Menu
Search
Mardi 16 Décembre 2025
S'abonner
close
Mardi 16 Décembre 2025
Menu
Search

CAN 2025 et couverture médicale : le détail du dispositif marocain

Un plan d’envergure nationale, plus de 500 soignants mobilisés, des hôpitaux de référence dans chaque ville, un avion sanitaire prêt à décoller. Pour la CAN 2025, prévue du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026, le Maroc ne se contente pas d’accueillir la plus prestigieuse compétition du football africain, mais entend bien lui assurer une couverture médicale exemplaire sur l’ensemble du territoire comme peu d’États africains, voire européens, savent le faire.

No Image
C’est un chantier de l’ombre, mais qui en dit long sur Maroc de 2025. Tandis que les regards seront rivés sur les pelouses, les stars, les billets et les stades, une autre bataille se prépare en coulisses : celle de la sécurité sanitaire. Six mois avant le coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des nations, prévue du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026, le Royaume a finalisé ce qui est sans doute l’un des plans médicaux les plus complets jamais conçus pour une compétition africaine. Le document, long de 42 pages, égrène les lieux, les effectifs, les procédures et les équipements. À travers ses lignes transparaît un choix stratégique fort : faire de la CAN un miroir des capacités de gouvernance du Maroc, notamment dans le champ ultra-sensible de la santé publique. Un enjeu technique, certes, mais aussi politique et diplomatique.

7 villes, 40 sites, 500 professionnels: un maillage sanitaire inédit

Les chiffres sont éloquents : plus de 500 professionnels de santé mobilisés, dont 260 personnels du ministère de la Santé, 60 soignants affiliés à la Fondation Mohammed VI des sciences et de la santé (FM6SS), et des dizaines d’agents de la Protection civile. À cela s’ajoute une logistique répartie sur sept villes hôtes : Rabat, Casablanca, Marrakech, Fès, Tanger, Agadir et Bouznika. Chaque site, stade, hôtel ou terrain d’entraînement fait l’objet d’un plan médical autonome, validé localement, avec médecin référent, contact hospitalier, plan d’évacuation, ambulance dédiée, trousse d’urgence, médicaments et personnels logés sur place. Un total de 46 hôtels sont concernés, ainsi que 6 stades principaux, 12 terrains d’entraînement, des fan zones, des espaces presse, et même les ports et aéroports. Le tout sous la coordination d’un Comité médical local (COL) dirigé par le Dr Saïd Zakini, avec des médecins responsables désignés pour chaque ville. Rabat, par exemple, mobilisera 57 soignants pour les seuls matchs officiels, en plus des 27 affectés aux hôtels et entraînements.

Un avion sanitaire prêt au décollage

Parmi les points les plus marquants du plan figure une mesure rarement vue sur le continent, y compris lors de compétitions internationales : la mise à disposition d’un avion sanitaire stationné à l’aéroport de Rabat, activable cinq jours avant le début de la CAN, jusqu’à deux jours après la finale. Son rôle : garantir l’évacuation en cas d’urgence vers un CHU ou une structure spécialisée, dans un délai maîtrisé. Le Maroc anticipe aussi les éventuels «pics critiques» : chaque ville dispose d’au moins un hôpital de référence, désigné selon des critères stricts (proximité, urgences, soins intensifs, plateau technique, imagerie). À Rabat, trois hôpitaux sont mobilisés (dont le CHU Ibn Sina), à Casablanca quatre (dont Cheikh Khalifa), à Marrakech deux (CHU et hôpital

militaire).

Une CAN médicalisée à tous les étages

Le dispositif prévoit huit infirmeries dans le stade Moulay Abdellah de Rabat pour les matchs de l’équipe nationale, soit le double du standard CAF, ainsi qu’une clinique dédiée, une infirmerie VVIP, VIP, presse, et joueurs. Chaque match mobilisera au minimum 4 médecins urgentistes, 4 infirmiers, 4 ambulanciers et 4 ambulances. En bord de terrain, les bancs de touche seront encadrés par des équipes médicales formées selon les protocoles FIFA, avec défibrillateurs, équipement de réanimation, trousses de terrain et accès dégagé à l’ambulance. Les arbitres bénéficieront de leur propre kiné, d’une infirmerie privative et d’un protocole d’évacuation spécifique. Le Maroc a également commencé des exercices de simulation grandeur nature dans chaque stade, dès le 8 décembre, soit près de deux semaines avant le premier match. Objectif : calibrer les circuits d’évacuation, tester les temps de réponse, former les binômes médecin-Protection civile. Pour chaque stade, une équipe de 13 intervenants est formée : 2 médecins FM6SS, 1 infirmier et 10 agents de la Protection civile.

Traçabilité totale, modernité et rigueur

Ce qui distingue le dispositif marocain, c’est aussi sa dimension numérique et de gouvernance. Chaque médecin mobilisé sera intégré à une plateforme d’information centralisée, développée par la FRMF, qui permet de tracer chaque incident, chaque évacuation, chaque diagnostic, avec rapports journaliers, indicateurs et traçabilité par site. Par souci de confidentialité et de robustesse, les données sont d’abord saisies à la main sur des fiches papier, avant d’être intégrées dans la base numérique par le médecin responsable du site. Une double saisie, contraignante, mais qui garantit une sécurité maximale des données et une exploitation statistique fiable à la fin de la compétition, y compris pour le rapport final à destination de la CAF.

La CAN comme vitrine de souveraineté sanitaire

Ce plan n’est pas qu’un outil technique. Il est l’incarnation d’un projet de souveraineté sanitaire à l’échelle nationale. Le Maroc affirme ici sa capacité à organiser, contrôler, soigner, intervenir et anticiper, sur un événement de grande ampleur, avec des standards équivalents aux compétitions européennes. Le message est clair : le Maroc ne veut pas seulement accueillir la CAN, il veut prouver qu’il en a les moyens souverains, y compris dans le domaine hautement stratégique de la santé. À l’heure où l’Afrique cherche à renforcer son autonomie sanitaire, cette CAN pourrait servir de modèle opérationnel régional, au-delà du sport. Pour autant, ce déploiement ambitieux ne sera jugé que sur sa mise en œuvre réelle. Le moindre raté, une évacuation mal gérée, une rupture de médicament ou un défaut de coordination entre ville et site sera scruté, documenté, interprété. Mais à ce jour, le Maroc coche toutes les cases d’une gestion anticipée, rigoureuse et conforme aux attentes de la CAF comme aux standards internationaux.
Lisez nos e-Papers