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Attention, trop de réussite tue la réussite !

Aussi étonnant que cela puisse paraitre, trop de réussite tue la réussite. Eh oui, on a tous tendance à chercher à réaliser des ambitions professionnelles, et le cas échéant, à gravir les échelons rapidement. Or, il faut savoir apprécier le trajet tout aussi bien que la destination. Effectivement, la quête de la réussite, si elle n’est pas bien mesurée, peut se transformer en pression, voire en obsession pouvant entraîner un épuisement mental et physique, une dépression ou un burnout. Voici ce qu’en pense Imane Hadouche, master-coach et comportementaliste.

Attention, trop de réussite tue la réussite !
Une personne sous le signe de «trop de réussite» devient frustrée puisqu’elle elle a tendance à minimiser ses petites victoires et celles des autres. Ph. Shutterstock

Conseil : Aussi bizarre que cela puisse paraître, trop de réussite tuerait la réussite, selon plusieurs experts en développement de carrière. Qu’est-ce que vous en pensez ?
Imane Hadouche
: Pour répondre à votre question, je dirais que tout excès est nuisible. En effet, l’excès est par définition le contraire de «l’équilibre». Ce dernier est d’ailleurs considéré comme le pilier de la stabilité et de l’évolution. Cela dit, on ne peut construire des choses solides que sur un fondement stable. Dans ce sens, trop de réussite tuerait la réussite parce que «la peur de la réussite» existe tout aussi bien que «la peur de l’échec», et pour cause : la réussite entraîne une énorme pression, que ce soit la pression que représente l’exigence de garder le même niveau, ou les attentes et exigences des autres qui s’alignent à hauteur de la réussite réalisée, ou les attentes et exigences vis-à-vis de soi qui augmentent à chaque victoire. Tout cela représente l’envers de la médaille, et la face cachée de la réussite, qui se transforme en pression, voire en obsession, pouvant entraîner un épuisement mental et physique, une dépression, ou un burnout.

Quels sont les traits de caractère d’une personne sous le signe de «trop de réussite» ?
Plusieurs attitudes et comportements récurrents peuvent nous alerter à propos de «l’obsession» de la réussite chez une personne qui peut être :
• trop exigeante envers elle-même et envers les autres,
• perfectionniste avec le besoin de tout contrôler dans son environnement direct,
• dans une insatisfaction permanente. Pour elle, rien n’est jamais assez bien et elle veut toujours plus,
• dans un état de fatigue permanente : elle s’épuise et épuise les personnes dans son environnement personnel et professionnel,
• frustrée, elle a tendance à minimiser ses petites victoires et celles 
des autres,
• en déséquilibre émotionnel et psychologique, elle peut sombrer dans la déprime, la dépression, l’angoisse, burnout… ou vaciller entre ces états,
• obsessionnelle à propos de ses objectifs
• en proie à un double message contraignant : «sois parfait» et «sois fort».

Est-il facile de co-travailler avec ce genre de personnes ?
Comme précisé auparavant, c’est extrêmement épuisant de gérer ce type de profils. Les personnes de son cercle direct doivent composer avec son insatisfaction, sa fatigue permanente, ses sautes d’humeur entre motivation extrême et frustration, ses épisodes d’angoisse et de dépression. Il faut aussi savoir gérer son besoin d’être constamment rassurée, son niveau d’exigence qui peut se transformer en pression ou en critiques virulentes, sans respect pour le rythme et la vision de tout un chacun. Mais aussi savoir poser des limites par rapport à son besoin de contrôle.

Quels sont les risques qui peuvent survenir dans un milieu professionnel comportant ce type de profil ?
Rappelons que toute réussite a un prix, sauf que le prix à payer et les risques par rapport à l’excès de réussite ne sont pas anodins : il y a d’abord le risque d’un échec relationnel au niveau professionnel, mais aussi au niveau personnel. On peut aussi basculer dans le burnout, à cause de l’épuisement physique et mental, du déséquilibre relationnel et émotionnel, de l’insatisfaction et la frustration permanentes, de la peur de garder le niveau qui se transforme en crises d’angoisse… autant dire que le prix est cher payé en santé physique et mentale. Au niveau purement professionnel, le risque de trop réussir ou de réussir trop rapidement est tout aussi cher payé puisque toute carrière a un plafond d’évolution, briller trop ou trop rapidement entraîne une stagnation. C’est en effet paradoxal, mais trop briller met une personne sous les spots et sur la sellette, et donc toute faute ou toute régression sont doublement amplifiées. Non seulement ça, mais brûler les étapes fait qu’on atteint rapidement le plafond d’évolution dans une carrière et qu’on stagne, et les seules options envisageables restent : l’évolution par la mobilité transversale ou la mobilité en externe. Sachant qu’on se retrouve en posture «stagnante» et rattrapé par d’autres collègues qui ont évolué tranquillement, en posture «évolution», et qui peuvent nous remplacer. 
C’est pour cela qu’il est important de se rappeler que la réussite est une chose gratifiante, mais il faut savoir apprécier le trajet tout aussi bien que la destination. 

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