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Mardi 19 Mars 2024
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Vaccination anti-Covid : Les enfants autistes ont besoin d’un dispositif adapté et spécifique, selon Imane Hadouche

Pour les enfants autistes, la vaccination anti Covid-19 peut être freinée par de nombreuses contraintes d’ordre médical, psychologique et logistique. «Un autiste ne pourrait jamais supporter les files d’attente interminables sans faire de crises et doit avoir un accompagnement psychologique pour accepter de se faire vacciner», explique Imane Hadouche, responsable communication de l’association «les ambassadeurs de l’autisme». Il est important de mettre en place des actions spécifiques pour permettre à cette catégorie de la population de bénéficier de la campagne de vaccination dans des conditions adaptées à leur situation, insiste-t-elle.

Vaccination anti-Covid : Les enfants autistes ont besoin d’un dispositif adapté et spécifique, selon Imane Hadouche

Le Collectif Autisme Maroc a indiqué récemment que les troubles du spectre de l’autisme touchent près de 400.000 personnes et leurs familles. Autant dire que les enfants autistes constituent une catégorie importante tout aussi concernée par l’opération de vaccination anti Covid-19. Ne pouvant pas effectuer cet acte sans certaines précautions, cette catégorie, et notamment les enfants, nécessite un traitement particulier, comme en atteste Imane Hadouche, responsable communication de l’association «les ambassadeurs de l’autisme» : «Le cas des enfants et des jeunes autistes est un cas spécial qu’il faut absolument prendre en considération pour réussir la campagne de vaccination nationale», note-t-elle, avant d’ajouter que sur le plan médical, beaucoup d’autistes développent d’autres problèmes de santé, des intolérances, des allergies, des épilepsies, ou des dysfonctionnements au niveau du système immunitaire. Les parents en manque d’informations, et en cas de doute, préfèrent s’abstenir et se passer du vaccin. C’est le cas, notamment de Hnia Chegri, maman d’un jeune autiste. «J’ai peur que mon enfant, âgé de 13 ans, soit vacciné puisqu’il souffre d’une maladie auto-immune et donc je ne sais pas comment son corps va réagir après l’administration du vaccin», indique-t-elle. Et d’ajouter : «Si la vaccination devient obligatoire, je serai obligée de demander l’avis de son médecin avant de le ramener pour recevoir le vaccin».
Pour tenter d’apporter une réponse scientifique à ces parents, nous avons contacté le professeur de médecine et directeur du laboratoire de biotechnologie de la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat, Azeddine Ibrahimi. Avec un ton rassurant, ce dernier a insisté sur l’importance de vacciner tous les enfants, y compris ceux qui sont autistes. «La plupart de ces enfants développent plusieurs maladies d’où l’importance de la vaccination qui va les protéger des formes graves de la maladie liée à la Covid-19», affirme-t-il. À cet égard, l’expert a précisé que toutes les études publiées jusqu’à date impliquent qu’il n’y a aucun risque à craindre dans ce sens.

Une bonne organisation s’impose
Si certains parents d’enfants autistes expriment des réserves par rapport à la vaccination de leurs enfants, d’autres déplorent un autre type de problèmes. Badreddine Aitlekhoui, père d’un jeune autiste, estime que la vaccination de son enfant est une obligation, surtout à la veille de la rentrée scolaire. «Après plusieurs réflexions et surtout après avoir demandé l’avis de plusieurs experts, j’ai décidé de vacciner mon enfant en choisissant Sinopharm vu sa légère composition», nous a-t-il indiqué. Et d’ajouter que la vaccination de son enfant était prévue courant la semaine dernière mais elle avait été reportée pour cette semaine compte tenu de la pression que subissent actuellement les centres de vaccination.

Partant de sa propre expérience en tant que père d’enfant autiste, M. Aitlekhoui estime qu’il est important de prévoir un dispositif spécial pour ces enfants et qu’on leur facilite l’accès aux centres de vaccination. Interrogée sur ce volet, Imane Hadouche confirme que beaucoup d’autistes peuvent manifester la phobie de la seringue et piquer des crises qui peuvent les rendre incontrôlables. De même, ajoute-t-elle, sur le plan organisationnel, «on sait que les autistes ne pourraient jamais supporter les files d’attente interminables, sans faire de crise». Cela dit, «il est recommandé de les faire passer de manière individuelle, et idéalement en présence d’une assistante sociale et un pédopsychiatre», précise-t-elle. Et d’ajouter qu’il est aussi recommandé de les distinguer et les faire passer en premier, ou leur réserver des centres de vaccination spécifiques.
Imane Hadouche tient à souligner, une nouvelle fois, que l’on parle ici d’une tranche importante de la population qui devrait participer à la campagne nationale de vaccination, dans des conditions adaptées à leurs problématiques et leurs spécificités. Sur le même sens, Pr Ibrahimi lance un appel à toutes les parties prenantes et aux autorités nationales pour faciliter l’opération de vaccination de cette cible. «Je lance un appel à toutes les autorités nationales pour faciliter l’opération de vaccination de ces enfants. Ces derniers ne supportent pas vraiment les files d’attente, ce qui pourrait les empêcher de se faire vacciner», souligne-t-il.
Soulignons, en guise de conclusion, que la vaccination des enfants va bon train, selon les spécialistes en la matière. Depuis plusieurs jours, plus de la moitié des personnes vaccinées par jour sont des 12-17 ans, ce qui constitue en soi un gain. 

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