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La vision du PAM pour une révision équilibrée Moudawana (Younes Maamar)

Le PAM est pour mise à jour de l’actuel Code de la famille «afin de répondre aux attentes des citoyens et de garantir une meilleure équité entre les genres, mais tout en respectant les fondements religieux et culturels du pays». C’est en gros ce qu’a affirmé Younes Maamar, membre du bureau politique du Parti authenticité et modernité (PAM), qui était l’invité de l’émission «L’Info en Face» la semaine dernière. L’intervenant a par ailleurs déploré certains dérapages dans les réseaux sociaux allant jusqu’à tomber dans l’excommunication. Pour lui, il est primordial d’avoir un débat apaisé et respectueux des valeurs de chacun, et de «ne pas stigmatiser l’autre».

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La question de la réforme de la Moudawana n’en finit pas de susciter le débat au sein de la sphère partisane. Pour accompagner cette dynamique, l’émission «L’Info en Face» a reçu Younes Maamar, membre du bureau politique du Parti authenticité et modernité, qui s’est attelé à mettre en lumière la vision du PAM par rapport à cet énorme chantier de réforme sociétale. Et de prime abord l’invité de Rachid Hallaouy a tenu à expliciter la position du parti. Ce dernier est, selon lui, pour une mise à jour de l’actuel Code de la famille «afin de répondre aux attentes des citoyens et de garantir une meilleure équité entre les genres, mais tout en respectant les fondements religieux et culturels du pays».

Et c’est la raison pour laquelle M. Maamar affirme que les propositions formulées par l’Instance de révision de la Moudawana s’articulant autour de 17 axes principaux vont dans le sens souhaité par le PAM, puisqu’elles aspirent à établir un équilibre entre la préservation des valeurs culturelles et religieuses marocaines et l’adoption de principes universels de justice et d’équité.

La réforme doit rassembler et ne pas diviser

«En tant que parti politique, nous avons participé en première ligne à cet exercice, parallèlement à d’autres acteurs clés, notamment le Conseil supérieur des oulémas», a-t-il déclaré, précisant que chaque partie prenante jouait un rôle dans l’aboutissement de ce chantier. Le Conseil supérieur des oulémas, par exemple, a apporté des solutions pragmatiques et adaptées, tout en respectant les principes fondamentaux de l’Islam, a ajouté M. Maamar. «Au PAM, nous comprenons le rôle des oulémas puisque leurs contributions permettent d’asseoir des bases solides pour un consensus national autour de cette grande réforme» a-t-il dit. Et de préciser que pour le PAM, les réformes doivent être perçues comme une opportunité de rassembler, et non de diviser. «On arrive à un point d’équilibre stable où on n’aspire pas à mettre en confrontation deux pans de notre société, l’un moderniste et l’autre conservateur, mais à les conjuguer en trouvant bien évidemment la bonne formule et le bon vocabulaire», a affirmé Younes Maamar.

Appel à une lecture juste des enjeux

Dans cette optique, Younes Maamar a insisté tout au long de son intervention sur l’importance d’un débat apaisé et respectueux des valeurs de chacun, appelant à «ne pas stigmatiser l’autre». Il a souligné que les critiques étaient parfois basées sur des arrière-pensées politiques ou des agendas cachés, ce qui risque de détourner l’attention des véritables enjeux, à savoir la réforme de la Moudawana et son rôle dans la consolidation de l’architecture démocratique du Maroc.

Évoquant le cas de Abdellatif Ouahbi qui a fait l’objet de beaucoup de critiques, M. Maamar a souligné qu’il était appelé en tant que ministre de la Justice à jouer un rôle central dans la mise en place de cette réforme. Il a recommandé d’évaluer son travail à l’aune des résultats obtenus. «Cela implique donc une analyse approfondie des mesures concrètes qu’il propose pour moderniser la Moudawana et renforcer les droits des citoyens».

Enfants : dissocier garde et responsabilité

Grosso modo, Younes Maamar estime que la réforme de la Moudawana doit s’inscrire dans une dynamique globale qui conjugue les principes de justice sociale, de respect des droits humains et l’impératif de conformité avec les valeurs fondamentales de la société marocaine. Dans l’esprit des 17 axes de réforme proposés, le PAM prône une refonte en profondeur des dispositions liées à la garde des enfants et à la responsabilité parentale. L’un des points clés mis en avant est la dissociation entre la garde et la responsabilité, un principe que le nouveau projet de réforme entend consacrer. «Parmi les éléments à retenir figure la dissociation entre la garde et la responsabilité, un principe que le nouveau projet de réforme consacre», a-t-il affirmé, rappelant que cette mesure vise à garantir un équilibre équitable entre les deux parents tout en plaçant l’intérêt supérieur de l’enfant au-dessus de toute autre considération.

Éviter de «singer des modèles exogènes»

Interrogé sur la question du «Taâssib», Younes Maamar a appelé à la vigilance. Selon lui, toute réforme devrait éviter de «singer des modèles exogènes» en termes de lecture du «Fikh». «Nous devons être attentifs à ne pas créer une jurisprudence qui pourrait être en décalage avec les valeurs et les spécificités marocaines, tout en gardant à l’esprit les dynamiques observées dans d’autres pays musulmans», a-t-il expliqué.

À travers cette approche réfléchie, le PAM entend ainsi résister aux pressions internationales tout en répondant aux aspirations d’une société marocaine en mutation, souligne l’intervenant. À cet égard, il a souligné l’importance de trouver une position médiane à même de concilier traditions locales et modernité. Pour ce faire, le PAM plaide pour une approche participative, impliquant les acteurs de la société civile, les experts en droit islamique et les institutions publiques pour garantir des réformes inclusives et consensuelles.

Le test ADN établit la responsabilité mais pas la filiation

Abordant la question sensible de la filiation, Younes Maamar a exprimé sa satisfaction quant aux avancées proposées dans le projet de réforme. «Il y a un progrès par rapport à la responsabilité, l’ADN est en mesure d’établir la responsabilité et donc l’engagement, mais l’ADN à lui seul ne peut pas établir la filiation», a-t-il précisé. Cette nuance a toute son importance car elle préserve, selon l’invité, à la fois la cohésion sociale et les droits de l’enfant. Mais au-delà des aspects juridiques, le membre du bureau politique du PAM a rappelé que la réforme en cours de la Moudawana s’inscrivait dans un projet sociétal plus large, visant à renforcer la cohésion sociale et à accélérer l’évolution démocratique du Maroc. De ce fait, insiste M. Maamar, le PAM estime que le dialogue et la concertation avec toutes les parties prenantes sont essentiels afin de garantir une réforme consensuelle et efficace.

Halte à l’excommunication !

Younes Maamar a déploré la «fièvre» qui s’est emparée des réseaux sociaux après des déclarations et prises de position du ministre de la justice Abdellatif Ouahbi. Tout en dénonçant une tendance au «Takfir» (l’excommunication), M. Maamar a regretté le fait que certains internautes se permettent de juger avec une légèreté excessive les convictions ou les intentions des responsables publics. Selon lui, ces critiques outrancières relèvent parfois d’un dénigrement infondé et oublient que «la perfection est de l’ordre du divin». La réaction de M. Maamar fait écho aux attaques récurrentes dont Abdellatif Ouahbi a fait l’objet, notamment après ses prises de position sur des sujets jugés sensibles.
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