Rentrée politique oblige, les partis de la coalition gouvernementale, à savoir le Rassemblement national des indépendants (RNI), le Parti authenticité et modernité (PAM) et le Parti de l'Istiqlal (PI), sont scrutés de partout, compte tenu des chantiers colossaux qui attendent l’Exécutif, mais aussi parce que l'opposition évoque la nécessité d'un remaniement ministériel. C'est le scénario que souhaite notamment l'Union socialiste des forces populaires (USFP). Certes, une réunion des chefs des partis de la coalition était programmée avant le séisme du 8 septembre, mais elle ne semble plus à l’ordre du jour. Depuis le séisme tragique d’Al Haouz, l’agenda des trois partis est pour le moins chamboulé. C’est ce que nous confirment des sources proches des dirigeants de ces formations politiques.
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Une rentrée politique chamboulée par le séisme au Maroc
En vertu de la charte de la majorité signée par les trois partis représentés au gouvernement, la présidence de la majorité se réunit régulièrement (une fois par mois) pour évaluer la progression de la mise en œuvre du programme gouvernemental. À l'approche de la rentrée politique et de l’ouverture de la session d’automne du Parlement, une réunion de cette coalition revêt une importance encore plus cruciale. Il s’agit de coordonner les positions et de se mettre d’accord sur les priorités et les moyens les plus à même de contrer les attaques de l’opposition. Mais semble-t-il, le séisme d’Al Haouz a rebattu les cartes.
Sous couvert d'anonymat, un haut responsable proche de la direction du Rassemblement national des indépendants nous a confié que pour le chef de la majorité, Aziz Akhannouch, la priorité actuellement est de faire face aux conséquences de la catastrophe, de coordonner les efforts de secours et de réhabilitation... Dans ces circonstances de crise, notre source souligne que les considérations politiques passent au second plan. Du côté du PAM, Samir Goudar, homme clé du parti, affirme que «toutes les activités politiques internes et avec les alliés ont été reportées. La priorité actuelle, c'est tout ce qui concerne la gestion des conséquences du séisme», nous a-t-il déclaré alors qu’il se trouvait sur le terrain dans une des zones sinistrées.
Au Parti de l'Istiqlal, c’est le même raisonnement qui prime. Le chef du groupe istiqlalien de l'unité et de l'égalitarisme, le groupe parlementaire de l'Istiqlal, Noureddine Moudian, explique que les groupes parlementaires des trois membres de la coalition gouvernementale restent en contact constant. Selon lui, ces trois groupes parlementaires maintiennent une concertation régulière. Ils ont également préparé des propositions communes concernant les projets de textes de loi actuellement en discussion et qui seront examinés lors de la prochaine session parlementaire. Parmi ces textes, il mentionne le projet de loi 43.22 sur les peines alternatives ainsi que les révisions du Code pénal et de la procédure pénale.
Des tensions perceptibles au sein de la majorité, malgré une apparente harmonie
Mais malgré ces circonstances exceptionnelles, certains observateurs estiment que la prochaine réunion de la présidence de la majorité demeure un rendez-vous qui a toute son importance, ne serait-ce qu’en raison des tensions sourdes entre les membres de cette coalition gouvernementale. Ils font référence aux déclarations faites par le secrétaire général du Parti authenticité et modernité à Fès, Abdellatif Ouhabi, la veille du séisme d’Al Haouz. Il avait affirmé en substance : «Nous n’allons pas faire davantage de concessions au sein de la majorité». Preuve qu’il y aurait des grains de sable dans le mécanisme d’action de cette alliance tripartite. Cette brouille a été ravivée d’ailleurs par la position du Parti de l’Istiqlal, qui s'est rangé du côté de l’Association des barreaux du Maroc, dirigée par l'istiqlalien Abdelouahed Ansari (également président de la région de Fès), contre le ministre de la Justice, qui n’est autre que le secrétaire général du PAM, Abdellatif Ouahbi.