Menu
Search
Vendredi 19 Avril 2024
S'abonner
close
Vendredi 19 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Économie

Les trois priorités des directeurs financiers au Maroc (PwC Maroc)

Une première, le cabinet d’audit et de conseil PricewaterhouseCoopers (PwC) au Maroc vient de publier les résultats de son étude consacrée aux priorités 2023 des Directions financières au Maroc. Menée auprès de plus de 50 directions financières de différentes entreprises opérant dans 10 secteurs d’activité, l’étude intitulée «Garder le cap face à l’incertitude» expose, à court et moyen termes, les principaux enjeux et défis liés à l’organisation globale et interne de la fonction «finance», dans un contexte économique toujours de plus en plus incertain. Pour garder le cap, trois leviers prioritaires ont été identifiés : améliorer le pilotage de la performance dans l’incertitude, faire évoluer les compétences des collaborateurs pour répondre aux nouveaux enjeux et intégrer la dimension RSE dans la fonction finance. Le point avec Mohamed Rqibate, associé Audit Pwc Maroc

Les trois priorités des directeurs financiers au Maroc (PwC Maroc)
Mohamed Rqibate.

Le Matin : Pour la première fois au Maroc, le cabinet d’audit et de conseil PwC au Maroc publie une étude consacrée aux priorités 2023 des Directions financières au Maroc. Dites-nous davantage sur cette expérience ?

Mohamed Rqibate : L’année 2022 n’a jamais été autant source de volatilité, d’incertitude et de complexité. Dans ce nouveau monde, les Directions financières ont été bousculées intrinsèquement et ont dû faire preuve d’agilité pour se réinventer durablement.
La crise sanitaire et économique que nous traversons a mis en relief des différences de maturité entre les Directions financières, d’une part, et mis l’accent, d’autre part, sur la gestion du cash et la nécessité d’accélérer la transformation digitale des organisations. Une transformation qui doit être intégrée à tous les niveaux pour assurer une transition durable de la culture d’entreprise et des nouveaux modes de fonctionnement (télétravail, développement des compétences…).
Cette première édition de l'étude des priorités des directeurs financiers que nous avons lancée au Maroc, auprès de plus de 50 directions financières de différentes entreprises opérant dans 10 secteurs d’activité, fait écho à l’étude sur les enjeux clés des directions financières de PwC France et Maghreb et qui en est à sa onzième édition. Nous avons décidé cette année de faire une étude maroco-marocaine afin d’aider les directions financières à mieux identifier les défis ainsi que les enjeux majeurs auxquels sont et seront confrontées les Directions financières à court terme et sur un horizon de 3 ans.

Quels sont les principaux risques anticipés par les Directeurs financiers à court et à moyen terme ?

Que se soit à court terme ou à moyen terme, l’inflation apparaît comme le risque majeur aujourd’hui, suivi par les impacts qui pourraient résulter de la guerre Ukraine-russe, si celle-ci tendait à s’installer. Et, enfin, les éventuelles pandémies ainsi que tous les impacts qu’elles pourraient induire sur les économies sont aussi craintes par les Directeurs financiers.

Pour l’inflation, quelles sont, selon vous, les principales mesures à envisager par les entreprises afin de limiter l’impact de la hausse des prix sur leur profitabilité, et ce en tenant compte du pouvoir d’achat au Maroc ?

Afin de sécuriser leur rentabilité, la mise en œuvre d’actions d’efficacité pour compenser l’impact sur la marge est identifiée de prime abord par 34% de directeurs financiers. La répercussion sur les prix de vente est également envisagée dans une moindre mesure (30%), en effet, dans un environnement où le pouvoir d’achat est limité, la répercussion sur le prix de vente ne peut être envisagée comme réponse systématique.

La pression que pourraient exercer les directions financières sur leur fournisseur est également envisagée. Cependant, selon des directeurs financiers, ce levier est difficilement activable aujourd’hui compte tenu des difficultés d’approvisionnement.

En bref, la mise en œuvre d’action d’optimisation de process et de recherche d’efficacité nous paraît comme la solution la plus optimale aujourd’hui.

