d’Internet». Le Safer Internet Day 2023 veut ainsi mettre l’accent sur le rôle central de la prévention et la sensibilisation aux dangers d’Internet, en appelant les parties prenantes, les institutions concernées et les organisations de la société civile à continuer à multiplier leurs efforts et à collaborer pour mieux protéger les enfants et les jeunes dans l’environnement numérique. C’est aussi l’occasion pour présenter les différentes initiatives des institutions, de la société civile et des entreprises numériques pour contribuer à une meilleure protection en ligne.

«La Journée mondiale pour un Internet plus sûr est une parfaite occasion pour réunir les acteurs de la sécurité en ligne, et de l’éducation au numérique, afin de rappeler les bonnes pratiques d’usage responsable d’internet. C’est également une opportunité pour identifier les problèmes et relever les défis liés à un domaine si complexe, en évolution exponentielle et permanente, à savoir le domaine du numérique», a affirmé Pr Youssef Bentaleb, président du Centre marocain de recherches polytechniques et d’innovation (CMRPI) lors de la conférence annuelle du Safer Internet Day tenue mardi à Rabat.

Lutter contre la cybercriminalité, une responsabilité partagée

Cette rencontre est organisée comme chaque année, depuis 2018, par le CMRPI, sous l’égide du ministère de la Transition numérique et de la réforme de l’administration, en partenariat avec le Conseil de l’Europe, et avec le soutien de plusieurs partenaires dont le ministère de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports, la Direction générale de la Sûreté nationale, l’Agence du développement du digital, l’Observatoire national des droits de l’enfant… Les participants à cette rencontre ont passé en revue les importantes réalisations du Maroc en matière de lutte contre la cybercriminalité. Dans ce sens, Pr Bentaleb a souligné que «le Royaume est devenu un modèle à suive dans le monde arabe et en Afrique, en matière de protection des enfants en ligne. Tous les acteurs sont conscients et engagés, nous disposons d’un arsenal juridique avancé, des services spécialisés et actifs et une société civile dynamique et impliquée. Nous avons, en effet, toutes les conditions réunies pour mener une réflexion collective autour de la mise en place d’une stratégie nationale intégrée pour la protection des enfants en ligne».

Le président du CMRPI a, en outre, fait savoir que depuis le lancement du portail de signalement Espace Maroc Cybeconfiance, près de 1.000 signalements de contenus de cyberviolences sur les réseaux sociaux ont été reçus et traités. «Il s’agit généralement des signalements qui concernent la publication de commentaires blessants, des photos ou vidéos intimes entre mineurs. Ce sont des enfants victimes qui souffrent de l’impact psychologique des contenus violents publiés en ligne, et qui se retrouvent incapables de se défendre eux-mêmes. Ils nous contactent pour demander la suppression immédiate du contenu, et nous nous retrouvons parfois nous-mêmes incapables de les aider. C’est pour cette raison que nous avons développé une ligne d’assistance». Il est à noter que plusieurs initiatives de sensibilisation et de formation sont prévues à l’occasion du Safer Internet Day 2023. Plusieurs ressources et matériels de sensibilisation seront également disponibles sur la page web de Safer Internet Day, sur le portail national e-Himaya, ainsi que sur le portail de la direction du programme «Genie».

Lancement d’une ligne d’assistance des enfants victimes de cyberviolence

Le CMRPI vient de lancer, avec l’appui du Conseil de l’Europe, la Ligne d’assistance pour la protection des enfants et des jeunes en ligne (EMC-Helpline) qui sera dédiée à la lutte contre la cyberviolence et le cyberharcèlement à l’encontre des enfants et des jeunes Marocains. Cette ligne, joignable par téléphone, par web tchat et par email, 24 h/24 et 7 j/7, offrira des services gratuits de conseil, d’accompagnement et de signalement. Elle viendra compléter les mécanismes de protection des enfants et des jeunes en ligne disponibles au Maroc, à travers des partenariats de confiance avec les plateformes des réseaux sociaux et les organisations internationales à but non lucratif impliquées dans la lutte contre la cyberviolence et le cyberharcèlement.

Cybercriminalité: les derniers chiffres de Kaspersky

En 2022, les types de nouvelles menaces ont continué à se multiplier avec plus de 400.000 nouveaux échantillons malveillants découverts quotidiennement par les systèmes Kaspersky, ce qui représente une augmentation de 5% par rapport à 2021. Au total, les systèmes de Kaspersky ont détecté environ 122 millions de fichiers malveillants en 2022, soit 6 millions de plus que l’année précédente. Au Maroc, sur la période octobre-décembre 2022, les produits Kaspersky ont détecté 4.135.518 différentes cyberattaques sur Internet. Cela fait que, globalement, 30,1% des utilisateurs marocains ont été attaqués par des menaces provenant d’Internet. Ces chiffres positionnent le Maroc à la 37e place dans le monde, en matière de dangers associés à la navigation sur le web.
Au-delà de ces attaques, Kasperky souligne les internautes et notamment les plus jeunes sont souvent confrontés à de la malveillance en ligne et exposés à des risques tels que le doxing, le cyberharcèlement, la violence ou encore les arnaques type catfishing où échanges avec des individus qui ne sont pas ce qu'ils prétendent être. Une étude menée par Kaspersky en 2021 auprès des parents de jeunes Marocains pointe du doigt le problème : 1 parent sur 10 a connaissance d’une exposition régulière de son enfant à du contenu à caractère sexuel, choquant ou violent. En moyenne 1 enfant par classe est victime de cyberharcèlement. Quelque 78% des parents estiment ne pas être suffisamment informés sur la manière de protéger leurs enfants des dangers d’Internet. Et 90% assument se sentir totalement dépassés par leurs enfants sur tout ce qui touche à Internet.