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Défis énergétique et géopolitique, La Samir, cohésion de la majorité... la lecture de Leïla Benali

Entre multiplication des investissements dans les énergies renouvelables, blocages réglementaires et inertie sur des dossiers sensibles comme La Samir, la ministre de la Transition énergétique et du développement durable, Leïla Benali, a tenté d’exposer sa vision d’un Maroc plus résilient sur le plan énergétique, lors d’une conférence organisée par la Fondation Lafqui Titouani le 19 février 2025 à Rabat.

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Invitée à une conférence-débat organisée par la Fondation Lafqui Titouani, Leïla Benali, ministre de la Transition énergétique et du développement durable, a détaillé les avancées et défis du secteur énergétique au Maroc. Dans un discours truffé de chiffres et de perspectives stratégiques, elle a insisté sur l’accélération des investissements dans les énergies renouvelables, la réforme du secteur des hydrocarbures et les ambitions du pays en matière de stockage et de régulation énergétique.

Dès le début de son intervention, Leïla Benali a mis en avant l’essor des énergies renouvelables sous son mandat. «Dès la première année, nous avons multiplié par 15 le nombre de licences accordées pour des projets d’énergies renouvelables», a-t-elle affirmé. Un tournant majeur qui s’est accompagné d’une explosion des investissements, passant de 1,5 milliard de dirhams (MMDH) annuels à 6 MMDH entre 2023 et 2024. Cette dynamique a également impacté l’emploi dans le secteur. «Nous avons multiplié par 11 le nombre d’emplois créés dans les énergies renouvelables», a précisé la ministre, tout en soulignant que les infrastructures électriques ont vu leur budget multiplié par 5, notamment pour moderniser et adapter le réseau aux nouvelles exigences du mix énergétique.

Hydrocarbures : plus de transparence et diversification des acteurs

Concernant le secteur des hydrocarbures, Mme Benali a mis en avant les efforts de régulation et d’ouverture du marché. «Nous avons élargi la concurrence en augmentant le nombre de distributeurs de 19 à 35, avec la création de 600 nouvelles stations-service, générant 3.500 emplois», a-t-elle souligné.

La ministre a également tenu à évacuer les accusations de conflits d’intérêts dans la gestion du secteur, affirmant que «toute l’activité des hydrocarbures avait été digitalisée afin d’éliminer toute intervention humaine dans la fixation des prix et des marges bénéficiaires». Elle a ajouté que le Conseil de la concurrence se penchait actuellement sur la définition de ces marges afin d’améliorer la transparence du marché.

L’épineux dossier de La Samir

Interrogée sur La Samir, raffinerie nationale en arrêt depuis 2015, Leïla Benali a rappelé que le dossier était toujours devant la justice. «Le Maroc attend la résolution judiciaire avant toute décision politique», a-t-elle déclaré. Tout en reconnaissant l’importance stratégique d’un raffinage national, elle a insisté sur la nécessité d’une étude approfondie des impacts environnementaux et économiques d’une éventuelle réouverture. Elle a également souligné que malgré l’existence d’un capital physique disponible, «aucun investisseur n’a manifesté un intérêt pour relancer le raffinage au Maroc, qui ne dispose pas de production locale de pétrole», rendant ainsi le secteur peu compétitif. Sur le plan social, la ministre a assuré que l’État restait mobilisé pour accompagner les travailleurs affectés par la fermeture, tout en prenant en compte les attentes des habitants de Mohammédia. «Beaucoup souhaitent voir leur ville évoluer vers un modèle plus propre, en ligne avec les exigences environnementales modernes», a-t-elle ajouté.

Une nouvelle stratégie de stockage énergétique

Mais au-delà de La Samir, le véritable enjeu est ailleurs. Le Maroc cherche à se doter d’un cadre énergétique plus stable, et cela passe notamment par une réforme du stockage stratégique des hydrocarbures. Mme Benali a annoncé alors une refonte du cadre législatif en 2025, avec une augmentation des investissements dans le stockage, en partenariat avec le Fonds d’approbation. Une réforme qui vise à garantir une meilleure sécurité énergétique pour un pays où les importations de produits raffinés pèsent lourdement sur la balance commerciale. «Il est incohérent d’imposer aux acteurs de sortir du fioul polluant tout en leur imposant en parallèle un stockage obligatoire de 60 jours», a-t-elle expliqué, insistant sur la nécessité de revoir ces réglementations. En revanche, elle a jugé l’obligation de stockage justifiée pour le gaz butane, dont la sécurisation reste une priorité nationale. Quant au sujet de l’électricité, alors que le Maroc vise 52% de capacité électrique issue des énergies renouvelables en 2030, la ministre se montre prudente sur l’impact sur la facture des consommateurs. «Nous avons un objectif de 50 centimes/kWh, mais nous devons encore stabiliser la production», a-t-elle précisé. Actuellement, le coût du kWh reste autour de 1 dirham, largement au-dessus des ambitions du modèle énergétique marocain. Autre enjeu clé : l’échec de la politique «Zéro Mika», initiée il y a plusieurs années, mais dont les résultats restent très insuffisants en raison d’un manque de contrôles et d’une forte dépendance aux importations de plastique.

Le Maroc face aux défis énergétiques et géopolitiques

In fine, Leïla Benali a replacé ces enjeux énergétiques dans un contexte plus large, évoquant les grandes ambitions du Maroc sur la scène régionale et internationale. Elle a mentionné la préparation du pays pour accueillir la CAN 2025 et la Coupe du monde 2030, mais aussi des projets stratégiques comme le Gazoduc africain atlantique et l’Initiative Royale Atlantique. Selon elle, la stabilité énergétique et la transition vers les énergies propres sont des leviers essentiels pour le développement économique et l’indépendance énergétique du Maroc. «Consolider la confiance dans l’action publique est fondamental pour assurer le succès des réformes et attirer les investissements nécessaires», a-t-elle conclu.
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