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Jeunes Neet au Maroc : le HCP en remet une couche

Après la publication par le CESE d'un avis sur la situation des jeunes NEET au Maroc, et la vive réaction d'Akhannouch concernant le timing de cette publication, coïncidant avec la présentation du bilan mi-mandat du gouvernement, le Haut-Commissariat au Plan a publié un éclairage pour approfondir la compréhension de cette catégorie, basé sur l'enquête nationale sur l'emploi 2022. Destiné aux décideurs politiques et sociaux, cet éclairage vise à fournir une perspective plus claire sur les défis auxquels sont confrontés les jeunes dans la société, en particulier les NEET. 

L'examen réalisé dans le cadre de cette étude a permis d'identifier plusieurs déterminants clés du statut NEET parmi les jeunes. Les résultats mettent en exergue l'influence prépondérante du niveau d'éducation, de l'état matrimonial, de l'âge, du genre, du niveau d'éducation du chef de ménage et de la géographie sur la probabilité de se retrouver NEET.

Le niveau d'éducation se révèle être un élément critique influençant la probabilité de devenir NEET.



Les individus disposant d'un niveau d'éducation inférieur présentent un risque substantiellement accru d'être NEET. En contraste, ceux ayant atteint des niveaux d'éducation plus élevés présentent des risques amoindris , témoignant ainsi du rôle fondamental de l'éducation dans l'atténuation de l’ampleur du statut NEET. En outre, l'âge émerge comme un facteur déterminant, avec une prévalence accrue du statut NEET parmi les jeunes adultes âgés de 20 à 24 ans.

De plus, la situation matrimoniale apparaît comme un facteur influent, en particulier pour les femmes mariées qui semblent être davantage exposées à la NEETitude par rapport aux hommes et aux femmes non mariées. Les femmes mariées semblent être confrontées à des défis particuliers tels que les responsabilités familiales accrues, des contraintes temporelles liées à la gestion du foyer et une pression sociale persistante qui peut limiter leurs choix éducatifs et professionnels. L'éducation du chef de ménage émerge également comme un facteur significatif du statut NEET.

Par ailleurs, le genre en tant que tel se révèle être un facteur discriminant, avec une probabilité plus élevée pour les jeunes femmes d'être NEET que les hommes. "Cette constatation souligne la nécessité de redoubler les efforts pour promouvoir l'égalité des genres dans l'accès à l'éducation et à l'emploi, afin de réduire les disparités de participation des femmes sur le marché du travail", note le rapport.

Plus de 25% des jeunes marocains se trouvent dans une situation de NEET

Plus de 25 % des jeunes marocains âgés de 15 à 24 ans se trouvent dans une situation de NEET soit 1,5 million de jeunes, ce qui représente un contingent substantiel de la population juvénile.

Une analyse plus approfondie des données révèle une distinction notable entre les jeunes NEET au chômage et ceux inactifs. En effet, plus d'un quart des jeunes NEET (27,6%) sont au chômage, tandis que les trois quarts (72,4%) restants sont inactifs, ne manifestant pas d'intérêt actif pour l'insertion professionnelle. Cette distinction entre les deux catégories soulève des interrogations sur les politiques de promotion de l'emploi et de l'activité économique, ainsi que sur les dispositifs d'accompagnement des jeunes vers l'emploi et la formation.

Par ailleurs, une analyse différenciée selon le genre met en lumière des disparités significatives. Les jeunes femmes sont disproportionnellement touchées par la " NEETitude" , avec un taux atteignant 37,3% chez cette population, comparativement à 13,5% chez les hommes. Cette disparité de genre dans l'accès à l'éducation et au marché du travail soulève des questions essentielles sur l'égalité des chances et l'accès aux opportunités socio-économiques pour les jeunes femmes au Maroc. En outre, une analyse géographique révèle des variations régionales dans la répartition des jeunes NEET. Bien que la prévalence soit plus marquée en milieu urbain (51,4% des jeunes NEET sont en milieu urbain), certaines régions telles que Béni Mellal-Khénifra (30,6%) et l'Oriental (28,1%) affichent des taux de NEET supérieurs à la moyenne nationale (25,2%).

37,3% des femmes âgées de 15 à 24 ans se trouvent dans une situation de NEET

Dans l’exploration des entraves à l'inclusion socioéconomique des jeunes femmes, le Maroc se trouve confronté à un enjeu significatif. En effet, 37,3% des femmes âgées de 15 à 24 ans se trouvent dans une situation de NEET. Cette réalité, particulièrement accentuée en milieu rural (51,5% contre 28,2% en zone urbaine), soulève des interrogations fondamentales quant à l'inclusion socio-économique des jeunes femmes. Disparités régionales et concentration des femmes NEET.

