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Rencontre avec le jazzman marocain Ismail Sentissi

Ismail Sentissi, le prodige du jazz marocain a enchanté le public de Jazzablanca avec son premier album «Genoma», distillant ses influences musicales puisées ici et ailleurs. Né à Casablanca et installé en France, le musicien ne se cantonne pas à une case en composant une musique multiple, sans frontière. Le Matin s’est entretenu avec Ismail Sentissi après son concert mémorable.

Le Matin : Comment le jazz a-t-il croisé votre chemin ?

Mes études sont loin du domaine de la musique. J’ai toujours fait de la musique, je n’ai pas toujours joué du jazz. D’ailleurs, je ne suis même pas sûr aujourd’hui que ce que je fais est du jazz, je suis tombé dans ce style en composant. Cette musique est aussi le résultat de mes rencontres avec les musiciens, c’est cette formation qui a donné vie à ce projet. Les compositions, je les ai fait vivre dans différents formats avec d’autres types d’instruments et d’autres styles musicaux. 

 

Dans quelle mesure votre premier album "Genoma" est-il un retour aux sources ?

Mon album est une continuation de la source. Il s’agit du cheminement naturel d’une influence. C’est un peu comme la musique que l’on aime écouter : il est très fréquent de changer d’avis et de goûts au fil des années, il y a des choses que l’on aime vraiment et on y tient, puis d’autres que l’on met de côté avec le temps. Idem pour la musique que l’on joue, la source a toujours été là, les musiques que j’ai écouté sont imprimées dans ma tête et finissent par se manifester. Il y a des racines qui sont fortes, les miennes sont au Maroc, et les branches peuvent aller plus loin. 

 

Votre album marie plusieurs influences. Le jazz est-il plus propice aux métissages que les autres genres musicaux ?

Je trouve que dans les festivals où il y a du jazz, notamment au festival d’Essaouira, il y a toujours eu ce brassage des styles qui marchent bien entre les artistes de jazz et les gnaouas. Le jazz est une musique avec beaucoup de liberté, on ne se limite pas. On met ensemble des musiciens d’univers différents pour voir ce que ça donne, et parfois ça donne de belles choses. Le jazz en lui-même est multiple et les personnes qui fréquentent les festivals et les clubs de jazz sont souvent ouverts aux brassages des genres musicaux. 

 

Genoma, une échappée belle musicale

Le premier album d'Ismail Sentissi, intitulé "Genoma", est un voyage onirique vers les terres de ses souvenirs d'enfance, où la mélodie portée par son piano est stimulée par les rythmes de la batterie de Cedrick Bec et de la contrebasse de Maurizio Congiu. L'album d'Ismail évoque les vibrations ritualistes de la musique traditionnelle marocaine, du jazz spirituel, du blues sahélien et parfois de l'influence du hard rock de sa jeunesse. C'est une tournée instrumentale en douze étapes qui prend racine au Maroc, traverse l’Afrique et plonge dans la Méditerranée. Un album imprégné d'harmonies jazz, de polyrythmie et de couleurs modales marocaines.

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