Ramadan en entreprise : la gestion des conflits, une responsabilité partagée

Conseil : Comment expliquer les conflits et les comportements néfastes 

de certains collaborateurs pendant le Ramadan ?

Sanae Hanine : Effectivement, des conflits peuvent avoir lieu en entreprise pendant le mois du Ramadan. Avant de répondre à votre question, je tiens à souligner que la foi doit pousser à être bon et tolérant, non seulement dans la vie active mais aussi dans la vie de tous les jours. Le jeûne suppose une certaine éthique mais aussi une certaine morale. C’est également un exercice d’autocontrôle et de maîtrise de soi. Il trouve son apothéose dans la conversion et l’action de grâces envers les autres. Malheureusement, il est entériné dans notre culture que le mois sacré est plutôt synonyme d’altercations et de conflits au quotidien. Cet état de fait n’a pas épargné le monde professionnel, les conflits interpersonnels et les incivilités sont fréquents et nuisent davantage à l’environnement du travail. Des comportements néfastes existent en entreprise et sont généralement justifiés par, entre autres, le manque du sommeil, les effets d’addiction au café et les cigarettes et les changements d’habitudes alimentaires. Personnellement, je pense que ce sont de fausses excuses. Dans ce sens, le jeûne doit faire émerger le meilleur de lui-même et non 

pas l’inverse.

Quelle attitude adopter pour éviter d’entrer en conflit avec ses collègues ?

Je recommande tout simplement d’adopter la zen attitude. Le Ramadan est une occasion idoine pour se connecter avec sa spiritualité et faire preuve de beaucoup de tolérance et d’empathie vis-à-vis des autres. Être bon envers soi et envers les autres constitue un grand acte de foi. Le Ramadan est une occasion en or pour se délester de son anxiété, pour freiner les pulsions agressives et pour se débrancher du mode pilotage automatique en se donnant l’occasion de se relaxer et d’aborder les choses par une approche de sérénité et de sagesse. C’est le moment idoine d’exercer son intelligence émotionnelle et sociale en changeant son mindset vers plus d’empathie, de compréhension et de tolérance envers ses collègues. C’est également le moment pour le pardon et l’inhumation des conflits et rancœurs vécus auparavant. Il est à noter que cette posture et cette façon d’être nous garantissent la réussite dans notre projet professionnel à hauteur de 80%. Ceci dit, il y a trois clés pour éviter les conflits : adopter une bonne posture, gérer ses relations avec les autres et travailler pour rester dans une cohésion d’équipe.

Quelles sont les techniques qu’on peut utiliser pour gérer ses émotions ?

Il s’agit d’être dans l’observation de ses ressentis et dans l’écoute de ses émotions. Pour éviter tout débordement, il est conseillé d’éviter toute sorte d’impulsivité et de laisser un espace significatif entre un stimulus et une réponse. Je suggère également la technique de l’autosuggestion qui consiste à créer des mots ou des phrases qu’on répète ou que l’on se répète à soi-même afin d’apaiser nos émotions négatives. Je cite à titre d’exemple : «Je dois apprendre à dissocier entre la personne et son comportement» ou «tout comportement émane d’une intention positive». Autre technique et non des moindres : je peux m’accorder un moment à la fin de la journée, où je serais seul avec moi-même et où j’entame un monologue durant lequel j’extériorise toutes les tensions et les émotions négatives qui m’ont submergé pendant la journée. Avant le ftour, je peux faire la technique de la marche intelligente en pratiquant une respiration profonde. Cela permet de se ressourcer en énergie et de faire le plein d’émotions positives.

Quel rôle pour les managers et les responsables RH et comment peuvent-ils instaurer un bon climat de travail ?

Pour répondre à votre question, je dirai qu’il faut tout simplement saisir l’opportunité de ce mois sacré du Ramadan afin de travailler sur le rapprochement entre l’ensemble des membres de l’équipe. Au niveau des relations interpersonnelles, on peut saisir l’occasion afin d’assainir son entourage, notamment en faisant la paix et en s’échangeant de petits cadeaux de Ramadan (surtout entre les femmes). On peut également envisager de faire la prière ensemble ou carrément d’organiser un ftour collectif. À cet effet, des activités peuvent être organisées comme des ateliers de formation sur des thématiques liées aux soft skills ou encore des activités à caractère social (actions caritatives), sportif (matchs de foot) ou encore spirituel (des conférences ou des veillés). Il faut savoir que tous les chemins mènent à la bonne ambiance et qu’il faut juste avoir la réelle volonté de s’engager dans des actions bénéfiques pour tous. 

Propos recueillis par Nabila Bakkass