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Abdou Diop : la stabilité du Sénégal n’est pas menacée

Le Sénégal, pays exemplaire en termes de démocratie dans la région de l’Afrique de l’Ouest, passe par une situation politique difficile depuis l’annonce, par le Président Macky Sall, de reporter les élections présidentielles de 10 mois. Invité de l’émission l’Info en Face, Abdou Diop, managing partner de Mazars & président de la Commission Afrique et Sud-Sud à la Confédération générale des entreprises du Maroc, livre son point de vue sur cette situation qui, ne menace pas, selon lui, la stabilité du Sénégal. Il présente également ses réflexions pour une sortie de crise difficile, mais réalisable, estime-t-il.

Le report au 5 décembre des élections présidentielles au Sénégal continue de susciter de vives réactions aussi bien au niveau national qu’international. Modèle de la démocratie dans toute la région, le pays de la teranga passe par un test politique difficile. Toutefois, et malgré sa complexité, cette situation ne menace pas la stabilité du pays, estime Abdou Diop, managing partner de Mazars & président de la Commission Afrique et Sud-Sud à la CGEM. Invité de l’émission l’Info en Face, animée par Rachid Hallaouy et diffusée par Groupe «Le Matin», le Sénégalais a affirmé que la situation actuelle constitue une tâche dans le parcours démocratique de son pays.



Analysant la situation politique sénégalaise, M. Diop a affirmé ne pas être surpris par l’annonce de ce report électoral. Quand on y pense, il était clairement visible que les acteurs politiques n’étaient pas vraiment prêts à aller aux élections. «Ce report arrange beaucoup d’acteurs politiques et non pas seulement la coalition au pouvoir, qui a eu du mal à avoir un consensus autour d’un candidat unique», a affirmé M. Diop, en soulignant que plusieurs acteurs de l’opposition, dont certains sont actuellement dans des litiges judiciaires, trouvent leur compte dans ce report.

Le cafouillage aurait pu être évité

La situation actuelle aurait pu être évitée, estime Abdou Diop. Le président de la Commission Afrique et Sud-Sud à la CGEM pense que ce que le Sénégal vit aujourd’hui a commencé depuis le 3 juillet. Date de l’annonce par le Président Macky Sall de sa décision de ne pas briguer un troisième mandat. «Cette décision a été annoncée très en retard», a-t-il affirmé, en soulignant qu’elle aurai dû être annoncée au moins une année plus tôt. Le cafouillage est donc causé par le retard de l’annonce, mais également par l’absence d’un dialogue entre les acteurs politiques. «On sentait arriver ce cafouillage depuis plusieurs mois», affirme M. Diop. Il estime, dans ce sens, que l’ouverture du dialogue aurait pu mener à un consensus permettant de mieux digérer cette annonce brusque de report des élections présidentielles.

Macky Sall-Karim Wade : une alliance de circonstance ?

Pour Abdou Diop, l’histoire entre Macky Sall et Karim Wade ne commence pas aujourd’hui. Les deux hommes, faisant partie de la famille libérale, ont été propulsés au-devant de la scène politique sénégalaise par l’ancien président Abdoulay Wade, tient-il à préciser. «Il y a eu une embrouille entre les deux hommes à un certain moment, mais il ne faut pas oublier que Karim Wade a fait l’objet d’une grâce ainsi que de toute une réforme de texte qui lui permet aujourd’hui, avec Khalifa Sall, qui était dans la même situation, de se présenter aux élections», souligne M. Diop.

Répondant à une question sur le rapprochement entre les deux hommes, M. Diop affirme qu’il peut s’agir d’une alliance de circonstance. L’homme, qui considère qu’il y a aujourd’hui un quasi-consensus des principaux acteurs politiques sénégalais sur la nécessité du report des présidentielles, estime que la loi sur le report ne pouvait pas passer à l’Assemblée nationale sans le soutien du parti de Wade.

Le silence d’Ousmane Sonko, une approbation du report !

L’opposant Ousmane Sonko, actuellement en prison, n’a toujours pas réagi à l’annonce du report des élections. Une nouvelle donnée qui semble arranger l’homme interdit de se présenter aux élections actuellement, estime M. Diop. Selon lui, voir quelqu’un d’autre représenter son parti politique lors des présidentielles n’arrange pas forcement son avenir politique. En effet, souvent donné comme favori par les sondages, Sonko pourrait bénéficier de ce report.

Une tache difficilement effaçable pour la démocratie

Dans l’état actuel des choses, une solution est toujours envisageable pour apaiser les esprits. «En effet, pour effacer cette tache qui affecte la démocratie sénégalaise, si elle est effaçable, le président va devoir présenter sa démission le 2 avril prochain, date de la fin de son mandat», affirme M. Diop. Il sera au président de l’Assemblée nationale d’assumer l’intérim pour organiser des présidentielles dans un délai de 3 mois, comme le stipule la Constitution du pays. Cette solution intermédiaire pourrait apaiser les tensions, selon M. Diop, qui émet toutefois certaines réserves. En effet, le contexte actuel dans la région, la situation économique ainsi que les tensions dans la Sahel sont des questions difficilement gérables et qui vont devoir être gérées par un homme qui n’a jamais été confronté à de telles situations, estime-t-il. Dans le même sens, M. Diop souligne que dans un contexte marqué par une forte instabilité régionale, deux pays, à savoir le Sénégal et la Côte d’Ivoire, restent les garants de la stabilité et ne peuvent donc pas se permettre de passer par des phases d’instabilité.
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