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Tahar Ben Jelloun invité du Book Club Le Matin pour présenter son roman «Les amants de Casablanca» (3/3)

À l’occasion de la sortie récente de son roman «Les amants de», Tahar Ben Jelloun a été l’invité du «Book Club» du «Matin». Une première rencontre casablancaise a inauguré la tournée promotionnelle nationale, Casablanca en partenariat avec Sochepress Culture & Éducation, distributeur exclusif du roman.

Dans «Les amants de Casablanca», la capitale économique est un personnage à part entière. Elle est dépeinte comme une machine qui broie les Casablancais qui la maintiennent en mouvement. C’est ainsi, en tout cas, que la perçoit l’écrivain Tahar Ben Jelloun, expliquant sa fascination en disant que «C’est une ville que je ne connais pas bien. Mais c’est une ville étonnante. Je n’ai jamais réussi ni à l’aimer ni à la détester». Pourtant, le roman n’aurait pas pu avoir lieu ailleurs. «C’est là où ça se passe. C’est le cœur et le poumon du Maroc, même si c’est un poumon pas mal enfumé, vu la pollution», souligne-t-il.

Théâtre des trahisons

L’auteur raconte avoir vécu une année à Casablanca lorsqu’il était professeur de philosophie au lycée Mohammed V, mais qu’il n’avait jamais compris comment la ville fonctionnait. Il lui a donc fallu approfondir sa connaissance de cette cité étonnante, tout d’abord en plongeant dans son histoire. «C’est une ville qui a été d’abord bombardée par les Français en 1907, avant qu’ils ne s’y installent en 1912, à la signature du Protectorat, pour y construire des maisons, des hôtels, des routes, etc. Et grâce à l’architecture art déco signée par des architectes fameux, la ville s’est imposée sur la scène mondiale», raconte l’écrivain, avant de partager sa réflexion sur le film culte «Casablanca» qu’il trouve aujourd’hui «un peu ridicule. D’abord, il a été tourné à Hollywood avec un décor en carton-pâte, avec des figurants habillés à l’égyptienne et des chameaux… Et on ne voit rien qui rappelle notre Casablanca», raille l’écrivain.

Notre Casablanca actuelle, Tahar Ben Jelloun, lui, la décrit comme une cité où le faste côtoie la pauvreté et où les contrastes font partie de l’ADN de la ville. C’est également un théâtre de trahisons, protégeant les fauteurs et délitant les couples à force de distractions. Mais c’est aussi la ville où les scandales et les peines se dispersent. L’histoire de Nabile et de Lamia aurait pu avoir lieu dans une autre ville, mais pas demeurer secrète ni finir de la sorte.

Les bourges de Casablanca

Un regard sans indulgence a été posé par le personnage de Nabile sur la bourgeoisie de sa ville. L’invité du «Book Club» ne nie pas qu’il partage cet avis. «Si l’on prend la bourgeoisie occidentale, c’est une bourgeoisie qui a privilégié la culture, les arts. On fait la queue pendant des heures devant un musée, on lit des livres et on transmet la lecture. Nous, on a une bourgeoisie d’argent. Certains achètent des toiles de peinture, mais ne lisent pas de livre. Quand vous allez dans les grandes maisons, vous êtes très bien accueillis, dans des cadres magnifiques. Mais derrière ça, il y a le néant», insiste l’écrivain qui trouve cela déplorable. Car, pour lui, «c’est la bourgeoisie qui donne le ton de l’évolution d’un pays. Mais si elle est inculte, ça fait mal, parce qu’on a besoin d’une élite qui fasse passer des valeurs d’humanisme de beauté, d’art et de culture», insiste Ben Jelloun.

En outre, cette même bourgeoisie casablancaise se plaît à jouer des codes et des non-dits pour préserver les apparences et les conventions sociales, au lieu de privilégier le bien-être et les vraies valeurs. Même le personnage de Lamia, assez libérée, se cache pendant un long moment, avant de mettre fin à son aventure et à son mariage. «Fais ce que tu veux, mais ne te fais pas choper», est la consigne selon l’auteur.

Lire aussi : Tahar Ben Jelloun invité du Book Club Le Matin pour présenter son roman «Les amants de Casablanca» (2/3)

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