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Mardi 19 Mars 2024
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Le bon sens, un autre facteur indispensable à la réussite

Parmi les qualités qu’on doit désormais chercher à développer chez les collaborateurs figure celle du «bon sens». Par définition, c’est une manière d’agir qui implique de se recentrer sur l’essentiel et sur la simplification, notamment avant toute prise de décision. Outre l’amélioration de la qualité des relations, cette compétence permet aux collaborateurs d’être capables de trouver les solutions les plus efficaces et les plus évidentes à n’importe quelle problématique. Plus de détails avec Malgorzata Saadani, coach internationale ICC.

Le bon sens, un autre facteur indispensable à la réussite
Il est relativement facile d’encourager les collaborateurs à adopter le bon sens : il suffit de leur montrer la voie par la pratique, en commençant par soi-même. Ph. Shutterstock
Conseil : Qu’appelle-t-on la notion de bon sens en milieu professionnel ? Quelles en sont les composantes ?

Malgorzata Saadani : Le bon sens, aussi bien dans la vie de tous les jours qu’en entreprise, est aujourd’hui une denrée de plus en plus rare, pourtant indispensable dans les situations de prise de décisions et pour résoudre les problèmes de tout genre. Je le définirais comme un état d’esprit rationnel et averti, et aussi une manière d’agir qui se recentre sur l’essentiel et sur la simplification. Dans la réalité de plus en plus procédurale qui dilue la responsabilité personnelle en la rejetant sur «le système», «les directives» ou encore sur les règles tacites de la pratique, chacun de nous a déjà affronté une situation où une simple analyse logique et la déduction basée sur le bon sens pourraient faciliter l’interprétation de l’existant et débloquer les choses. Au-delà des difficultés factuelles, le manque de bon sens peut également compliquer le relationnel, par le débordement des émotions et leur prédominance dans les situations de crise, au détriment des données évidentes.

 

Quels sont les apports de cette notion aux relations professionnelles et au bon déroulement du travail ?

Le bon sens est une vraie qualité et une compétence personnelle. Il permet de trouver les solutions les plus efficaces et les plus évidentes là où les cabinets en consulting de renom et les études scientifiques laborieuses sont certes très consciencieux, mais souvent en décalage avec la vie réelle et le cœur profond du problème traité. Évidemment, il ne s’agit absolument pas d’abandonner les recherches sophistiquées ou de nier la valeur ajoutée des experts. Par contre, ils gagneraient davantage en efficacité en renouant avec les fondamentaux tels que le bon sens. D’ailleurs, la tendance à s’en servir pour mieux gérer est nettement visible dans l’avant-garde du domaine RH et dans le service public où on a bien compris que toute complication inutile est un facteur de la contre-performance générale.

 

Qu’est-ce qui empêcherait de favoriser cette notion en entreprise ?

Je pense que, particulièrement dans ce cas, rien n’empêche la pratique du bon sens. Vraiment rien. C’est une compétence personnelle indépendante du niveau d’instruction scolaire ou de l’appartenance sociale. Sa seule variable peut être liée au caractère intrinsèque de chacun et à son expérience aussi bien professionnelle que celle de la vie. Dans ce cas, il faudra tenir compte du facteur temps/âge.

 

Pour réussir dans cette démarche, il faut d’abord gagner l’adhésion des collaborateurs. Comment ?

Si nous considérons le bon sens plutôt comme une posture (et certainement pas encore une nouvelle procédure à implémenter !), il est relativement facile d’y encourager les collaborateurs: il suffit de leur montrer la voie dans la pratique, en commençant par soi-même. D’où le rôle déterminant du management pour la réussite de cette transition. La situation la plus naturelle pour entamer son application c’est par exemple la conduite des réunions. Si malgré ça, certains parmi les collaborateurs sont attachés aux habitudes des choses compliquées, le manager – comme pour toute conduite du changement – doit passer à la démarche explicative : directe, indiquant les objectifs clairs, le rôle de chacun et les avantages d’y adhérer. Le plus important, c’est d’introduire cette logique au sein de toute la structure pour que les méthodes de travail souhaitées soient cohérentes pour l’ensemble des collaborateurs.

 

Quelles sont vos recommandations pour les managers d’entreprise ?

La notion du bon sens se trouve à l’opposé de la culture des choses volontairement compliquées au point que plus personne ne les comprend vraiment. Hélas, les choses d’apparence compliquées paraissent souvent très attirantes et sont présentées dans les «emballages» sophistiqués. D’où la peur naturelle de paraître simpliste voire incompétent, la peur de se décrédibiliser en tant qu’expert si on se sert ouvertement de son bon sens. Pourtant, cette attitude a toute sa place dans l’entreprise et à mon avis, il faut le mettre plus à l’honneur pour pleinement bénéficier de ses bienfaits. 

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