Les bons réflexes pour demander une augmentation de salaire

Éco-Conseil : Comment procéder pour négocier son salaire quand on est déjà en poste ? 

Nabil Fandi : D’une façon générale, on ne négocie le salaire que lors de l’entretien annuel d’évaluation. Or cela n’est pas toujours le meilleur moment. Je pense que pour bien mener cette démarche, il faut demander un rendez-vous en cours d’année avec son N+1. Un face à face qui permettra au collaborateur de mettre en avant son profil et de discuter de sa situation salariale au sein de l’entreprise. Il est très important, en guise de préparation à ce rendez-vous, de se situer par rapport à son activité, à son évolution et à sa vision de carrière. Il faut aussi se situer par rapport à l’entreprise et à son secteur d’activité. Un benchmark serait un atout pour avoir une idée sur ce que les autres entreprises proposent pour le même poste. Il ne faut pas hésiter à demander des conseils d’experts dans ce domaine pour mieux se préparer au rendez-vous. Lors du face à face, il faut mettre en avant ses compétences, sa valeur ajoutée et, le cas échéant, ses futurs projets qui permettront à l’entreprise de gagner en performance. Il faut aussi utiliser les techniques de communication pour mieux convaincre son N+1 de sa demande en utilisant des expressions qui passent mieux. Une phrase type : «Je veux une augmentation de salaire» peut être remplacée par : «Puis-je voir mon salarie évoluer ?» C’est dire que demander une augmentation de salaire est une procédure qu’il faut bien gérer. Toutefois, une règle de base est à respecter dans cette démarche : il faut éviter de parler de négociation de salaire avant d’avoir passé au minimum un an d’ancienneté au sein de l’entreprise. En d’autres termes, on ne peut demander un rendez-vous pour discuter avec sa hiérarchie sur la situation salariale qu’après avoir passé au minimum une année d’ancienneté au sein de l’entreprise. Une période qui doit être normalement suffisante pour que le collaborateur prouve ses compétences et sa valeur ajoutée au sein de l’entreprise.  

Quels sont les éléments à mettre en avant pour convaincre son N+1 ?

Pour obtenir une révision de salaire, il faut impérativement prouver qu’on la mérite. Comment ? Cela passe via des arguments factuels. Ainsi, avant de demander le rendez-vous avec son N+1, il faut tenter d’avoir des réponses à plusieurs questions types : «Qu’est ce que j’ai effectué d’exceptionnel cette année ?», «Quels sont les objectifs que j’ai pu atteindre durant une durée déterminée ?», «Ai-je pris des risques et des responsabilités dans le cadre de mes missions ?». S’il y a des chiffres qui vont appuyer cette demande, il faut les utiliser, car c’est le bon moment. Autre facteur à prendre considération : La situation de l’entreprise. Si cette dernière passe par une crise, ce n’est pas du tout le moment de demander une augmentation, car en amont on sait très bien que la demande ne va pas être acceptée.

Je tiens aussi à souligner qu’il faut prendre en considération les autres avantages que l’entreprise présente en termes, notamment d’évolution professionnelle, d’autonomie, des horaires de travail ou encore de relations respectueuses. Il faut chercher le juste équilibre.

Comment réagir si le supérieur hiérarchique ne donne pas suite à la demande ?

Si le supérieur hiérarchique refuse la demande, il ne faut surtout pas montrer sa déception. L’augmentation de salaire n’étant pas une obligation, il faut s’attendre à un refus. Il faut, en revanche, actionner d’autres leviers. Le collaborateur ne doit pas rester focalisé sur la rémunération. Il peut être préférable de demander une formation ou un accompagnement sous forme de coaching. Point de vigilance, il ne faut surtout pas se comparer avec ses collègues. Cette stratégie est mal perçue par le responsable hiérarchique. Il faut éviter de parler des autres. Le collaborateur doit parler de sa propre situation salariale au sein de l’entreprise, partant du principe que la négociation ne le concerne que lui. Si le collaborateur estime qu’il n’est pas payé à juste valeur, il faut qu’il demande un bilan de compétences. Autre démarche à prévoir : Se donner le temps de développer de nouvelles compétences et revenir après vers sa hiérarchie.