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Pénurie d'eau : l'analyse de Policy Center for the New South

Quelles sont les politiques et mesures mises en place par le gouvernement pour garantir une meilleure gestion des ressources hydriques et préserver cette matière vitale ? Et quelles sont les défis qui restent à relever pour garantir un meilleur accès à l’eau pour tous ? Autant de questions auxquelles répond la dernière analyse du think tank «Policy Center for the New South», publiée vendredi dernier.

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Le constat établi par le think tank «Policy Center for the New South» dans sa dernière publication «Au fil de l’eau : l’innovation hydrique au Maroc», rendue publique vendredi dernier, confirme ce que l’on savait déjà. Le Maroc traverse l’une des périodes de sécheresse les plus difficiles. Mais ce qui caractérise particulièrement cette sécheresse, comme le souligne l’auteure de cet article de recherche, Fatima Ezzahra Mengoub, senior économiste au PCNS, c’est sa durée exceptionnelle de six années consécutives, marquant ainsi la période de sécheresse la plus longue de l’histoire du pays.



En effet, sur cette période, le cumul des précipitations moyennes s’est établi à 127 mm seulement, contre une moyenne de 183 mm, représentant ainsi une baisse significative d’environ 30%. Cette situation critique se reflète également dans le niveau de remplissage des barrages, qui était de seulement 26% au 21 mars 2024, contre 34% à la même période de l’année précédente, ou même 71%, dix ans auparavant. Des statistiques alarmantes qui témoignent de l’ampleur du défi que représente la gestion des ressources en eau au Maroc.

Prendre le problème de manque d'eau à bras le corps

Un défi que le gouvernement s’est engagé à relever en mettant en place diverses stratégies pour faire face aux répercussions de la sécheresse. Ainsi, plusieurs initiatives ont été prises, en vue d’assurer un approvisionnement en eau durable pour tous les citoyens, tout en préservant les écosystèmes et en répondant aux défis posés par le changement climatique. Il y a lieu de citer le lancement de la politique des barrages qui a marqué le début de cette volonté de gestion des ressources hydriques. À cela s’ajoute un changement technologique majeur qui a permis d’améliorer le secteur de l’irrigation, principal consommateur d’eau, notamment à travers la conversion des systèmes d’irrigation vers des méthodes plus efficientes telles que l’irrigation localisée, dans le cadre du Plan national d’économie d’eau d’irrigation (PNEEI).

Par ailleurs, le lancement du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation (PNAEPI) 2020-2027 a constitué une avancée importante, dans la mesure où ce dernier s’est fixé pour objectif de renforcer l’approvisionnement en eau et l’irrigation au Maroc. Ce programme, rappelle l’auteure, a prévu des investissements de 115,4 milliards de dirhams pour développer l’offre en eau (barrages, stations de dessalement), gérer la demande (réduction des pertes dans les réseaux de distribution, irrigation localisée), améliorer l’approvisionnement en eau potable en milieu rural, réutiliser les eaux usées épurées et sensibiliser le public, sachant que le PNAEPI constitue la première phase seulement du Plan national de l’eau 2020-50, qui définit les actions à mener pour assurer la sécurité hydrique du pays au cours des trente prochaines années.

Utilisation des eaux non conventionnelles

Cette politique ambitieuse de l’eau, qui a permis de doter le pays d’un patrimoine hydrique important et d’un cadre législatif relativement performant, a eu un impact positif sur le développement économique et social. En parallèle, et afin d’élargir l’offre de l’eau, le pays s’est tourné vers l’utilisation des eaux non conventionnelles, notamment les eaux de mer et les eaux usées. Pour le dessalement, le pays compte actuellement 9 stations opérationnelles avec une capacité de 10 millions de m³ en 2021 (SINEDD, 2024), tandis que 7 autres stations sont en cours de construction ou de lancement, avec une capacité combinée de 396.200 m³ par jour.

De plus, avec 41 projets de réutilisation des eaux usées épurées, le Maroc est désormais en mesure de réutiliser près de 32 millions de mètres cubes par an. Ces projets concrétisés ont eu un impact considérable sur le développement économique et social du pays. D’abord, l’augmentation des quantités d’eau destinées à la satisfaction des besoins en eau potable avec un taux de croissance annuel moyen sur la période 2016-2022 de plus de 3%. Ensuite, le taux de raccordement à l’eau potable en milieu rural qui a avoisiné en 2022 les 98%.

D’autre part, ces politiques de l’eau ont également permis d’assurer l’irrigation, surtout en période de sécheresse, et de protéger la production contre les aléas climatiques. En effet, le développement de l’irrigation a permis d’assurer une production agricole stable, même lors de périodes de sécheresse extrême, et de diversifier les cultures pratiquées. Il a encouragé le développement de cultures à haute valeur ajoutée destinées à l’exportation et la création de plus de 1,5 million d’emplois permanents et saisonniers dans le secteur agricole.

L’équilibre entre l’offre et la demande reste fragile

Néanmoins, note Mme Mengoub, malgré ces avancées, plusieurs défis persistent, dont le plus important est la croissance constante de la demande en eau. Malgré les investissements dans la construction de barrages pour augmenter la capacité de stockage de l’eau et réguler les débits des cours d’eau, ainsi que l’exploitation accrue des eaux souterraines pour répondre à la demande croissante, l’équilibre entre l’offre et la demande reste fragile. En outre, le recours aux eaux non conventionnelles, y compris le dessalement de l’eau de mer, et la réutilisation des eaux usées épurées, est devenu de plus en plus courant pour compléter les ressources en eau conventionnelles.

Cependant, ces méthodes présentent leurs propres défis. À commencer par leur coût élevé, la disponibilité des technologies appropriées et la gestion des impacts environnementaux. De plus, la durabilité à long terme de l’approvisionnement en eau est remise en question par les défis posés par le changement climatique, qui peuvent entraîner une augmentation de la variabilité des précipitations, des sécheresses plus fréquentes et des événements météorologiques extrêmes. Tous ces challenges soulignent la nécessité de politiques et de stratégies de gestion de l’eau intégrées.
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