Par ailleurs, l’optimisation de la «gestion quotidienne» est également un vecteur d’amélioration, 82% des répondants envisagent la digitalisation de la fonction Finance. Des investissements dans la dématérialisation, la Data Visualisation ou encore la robotique sont aujourd’hui considérés comme des outils permettant d’atteindre une efficacité interne dans les processus.

Comment les entreprises pourraient-elles être «efficaces» finalement dans un environnement où la volatilité et l’instabilité sont omniprésentes ?

L’inflation au Maroc s’explique principalement par des facteurs exogènes. Elle revêt ainsi un caractère imprévisible qui accentue chez les directeurs financiers un sentiment d’incertitude.

Cette incertitude incite aujourd’hui les Directions financières à s’interroger sur leur organisation et sur leur «manière de faire» et surtout met à rude épreuve leurs dispositifs prévisionnels. Quelque 42% des directeurs financiers ne sont pas pleinement satisfaits de leurs outils budgétaires. 82% souhaitent faire évoluer dans un avenir proche lesdits outils.

L’optimisation des dispositifs prévisionnels passe selon 54% de nos répondants par le cadrage des processus budgétaires, notamment pour mieux coordonner les parties prenantes (financières et opérationnelles) et l’évolution des modèles budgétaires, vers des modèles plus dynamiques (approche scorecard, prévisions glissantes…). Les projets relatifs au traitement de la donnée sont aussi d’actualité.

Projets structurants, certes, mais dont la réalisation et le succès ne peuvent être envisagés indépendamment de la dimension humaine ?

En effet, ces nouveaux projets contribueraient à élaborer une vision transversale de la Finance avec l'intégration de compétences data ou encore IT. D’ailleurs, 81% des directions financières souhaitent développer en priorité les compétences en data de leurs équipes.

À ce sujet, s’ajoute une préoccupation majeure, qui est la gestion des talents. Devrons-nous recruter ou former ? Au vu des profils recherchés et de la difficulté à trouver «ces perles rares», la formation apparaît aujourd’hui comme la solution possible afin de pallier les compétences manquantes au sein des équipes finance pour 52% des directeurs financiers.

Les former, certes, encore faut-il les garder, la pénurie des talents, devient un enjeu majeur pour les Directions financières.

Les principaux leviers s’articulent, à notre avis, autour des éléments suivants : perspectives d’évolution ; culture d’entreprise ; équilibre vieprivée/vie professionnelle ; et politique RSE.

Qu’en est-il des risques climats ou de la RSE, dans une économie telle que la nôtre. Cette notion ne peut être ignorée par les directeurs financiers ?

La montée en puissance des enjeux de RSE enrichit le quotidien du directeur financier, tant dans ses missions régaliennes que dans son rôle de conseiller en performance de l’entreprise. Dans sa mission stratégique d’accompagnement de la croissance, le directeur financier devra garantir la viabilité non plus seulement économique, mais également sociétale et environnementale des nouveaux modèles d’activité (neutralité carbone, gestion des ressources non renouvelables, éthique, santé au travail…). Quelque 43% des Directions financières interrogées ont indiqué par exemple avoir été impliquées dans la mise en place d’indicateurs de suivi des réductions des émissions Carbone.

Les processus d’investissement devront également évoluer pour intégrer des critères de décision qui vont au-delà de la dimension financière uniquement. Au-delà des choix d’investissements, le directeur financier devra définir et mettre en place – en collaboration avec d’autres acteurs – les règles et les méthodes permettant de mesurer l’impact sociétal et environnemental des décisions prises au quotidien.

Enfin, dans sa mission de communication externe, le directeur financier devra intégrer des éléments extra financiers pour répondre aux attentes du législateur, ainsi qu’à celles des investisseurs, du citoyen et du consommateur quant aux engagements RSE de l’entreprise. Notre étude a révélé cependant que seuls 54% des grands groupes interrogés publient un rapport extra-financier contre seulement 28% d’entreprises de tailles intermédiaire et réduite.

>> Lire aussi : Les chocs importés derrière les mouvements de l’inflation au Maroc (BAM)

>> Lire aussi : PwC Maroc dévoile sa stratégie 2025
 

Lisez nos e-Papers