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Pénurie d'eau : le Maroc consomme les réserves des générations à venir (Nizar Baraka)

Du stress hydrique, le Maroc est passé à une situation de pénurie hydrique, et la courbe d'apport en eau par habitant devrait tomber à 500 mètres cubes par habitant par an d'ici 2030, alors qu'elle était de 2.560 mètres cubes par habitant par an durant la seconde moitié du siècle dernier. Une situation extrêmement critique qui a rendu inévitable, d’après le ministre de l’Équipement et de l’eau, Nizar Baraka, un changement de paradigme et une mobilisation énergique pour y faire face.

La baisse tendancielle des apports en eau par habitant est une réalité qui se confirme d’année en année au Maroc et devrait s'établir à 500 mètres par habitant par an à l'horizon 2030. Pire encore, la dotation actuelle de 606 mètres cubes par habitant et par an n'est qu'une moyenne, mais la réalité montre que 51% de ces apports en eau sont concentrés sur 7% seulement du territoire national, ce qui revient à dire qu'un habitant de la région du Loukkos dispose de 1.000 à 1.200 mètres cubes par an, alors que celui du Sud ne dispose que de 100 mètres cubes par an.

Pénurie d'eau : des chiffres accablants

Ce constat sans appel a été une fois de plus établi par Nizar Baraka, qui s'exprimait lors d'une conférence-débat organisée par l’Alliance des ingénieurs istiqlaliens en coopération avec la Fondation Konrad-Adenauer au Maroc. En 1960, rappelle le ministre, la dotation en eau était de 2.560 mètres cubes par habitant par an. Aujourd'hui, cette dotation a chuté à 606 mètres cubes par habitant par an, avec une projection vers seulement 500 mètres cubes d'ici 2030. Cette baisse constante place le pays en dessous du seuil critique de 1.000 mètres cubes par habitant par an, marquant ainsi sa transition d’un contexte de «stress hydrique» à celui de «pénurie hydrique», souligne M. Baraka. Et pire encore, poursuit-il, il faut tenir compte de la réalité de la répartition des apports d'eau sur le territoire national. Plus de la moitié de ces apport en eau, soit 51%, sont concentrées sur seulement 7% du territoire. Cette disparité crée des écarts significatifs en matière d’accès à l'eau, avec des régions comme le Loukkos offrant de 1.000 à 1.200 mètres cubes par an par habitant, tandis que dans le Sud du Maroc, cette quantité chute à 100 mètres cubes par habitant par an, fait remarquer le ministre.



Et cette situation s’est répercutée bien évidemment sur les retenues des barrages. Ces réserves ont en effet chuté de manière drastique, passant de 22 milliards de mètres cubes à seulement 3 milliards de mètres cubes aujourd'hui. Cette diminution massive a conduit à une surexploitation des nappes souterraines, qui, bien que disposant d’un potentiel de 4 milliards de mètres cubes qui se renouvellent chaque année, font face aujourd’hui à une utilisation immodérée. En conséquence, le Maroc se trouve dans une situation où il consomme ses réserves d'eau pour le futur, compromettant ainsi la durabilité de l'approvisionnement en eau pour les générations à venir, alerte le ministre.

Quelles mesures de riposte pour gérer le stress hydrique ?

En réaction à cette situation critique, le Maroc a entrepris, conformément aux orientations stratégiques formulées par Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans Son discours du 14 octobre 2022, d'accélérer la mise en œuvre des projets prévus dans le Programme national prioritaire de l'eau 2022-2027. Ceux-ci prévoient notamment l’achèvement de la construction des barrages programmés, notamment 18 grands barrages comme l’a souligné M. Baraka, et la réalisation des «autoroutes de l’eau» consistant à interconnecter les bassins hydrauliques.

En termes d'exploitation des eaux non conventionnelles, le ministre a rappelé l'objectif de décupler la capacité de dessalement de l'eau de mer, pour la faire passer de 140 millions de mètres cubes actuellement à 1,4 milliard de mètres cubes à l'horizon 2030. L'objectif est, selon lui, de couvrir 50% des besoins en eau potable des zones côtières à l'aide de stations de dessalement de nouvelle génération utilisant les énergies renouvelables.

Dans le même ordre d'idées, M. Baraka a indiqué que son département continuerait à renforcer sa collaboration avec le ministère de l'Intérieur et les autorités locales dans le domaine de l'utilisation des eaux usées. Un domaine très important qui vise à limiter, d’après lui, la pression sur les barrages de manière à les consacrer exclusivement aux besoins en eau potable et à l'irrigation.
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