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La Résolution 2797 sur le Sahara, un tournant historique qui fait du Maroc l’architecte de la solution (Adnan Debbarh)

Invité de l’émission «L’Info en Face», Adnan Debbarh, enseignant en géopolitique et stratégie mondiale à l’ISCAE, a livré un décryptage approfondi des derniers développements autour de la question du Sahara marocain, au lendemain de l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2797 consacrant le plan d’autonomie comme la seule base pour le règlement de ce différend artificiel. Il y voit une transformation structurelle du dossier, marquée par la reconnaissance du Maroc comme acteur central et porteur d’un modèle inédit de résolution fondé sur le développement et la gouvernance.

Au lendemain de l’adoption de la résolution 2797, un consensus international sans précédent se dessine autour de la marocanité du Sahara et du plan d’autonomie. Pour Adnan Debbarh, cette décision dépasse le simple cadre diplomatique. Elle pose un nouveau paradigme, où la question du Sahara se déplace du terrain politique vers celui de l’ingénierie institutionnelle, du développement et de la gouvernance. Selon lui, ce texte ouvre une étape décisive qui reconfigure profondément la nature du dossier, le rôle des acteurs et les perspectives de règlement.

Pour M. Debbarh, cette résolution marque «une victoire importante de la diplomatie marocaine, historique même», non seulement pour son contenu, mais pour le cadre qu’elle consacre. Elle trace un cadre nouveau et une nouvelle approche dans les relations internationales et dans la résolution des conflits. El le Maroc n’est plus l’acteur du conflit, mais l’architecte de la solution du conflit, souligne l'expert. Selon lui, la nouveauté réside dans la manière dont les Nations unies requalifient la démarche marocaine. On sort d’une logique binaire où un territoire fait l’objet d’un différend classique, pour «confier au Maroc l’architecture de la solution : imposer le récit, la solution et la construction d’un nouvel équilibre régional».
Ce changement, fruit des efforts soutenus de Sa Majesté le Roi Mohammed VI au cours des 26 dernières années, ainsi que de l’engagement personnel du Souverain en faveur de cette question, s’opère aussi grâce au soutien explicite des grandes puissances membres du Conseil de sécurité, et à une reconnaissance de l’approche marocaine, structurée depuis plus de quinze ans autour de la proposition d’autonomie.
Pour M. Debbarh, le passage est clair : la résolution 2797 marque l’entrée dans un nouveau paradigme. «Ce n’est plus une approche de résolution du conflit par l’autodétermination, un principe qui maintenant a pris beaucoup de rides, mais une approche par le développement et la nouvelle gouvernance. Et de noter que le cœur de cette vision est que l’acteur légitime n’est plus celui qui revendique politiquement un territoire, mais celui qui a la capacité réelle de le développer et d’y assurer prospérité et stabilité. Il s’agit donc d’une réinterprétation profonde du principe d’autodétermination, dont la mise en œuvre devient une construction collective de bien-être et non plus un référendum binaire. «L’autodétermination nouvelle, c’est construire un espace de prospérité», dit-il.

Le plan d'autonomie : vers une formulation détaillée

Sa Majesté le Roi l'a annoncé dans Son discours de vendredi : «Dans le droit fil de la Résolution onusienne, le Maroc procédera à l’actualisation et à la formulation détaillée de la Proposition d’Autonomie en vue d’une soumission ultérieure aux Nations unies. En tant que solution réaliste et applicable, elle devra constituer la seule base de négociation.» Ainsi, «si la résolution onusienne reconnaît la pertinence de l’Initiative marocaine d’autonomie, elle ouvre aussi une nouvelle étape : son actualisation et son raffinement. De ce fait, le Maroc procédera à l’actualisation et à la formulation détaillée de la proposition d’autonomie dans une optique fraternelle et constructive.» Selon M. Debbarh, le Maroc a intelligemment laissé un cadre souple aux négociateurs, afin de définir ce qui est négociable, ce qui ne l’est pas et ce qui peut être construit en commun. Il observe également que le Maroc négocie en position de force grâce à un «back office» déjà solide : l’expérience de la régionalisation avancée et un historique d’investissements structurants dans les provinces du Sud.

Le développement des provinces du Sud : un argument décisif

Pour l’expert, l’évolution du Sahara marocain en cinquante ans est un élément majeur qui a contribué à la crédibilité de la démarche marocaine. «1975, ce n’est pas 2025. Il y a un véritable développement», souligne-t-il. Il rappelle que les indicateurs socioéconomiques des provinces du Sud figurent parmi les meilleurs du pays, avec un PIB par habitant parmi les plus élevés. En effet, sur le plan économique, il n'y a qu'à rappeler l'annonce du secrétaire d'État adjoint américain, Christopher Landau, que l'administration américaine encourageait les investissements américains dans les provinces du Sud, la signature, le 4 octobre dernier, de l’accord agricole Maroc-UE, permettant l’accès des produits agricoles des provinces du Sud au marché européen, ainsi que la participation de la France, le 9 octobre, au Forum économique Maroc-France à Dakhla, en vue d'explorer de nouvelles opportunités de coopération entre les deux pays. Sans oublier la signature, le 17 octobre, entre le Maroc et la Russie, d'un accord de pêche maritime incluant les provinces du Sud, outre l'importante initiative visant à permettre aux pays du Sahel d’accéder à l’océan Atlantique. C'est donc vers un développement économique inédit que l'on se dirige.

Cette dynamique est aussi un message adressé aux populations des camps de Tindouf, souligne l'invité de «L'Info en Face». S.M. le Roi les a appelé à «saisir cette opportunité historique pour retrouver les leurs et jouir de la possibilité que leur offre l’Initiative d’autonomie de contribuer à la gestion des affaires locales, au développement de leur patrie et à la construction de leur avenir, dans le giron du Maroc uni.» «Revenez, et travaillons ensemble main dans la main». Ce message est hautement important et témoigne de l’assurance donnée par le Souverain à l’inclusion pleine et entière de ces populations.

Algérie : isolement diplomatique et main tendue

L’abstention de la Chine, de la Russie et du Pakistan et le refus de vote de l’Algérie ont nourri le débat. Pour M. Debbarh, l’attitude algérienne révèle une posture «nostalgique» et dépassée : «On a l’impression d’un lexique des années 1970, éculé, dépassé», remarque l'expert. Son refus de participer au vote, plutôt qu’une simple abstention, est le reflet d’un isolement politique et d’une difficulté à assumer la dynamique enclenchée. Mais loin de l’esprit de confrontation, le Discours Royal ouvre une perspective, voire un horizon pour l’ensemble de la région, «ce n’est pas le temps de l’humiliation. Le Maroc n’est pas un pays de rancune, mais de la main tendue», note l'enseignant en géopolitique et stratégie mondiale. Il voit dans cet appel à un dialogue sincère avec l’Algérie une clé pour relancer la construction maghrébine.

Au-delà du vote, l’expert insiste sur le fait que cette avancée n’est pas une conclusion, mais un début. «Ce n’est pas terminé. Le travail commence», lance-t-il. La résolution consacre un Maroc à la fois légitime et responsable, qui va poursuivre ses efforts selon une approche professionnelle, stratégique et inclusive. Pour Adnan Debbarh, la résolution 2797 est plus qu’un vote favorable : c’est l’officialisation, par la communauté internationale, d’un changement profond de mode de résolution des conflits territoriaux. En reconnaissant au Maroc la capacité d’être «l’architecte de la solution», les Nations unies font du développement et de la gouvernance le nouveau socle du règlement.
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