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Le brainstorming, un levier de croissance pour les PME

À l’ère du numérique, le brainstorming est une méthode de plus en plus recommandée pour les managers permettant d’avoir des idées innovatrices, originales, voire compétitives. Pour Youssef Guerraoui Filali, Directeur du Centre marocain pour la gouvernance et le management, cette méthode constitue un levier de croissance surtout pour les PME, partant du principe que nous vivons dans un environnement à fortes turbulences technologiques et qu’une PME qui n’innove pas dans ses processus de gestion et de production disparaitra à moyen terme.

Le brainstorming, un levier de croissance pour les PME
L’élimination de certains collaborateurs du processus de brainstorming constitue une erreur de management. Ph : shutterstock

Conseil : Le brainstorming a toujours été une méthode recommandée aux entreprises. Quelle place cette démarche occupe-t-elle aujourd’hui 
à l’ère du numérique ?
Youssef Guerraoui Filali :
Depuis toujours, les organisations marocaines tenaient des réunions de résolution collective d’un problème, en vue de rechercher un maximum de solutions possibles à une problématique donnée. D’ailleurs, l’expérience marocaine en matière de brainstorming est avérée lorsqu’on observe un certain nombre de réalisations dans le milieu associatif, électoral et même administratif, par le biais de leurs instances décisionnelles de pilotage (conseils syndicaux, conseils régionaux et communaux, commissions interministérielles, conseils d’administration…), ou le principe du brainstorming est assez pratiqué en vue de choisir la meilleure solution possible afin de la faire adopter en organe délibératoire. À l’ère du numérique, le brainstorming au sein de l’entreprise s’impose comme étant une résolution créative, incontournable, fondée sur des idées innovatrices, originales, voire compétitives. En effet, la recherche la plus étendue possible d’idées créatives peut mener à une innovation disruptive, susceptible de chambouler tout un marché existant. Cependant, le facteur digital est fortement présent aujourd’hui, et par conséquent toute action de brainstorming au sein de l’entreprise marocaine doit couvrir la dimension numérique, devenue incontournable à l’ère de la Big Data et de l’Industrie 4.0. 

Dans quelle mesure l’innovation à travers le brainstorming permet-elle aujourd’hui d’assurer la croissance des PME marocaines ? 
Le brainstorming favorise l’innovation dans l’entreprise. À travers cette technique, le top management opère un décloisonnement total des services et surtout met à plat une organisation fonctionnelle et transverse qui se focalise sur les buts ultimes de l’entreprise qui sont le profit, les parts de marché et l’avantage concurrentiel. En effet, l’organisation bureaucratique du travail s’évapore directement après la mise en place du processus de gestion des problématiques par brainstorming, où on mobilise les efforts et les idées de toutes et de tous pour créer de la valeur et dépasser les obstacles. 
S’agissant de la croissance des PME marocaines, l’innovation par brainstorming permet d’opérer des innovations incrémentales continues, afin de rendre adéquat le modèle de développement de la PME au modèle économique mondial en mutation constante. De ce fait, une PME qui n’innove pas dans ses processus de gestion et de production disparaitra à moyen terme. Nous vivons dans un environnement à fortes turbulences technologiques, et par conséquent une simple nouvelle application digitale est susceptible d’impacter, intégralement ou partiellement, un service marchand d’une PME d’une très longue date.

Concrètement, quels sont les problèmes que l’on peut résoudre avec cette approche ? 
Quand il s’agit de problématiques techniques qui dépendent d’une décision stratégique, c’est la technique créative du brainstorming qui sera la résolution du problème. À titre d’exemple, une entreprise qui propose une solution en ligne hébergée sous un serveur inefficace, ne peut être performante en matière digitale, si son département informatique ne lui propose de solutions d’hébergements originales, compétitives et surtout rationnelles. De ce fait, la décision sera certainement coûteuse à l’entreprise, mais dont les retombées positives seront prometteuses, et c’est au top management de valider l’opération d’investissement. Mais d’abord, il faut se réunir et étudier toutes les possibilités avec ouverture d’esprit, modestie et créativité. 
Un autre point important, c’est de ne négliger personne dans les réunions de brainstorming. Eu égard à l’exemple précédent, une simple information émanant d’un informaticien du département système d’information peut aboutir à une idée innovatrice majeure en pleine réunion de brainstorming, permettant une meilleure adéquation entre la qualité souhaitée en hébergement et le coût d’investissement. 

Y a-t-il des étapes à respecter pour que cette méthode soit bénéfique, notamment aux PME ? 
Le principe de brainstorming est clair, il faut poser la problématique et convoquer en réunion toutes les personnes susceptibles de proposer ou d’apporter une idée en vue de résoudre un problème avéré.  Il s’agit de pousser l’imagination et de ne marginaliser aucune idée, afin de parvenir à déterminer la meilleure solution envisageable. Encore mieux, le brainstorming favorise l’approche participative et surtout la décision collégiale, puisqu’on monte la solution créative tous ensemble. 
La consolidation des idées innovantes aboutie souvent à déterminer l’idée «mature» réalisable, pertinente et concrète. Par conséquent, il incombe aux patrons des PME marocaines d’inculquer la culture du brainstorming au sein de leurs équipes, afin de développer l’esprit de créativité et d’imagination au sein de leurs organisations.

Quelles sont les erreurs à éviter ?
L’erreur la plus fréquente est la précipitation à mettre en œuvre l’idée «émergente». Si on a une idée importante et dont on est sûr de sa faisabilité, il faut la présenter en réunion de brainstorming, et surtout la défendre pour que les autres puissent se l’approprier et par conséquent s’engager pour sa mise en œuvre. Ce n’est pas le chef d’entreprise qui va déployer l’idée, mais plutôt ses équipes. Pour cela, le passage de l’idée «émergente» à l’idée collective «mature» est indispensable, surtout lorsque l’idée est portée par le top management. Par ailleurs, l’élimination de certains collaborateurs du processus de brainstorming constitue une erreur de management. Les personnes concernées directement ou indirectement par la problématique doivent assister et participer aux réunions de brainstorming, qui peuvent même être nombreuses, quand il s’agit d’une problématique majeure pour l’entreprise.  

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