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Le Réseau amazigh pour la citoyenneté pointe la lenteur de l’action gouvernementale

Le chantier de mise en œuvre du caractère officiel de l’amazighité a très peu avancé sous le gouvernement Akhannouch, voilà en substance la principale conclusion du rapport annuel sur la situation de l’amazighité 2023/2973, présenté mardi à Rabat par le Réseau amazigh pour la citoyenneté «Azetta Amazigh». Le document pointe notamment les retards dans les chantiers relatifs à l’implémentation de l’amazigh comme deuxième langue officielle.

Ph. Saouri
Ph. Saouri
Finalement, le nouveau rapport annuel sur la situation de l’amazighité, rendu public mardi par le Réseau amazigh pour la citoyenneté «Azetta Amazigh», n’a pas apporté de grandes nouveautés par rapport à celui de 2022.



En effet, malgré les efforts déployés et quelques avancées, notamment la reconnaissance du Jour de l’An amazigh, jour férié national officiel payé, à l’instar du premier Moharram de l’année de l’Hégire et du Jour de l’An du calendrier grégorien, l’amazigh n’a pas connu un réel avancement, explique le rapport, particulièrement dans les domaines de l’enseignement, des médias, de la communication et de l’administration. Une situation imputée, selon le rapport, essentiellement au manque de stratégie claire et d’une feuille de route visant à mettre en œuvre les engagements pris par l’Exécutif dans le cadre de son programme gouvernemental.

«Aujourd’hui, plus de deux années après l’investiture du gouvernement actuel, nous avons le regret de constater que son bilan dans le domaine de la mise en œuvre du caractère officiel de l’amazigh n’est pas à la hauteur des attentes, à cause de l’absence d’une stratégie claire pour mettre en œuvre ses engagements. Force est de constater, en effet, que plus d’une décennie après la constitutionnalisation de la langue amazighe comme langue officielle du pays, toutes les politiques publiques et territoriales n’ont fait que consacrer l’infériorité de la langue amazighe et son statut secondaire dans la hiérarchie linguistique approuvée par l’État marocain dans les différents domaines. Pourtant, le gouvernement était censé garantir à la langue amazighe la place et les fonctions appropriés qui lui permettront de remplir sa place et ses rôles de véritable langue officielle aux côtés de la langue arabe», souligne Youssef Laaraj, président du Réseau amazigh pour la citoyenneté Azetta, lors d’une conférence de presse organisée mardi à Rabat pour présenter les principales conclusions du rapport.

Le même intervenant pointe du doigt également l’absence de plans sectoriels prévus par la loi organique 26-16 publiée au Bulletin officiel. Pourtant, ladite loi stipule clairement dans son article 32 que «les départements ministériels, les collectivités territoriales, les institutions, les établissements publics, les institutions et organismes constitutionnels œuvrent à élaborer des plans d’action qui prévoient les modalités et les étapes d’intégration progressive de la langue amazighe dans les domaines qui la concernent, dans un délai n’excédant pas six mois, à compter de la date de publication de la présente loi organique au Bulletin officiel».

«Bien que le gouvernement actuel n’ait pas prévu dans sa composition un ministre délégué en charge de la langue amazighe, il n’a pas pris la peine de tenir une réunion de la Commission ministérielle permanente chargée d’assurer le suivi et l’évaluation de la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe, sachant que la dernière réunion de cette instance date d’avril 2021, sous le gouvernement précédent. Une réunion au cours de laquelle le plan intégré de mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe a été approuvé», ajoute M. Laaraj.

D’après le rapport, d’autres aspects témoignent par ailleurs de l’absence d’une réelle volonté pour la mise en œuvre effective du caractère officiel de la langue amazighe. Il y a lieu de citer le retard accusé dans la création du Conseil national des langues et de la culture marocaine, une institution constitutionnelle nationale indépendante prévue dans la loi organique 04-16 et qui est supposée être une référence en matière d’élaboration de politiques linguistiques et culturelles.

Le rapport relève aussi l’absence d’une approche participative en matière de mise en œuvre du chantier de l’amazigh, que ce soit à travers le lancement d’une série de consultations nationales, ou encore à travers l’institutionnalisation des mécanismes de dialogue et de consultation réels, efficaces et continus.

Le réseau amazigh pour la citoyenneté attire l’attention sur le faible résultat du fonds d’activation du caractère officiel de la langue amazighe qui a été intégré au sein du Fonds de modernisation de l’Administration publique et d’appui à la transition numérique et à l’usage de l’amazigh. Un fonds qui n’a pas – jusqu’à présent – publié son programme annuel ni le résultat de ses travaux, comme le prévoit le décret portant sa création, ce qui perpétue l’ambiguïté et le manque de transparence concernant sa gestion.

Enfin, le rapport pointe du doigt la faible coordination entre les composantes gouvernementales concernant les méthodes et moyens de gestion du dossier amazigh et l’absence de convergence entre les différents acteurs du secteur. Une situation qui contribue à la perte des énergies, des capacités et des efforts et empêche leur capitalisation pour rationaliser le temps, les efforts et les capacités.

Mise en œuvre du caractère officiel de l’amazigh : Des recommandations pour pallier les insuffisances

Pour pallier les insuffisances marquant l’action gouvernementale en matière d’implémentation du caractère officiel de l’amazigh, le réseau formule une série de recommandations. Il y a lieu de citer :

• L’élaboration d’une charte nationale des langues et de la culture qui assoie les bases d’une feuille de route pour la construction d’un Maroc du pluralisme et de la diversité.

• La mise en place d’un plan intégré pour activer le caractère officiel de la langue amazighe avec des buts et objectifs clairs et précis, qui seront traduits en une feuille de route qui comprend des mesures et des procédures précises qui peuvent être suivies, évaluées et mesurées.

• La création du Conseil national des langues et de la culture marocaine, compte tenu de ses missions et rôles stratégiques dans la mise en œuvre et la gestion des politiques linguistiques en tant qu’institution constitutionnelle de référence en la matière.

• La mise en place d’un fonds spécial pour mettre en œuvre le caractère officiel de la langue amazighe tout en veillant à améliorer sa gouvernance et garantir la transparence de sa gestion.

• La mise en place d’un mécanisme national de coordination de l’implémentation du chantier de mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe qui sera placé sous la supervision du Chef du gouvernement, et auquel sera confié les processus de coordination, de suivi, de mise en œuvre et d’évaluation, tout en assurant l’approche participative et l’implication des acteurs de la société civile.
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