Quatre régions abritent plus de la moitié des femmes NEET (57,6%) : Marrakech-Safi, Casablanca Settat, Fès-Meknès et Rabat-Salé-Kénitra. En outre, six régions présentent des taux de NEET supérieurs à la moyenne nationale (37,3%), mettant en évidence des disparités territoriales substantielles nécessitant une attention particulière.

La majorité des femmes NEET (87,5%) sont inactives, principalement en raison de leurs responsabilités familiales (94,5% sont des femmes au foyer). Par ailleurs, une proportion significative de ces femmes inactives réside dans des zones rurales (60%), ce qui témoigne d'une prévalence notable de NEET dans les milieux ruraux du pays. Quant aux jeunes femmes NEET inactives, une majorité considérable déclare ne pas être disponible pour travailler. Les raisons principales invoquées incluent l'implication dans l'éducation des enfants et les tâches ménagères (74,8%), ainsi que l'opposition manifestée par le conjoint, le père ou d'autres membres de la famille (8,0%). Le désintérêt pour l'emploi est ainsi évoqué comme un facteur, mettant en évidence l'impact des normes socioculturelles sur les aspirations professionnelles des femmes, soulignant ainsi la nécessité d'une approche holistique pour promouvoir leur inclusion socioéconomique.

Facteurs influençant la probabilité d’être NEET au Maroc

L'analyse descriptive révèle l'importance significative de divers facteurs comme :
  • Le niveau d'éducation se révèle être un facteur déterminant du statut NEET. Les jeunes qui n'ont pas achevé leur cursus scolaire encourent un risque nettement plus élevé d'être NEET.
  • Les jeunes mariés présentent 5,4 fois plus de risques d'être NEET que les jeunes non mariés, soulignant ainsi l'effet des obligations familiales et des normes sociales sur le statut NEET, particulièrement pour les femmes mariées.
  • L'âge constitue un autre facteur significatif dans la probabilité d'être NEET. Les résultats démontrent que les jeunes âgés de 20 à 24 ans ont une probabilité plus élevée d'être NEET que ceux âgés de 15 à 19 ans, ce qui peut s'expliquer par la période de transition critique vers le marché du travail que traversent les jeunes de cette tranche d'âge.


L'examen des données descriptives révèle une nette prévalence des femmes NEET (ni en emploi, ni en éducation, ni en formation) au sein de la tranche d'âge des 15-24 ans, ces dernières représentant 72,8% de cette cohorte démographique. L'éducation s'avère être un point important. Les chances d'être NEET sont approximativement 24 fois plus élevées pour les jeunes femmes dépourvues de tout diplôme par rapport à leurs homologues diplômées de

l'enseignement supérieur. Ce constat souligne l'importance capitale de l'éducation et des qualifications dans l'intégration socio-économique des femmes, mettant en exergue la nécessité d'un accès accru à l'éducation et à la formation pour atténuer le phénomène de NEET chez les jeunes femmes. Par ailleurs, le mariage s'avère jouer un rôle significatif en tant que déterminant du statut NEET.

Les recommandations du HCP

Pour réduire la prévalence du statut NEET chez les femmes, le HCP indique que l'accès à l'éducation et à la formation devrait être encouragée, en particulier pour celles qui sont actuellement sans diplôme. En investissant dans leur éducation, la société peut contribuer à réduire les inégalités et à offrir de meilleures perspectives d'avenir pour ces jeunes femmes, leur ouvrant davantage d'opportunités de réussite personnelle et professionnelle.

Un élément essentiel pour soutenir les femmes mariées en matière de conciliation travail-vie familiale est la mise en place de plannings aménagés, des horaires flexibles. Cela leur permettrait d'équilibrer leurs responsabilités familiales avec leurs engagements professionnels ou académiques.

De plus, en proposant des congés de maternité prolongés et des crèches accessibles, les femmes pourraient mieux concilier leur rôle de mère avec leurs aspirations professionnelles, favorisant ainsi leur autonomisation économique. Enfin, la dimension géographique joue un rôle important, avec des disparités régionales significatives. Les régions de l’Oriental et de Beni-Mellal-Khénifra représentent des taux de NEET plus élevés par rapport autres régions, probablement en raison de différences de développement économique et d'opportunités d'emploi entre les régions. Il est crucial de tenir compte de ces disparités géographiques lors de l'élaboration de politiques et de programmes visant à réduire le statut NEET parmi les jeunes.

Des mesures spécifiques peuvent être mises en place pour renforcer le développement économique des régions les plus touchées, améliorer l'accès à l'éducation et à la formation, ainsi que promouvoir la création d'emplois à l’échèle local adaptés aux besoins et spécificités de chaque région.
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