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PAM : sur fond d’échange d’accusations, l’affaire Aboulghali s’envenime

La crise qui secoue le Parti authenticité et modernité (PAM) atteint son paroxysme. Dans un troisième communiqué explosif, Salaheddine Aboulghali, membre suspendu de la direction tripartite, accuse ses pairs de «complot» et menace d’engager des poursuites judiciaires. Il parle également de pressions visant à le pousser à la démission. Face à ces allégations, le PAM évoque des «attaques ignobles» en mettant en avant le respect des règlements et des procédures internes.

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La tempête qui secoue le Parti authenticité et modernité depuis plusieurs jours vient de prendre une nouvelle dimension explosive. Deux communiqués, publiés à 24 heures d’intervalle, révèlent l’ampleur de la fracture au sein du deuxième parti politique marocain et laissent présager une escalade dont les conséquences pourraient être coûteuses pour cette formation politique. L’affaire éclate le 10 septembre 2024, lorsque le bureau politique du PAM annonce la suspension de M. Aboulghali, invoquant des «plaintes privées» et des «soupçons de violations des statuts du parti». M. Aboulghali ne tarde pas à riposter. Dans un communiqué virulent (communiqué numéro 1), il dénonce le «comportement arbitraire et despotique» de Fatima Zahra El Mansouri, coordinatrice nationale de la direction collégiale du parti. De même, il rejette catégoriquement les accusations portées contre lui, les qualifiant de «complots sans fondement juridique». Mais l’affaire ne s’est pas arrêtée là.

Le PAM réaffirme sa position

Le 19 septembre 2024, le bureau politique du PAM publie un communiqué ferme où il condamne vigoureusement ce qu’il qualifie d’«attaques ignobles visant à ternir la réputation et l’image de la direction du parti». Tout en mettant en avant le respect scrupuleux des institutions et des règlements internes du parti par sa direction, le communiqué souligne l’adhésion totale de cette dernière aux procédures établies. Le document réaffirme en outre la détermination du parti à «poursuivre son travail et ses sacrifices, ainsi qu’à mettre en œuvre son projet de réforme sociétale au service des causes nationales et des citoyens marocains». Une allusion quasi explicite au bras de fer qui l’oppose Salaheddine Aboulghali.



En effet, cette déclaration, empreinte de fermeté, vise clairement à réaffirmer la position de la direction collégiale du parti face aux accusations portées par Salaheddine Aboulghali. Ainsi, ce communiqué, qui ne mentionne pas explicitement M. Aboulghali, est néanmoins perçu comme une réponse directe à ses accusations précédentes. Il semble indiquer aussi que le parti est déterminé à maintenir sa ligne de conduite, malgré la controverse grandissante.

Un revirement stratégique du bureau politique ?

La réponse de Salaheddine Aboulghali ne s’est pas fait attendre. Le 20 septembre, il publie un troisième communiqué (laissant entendre qu’il y en aura d’autres), plus long et plus incisif que les deux précédents. Dans ce document, il fait un nouveau déballage, accusant, à nouveau, certains membres du bureau politique de pressions et de manœuvres d’intimidation. Il affirme avoir reçu une nouvelle décision du bureau politique, l’informant du «gel de son adhésion au bureau politique» lors de sa réunion du 10 septembre 2024. Il souligne avec ironie que cette décision aurait été prise à «l’unanimité des membres du bureau politique».



Mais plus surprenant encore, M. Aboulghali affirme avoir eu accès à des informations indiquant un possible revirement du bureau politique du PAM. Selon des militants du parti proches de la direction, le bureau politique aurait fait marche arrière sur sa décision initiale (son exclusion de la direction collégiale), dans ce qui semble être une tentative pour clore le dossier. M. Aboulghali rapporte qu’on lui aurait même «demandé» d’éviter l’escalade et d’accepter de comparaître devant le comité d’arbitrage et d’éthique. Pour lui, ces développements pourraient être interprétés comme une reconnaissance implicite de son statut de secrétaire général toujours en fonction au sein de la direction collective du secrétariat général du parti. Cependant, une source au sein bureau politique du PAM balaye cela d’un revers de main.

Aboulghali contre-attaque

En tout état de cause M. Aboulghali semble déterminé à en découdre avec ses anciens amis du PAM. Pour lui, le fait que le bureau politique revienne sur sa décision initiale n’exonère en rien ceux qui ont participé à ce qu’il qualifie de diffamation et d’atteinte à sa réputation. «J’annonce que j’ai décidé de poursuivre ceux qui ont colporté (certains membres du bureau politique) et ceux qui ont publié (dans un journal), en dehors de toute éthique, des accusations contre moi de fraude et d’abus de confiance», déclare-t-il fermement.

M. Aboulghali en profite pour revenir en détail sur les circonstances de la transaction immobilière à l’origine de cette crise. Il affirme que l’acheteur présumé (également membre du PAM) a déposé un chèque de 4 milliards de centimes un an après l’expiration de la promesse de vente, et que ce montant est resté sur le compte du notaire (lui aussi membre du PAM) jusqu’à aujourd’hui. Il souligne que la promesse de vente, comme l’atteste le notaire Salaheddine Chenguiti, ne comportait aucun montant d’acompte.

Des accusations de pressions et de manipulation

Dans son communiqué, il affirme que certains membres du bureau politique ont tenté de le pousser à la démission lors de «la réunion à cinq», où il s’est retrouvé face à Fatima Zahra El Mansouri, Samir Goudar, Ahmed Touizi et Mehdi Bensaïd. Il accuse notamment Samir Goudar d’avoir adopté un «ton menaçant» pour le pousser à démissionner. Face à son refus, M. Goudar aurait alors «sorti» son téléphone portable et «ordonné» de déposer une plainte contre lui, selon les dires de M. Aboulghali.

Remettant en question la légalité de la décision du bureau politique, ce dernier cite les articles 96 et 97 des statuts du parti pour arguer que la suspension de son adhésion au bureau politique est en «violation flagrante» avec règles internes du PAM. Il va plus loin en accusant les membres du bureau d’impliquer le parti dans un «litige commercial». Pour lui, il s’agit d’un agissement «suspect». Ces derniers développements montrent que la crise au sein du PAM est loin de s’apaiser. Au contraire, les accusations de part et d’autre semblent s’intensifier, menaçant non seulement l’unité du parti, mais aussi son avenir.
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