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Grève des étudiants et financement de l'AMO, deux grands défis de la réforme de la Santé

Entre les grèves sans précédent des étudiants en médecine, en pharmacie et en médecine dentaire et le grand défi lié au financement du dispositif de l'Assurance maladie obligatoire, le chantier de la réforme de la santé est mis à rude épreuve. Selon le professeur Jaafar Heikel, médecin et économiste de la santé, ces deux grandes questions conditionneront la réussite de ce projet qui a déjà enregistré d'importantes avancées.

Jaafar Heikel
Jaafar Heikel
Depuis plusieurs mois, les Facultés de médecine marocaines sont secouées par une crise sans précédent, marquée par des grèves et des manifestations d’étudiants. Ces derniers bloquent la réforme du processus de formation qui est au cœur de la réforme de la santé. Parallèlement, le financement de la couverture sociale reste un autre grand défi à relever pour parachever ce chantier. Invité de «L'Info en Face», le professeur Jaafar Heikel, médecin et économiste de la santé, analyse ces enjeux tout en insistant sur l'importance de capitaliser sur les avancées réalisées.

AMO, le casse-tête du financement

La généralisation de la couverture médicale avance dans le bon sens et son financement est au centre de toutes les attentions. Pour le Pr Heikel, il est nécessaire de revoir le financement global du système de santé marocain pour permettre un accès équitable aux soins tout en maintenant l’équilibre budgétaire des institutions de prévoyance sociale. Entre compromis, médiation et financement innovant, l'expert a souligné l’urgence d’adapter le modèle de financement de l’Assurance maladie obligatoire (AMO) aux réalités économiques actuelles. «Il est essentiel de trouver des mécanismes financiers suffisamment solides pour rééquilibrer le système de santé», a-t-il déclaré. Cette réforme, qui touche autant le secteur public que privé, passe par une révision du Tarif national de référence (TNR), resté inchangé depuis 2006, souligne l'invité de «L'Info en Face». Ce tarif, qui encadre les remboursements de l’AMO, ne reflète plus les coûts réels des soins, notamment dans le secteur privé. Une situation qui pèse à la fois sur les ménages et sur les caisses de prévoyance sociale, a-t-il rappelé.

Le coût des médicaments, un faux débat ?

Si le coût élevé des médicaments au Maroc est souvent au centre des critiques, le professeur Heikel a apporté une nuance importante. Selon lui, ces dépenses représentent une faible part des coûts totaux des traitements, en particulier pour des maladies chroniques comme le diabète. «Les médicaments ne constituent que 8% des dépenses globales dans la prise en charge du diabète», a-t-il précisé, pointant plutôt du doigt les hospitalisations et les examens médicaux comme les véritables facteurs de la hausse des coûts.

Le financement des infrastructures et des Facultés de médecine, vital pour l’avenir

Autre volet crucial évoqué par Jaafar Heikel : le soutien financier accru aux Facultés de médecine. L’amélioration des infrastructures, l’augmentation des moyens techniques et la formation de futurs médecins compétents sont, selon lui, des enjeux centraux pour garantir un système de santé pérenne. «Il est indispensable d’investir dans la qualité de la formation médicale pour préparer la relève», a-t-il affirmé.

Crise des étudiants en médecine : le compromis pour sortir de la crise

Au-delà des questions budgétaires, la crise actuelle entre étudiants, enseignants et autorités publiques demeure au centre des préoccupations. Malgré des tensions palpables, Jaafar Heikel a salué les efforts déployés par le gouvernement pour répondre aux revendications des étudiants. Toutefois, il a reconnu que le dialogue restait difficile, notamment sur les questions de qualité de la formation et des ressources. «Cette crise est prise très au sérieux par les autorités», a-t-il rappelé, appelant à une approche plus constructive pour parvenir à un compromis. Le professeur Heikel a insisté sur l’importance de la collaboration entre toutes les parties prenantes. Selon lui, seule une action concertée entre le gouvernement, le ministère de la Santé, les étudiants et le corps enseignant permettra de sortir de l’impasse. «Il est essentiel que chacun se mobilise pour trouver une solution durable», a-t-il martelé. Malgré les difficultés, Jaafar Heikel s’est montré optimiste quant à l’issue de cette crise. Il espère qu’un compromis sera rapidement trouvé, bénéfique tant pour les étudiants que pour les citoyens marocains. «Je suis convaincu que nous trouverons une solution, et je le souhaite de tout cœur», a-t-il conclu.
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