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Hommage à Feu Abdelkader Retnani par Me. Hubert Seillan

Me. Hubert Seillan, Avocat au Barreau de Paris et président de la Fondation France Maroc, paix et développement durable, rend un vibrant hommage Abdelkader Retnani qu'il a intitulé "Le grand éditeur nous a quittés, les souvenirs restent".

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Me. Hubert Seillan, Avocat au Barreau de Paris et président de la Fondation France Maroc, paix et développement durable

En appelant sa maison d’édition La Croisée des Chemins, Abdelkader Retnani voulut exprimer un message de paix et de tolérance. Il m’en avait assuré dès notre première rencontre, et ce fut sans doute ce qui me conduisit à lui confier mon premier ouvrage sur le Maroc. C’était en 2017. J’avais été nommé observateur du procès de Gdim Izik, par le Conseil national des droits de l’Homme. On se souviendra que la Cour d’appel de Rabat jugeait les auteurs de la mort de jeunes gendarmes stagiaires et de sapeurs-pompiers, un soir de novembre 2009, à l’issue d’une attaque de type terroriste, sur le lieu-dit de Gdim Izik, près de Laâyoune au Sahara. je lui avais adressé mes notes et il m’avait immédiatement demandé d’en faire un livre. Ainsi, parut en 2018 «Le Politique contre le Droit». Il fut ensuite de ceux qui me poussèrent à poursuivre l’écriture sur le sujet du Sahara. En 2019, il publia «Le Sahara marocain, l’espace et le temps», réédité en 2021 et dont il attendait mes compléments pour une troisième édition.



Le catalogue de La croisée des Chemins est d’une richesse exceptionnelle. Il touche tous les sujets, tous les modèles, les beaux-arts, l’architecture et l’histoire, la sociologie et les questions les plus en pointe, l’économie sociale et solidaire, l’anthropologie, les religions, etc. On ne trouve pas de frontières à un tel éclectisme. D’un voyage à Cuba, n’avait-il pas fait lui-même un beau livre d’art sur le cigare et le rhum !

En 2019, il me présenta à Ali Najab, le capitaine de l’Armée de l’air du Maroc dont l’avion fut abattu par un missile algérien, lors d’une mission de reconnaissance. Le capitaine s’éjecta et fut fait prisonnier. Il sera détenu durant 25 ans dans des conditions très dures dans les environs de Tindouf, l’épreuve, un calvaire duquel peu sortent vivants, n’entama en rien la force morale de l’officier. C’est un homme debout que je rencontrai. Nous sympathisâmes et comme il en avait fini de son témoignage il me demanda la préface. Son livre, «25 ans dans les geôles de Tindouf», honore La Croisée des Chemins et son directeur.

Celui-ci avait sans doute un peu confiance en moi, puisqu’il m’appela auprès de lui au titre d’avocat et de conseil de sa maison d’édition sur quelques sujets contractuels. Mais ma mission changea de dimension lorsque je dus lancer à Éric Zemmour une adresse comminatoire. L’homme politique français, controversé pour ses positions xénophobes à l’intention des musulmans, avait durant la campagne présidentielle créé une plateforme de communication appelée Croisée des Chemins. Le viol du droit de propriété, la contrefaçon étant manifeste, je l’avais sommé d’y renoncer. Zemmour ne répondit pas. Il savait que la durée d’une éventuelle procédure judiciaire s’étendrait au-delà des élections. Je n’en fus évidemment pas étonné, de même qu’Abdelkader, qui me dit alors qu’il allait demander à Driss Ajbali, un chercheur en sciences sociales, spécialiste des mouvements d’extrême droite français, de lui confier en urgence la matière qui pourrait faire un livre sur Zemmour. Ce qui fut fait très vite. «Éric Zemmour, un outrage français» parut durant la campagne, avec mon avant-propos : Zemmour l’emprunteur.

Amoindri depuis quelques semaines, il n’avait pas cessé de diriger sa maison. Il y a moins d’un mois, il me demandait de lui adresser un texte pour, je le cite, «un beau livre» qu’il avait en préparation pour célébrer la Marche Verte. Ce fut fait et je pus l’entendre une dernière fois. C’était la semaine dernière. Il avait lu mon texte, mais il était déjà dans le futur. Il attendait mes compléments pour la troisième éd. du «Sahara». L’ayant assuré que ce serait fait courant décembre, il me dit tout simplement : «Merci, j’espère que je pourrai les lire, Inch Allah». n
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