Au Maroc comme ailleurs, la gouvernance territoriale dépasse le cadre des textes législatifs et des enveloppes budgétaires : elle révèle la capacité d’un État à transformer ses ambitions en réalisations tangibles, vécues et ressenties par l’ensemble des citoyens. Dans un contexte où les disparités régionales continuent de marquer le quotidien, l’efficacité de l’action publique se mesure moins aux moyens déployés qu’à sa cohérence stratégique, à la rigueur de sa mise en œuvre et à l’impact concret qu’elle engendre. C’est à cette exigence de rationalité et de responsabilité que Nabil Bayahya, associé chez Forvis Mazars, auteur et enseignant, a éclairé les enjeux du PLF 2026, montrant comment ce projet pourrait devenir un levier pour une gouvernance territoriale rénovée, conciliant équité sociale, performance et reddition des comptes.
Gouvernance nationale et rigueur budgétaire Au-delà de l’exemplarité sportive, Nabil Bayahya transpose cette logique au champ de la gouvernance nationale, rappelant que le succès des politiques publiques ne se limite pas à l’allocation de moyens financiers. Selon lui, il repose sur une combinaison rigoureuse de capital humain qualifié, de discipline dans la gestion, de transparence et d’évaluation systématique. «La confiance du contribuable, et donc la solidarité fiscale, dépend entièrement de la transparence et de l’efficacité de la dépense publique : le citoyen accepte de financer des politiques quand il perçoit que l’argent est bien utilisé», insiste-t-il.
Dans ce cadre, le projet de loi de Finances 2026 se présente comme une opportunité pour impulser une action publique plus équitable, rompant avec le Maroc à deux vitesses et recentrant les efforts sur la réduction des disparités territoriales et la justice sociale. Toutefois, M. Bayahya met en garde : l’augmentation des crédits pour l’éducation et la santé ne suffira pas si elle n’est pas accompagnée d’une révision des modes de gestion, d’un renforcement des garde-fous et d’un arbitrage clair entre les secteurs public et privé.
Au cœur de cette gouvernance modernisée se trouve l’évaluation, que l’expert décline en trois temps complémentaires : l’ex-ante, pour définir la vision, fixer les objectifs chiffrés et anticiper l’impact des politiques ; le suivi en cours d’exécution, permettant de mesurer et d’ajuster les interventions ; et l’ex-post, étape capitale souvent négligée, qui juge l’impact réel sur l’emploi, la santé, l’éducation ou l’économie. « On ne peut laisser l’objet de l’évaluation être jugé uniquement par l’exécutant», souligne-t-il. Pour garantir des évaluations fiables et exhaustives, il propose de renforcer les parlementaires avec des assistants qualifiés et de formaliser des partenariats avec les universités et laboratoires de recherche, assurant ainsi que l’action publique atteigne véritablement ses objectifs et bénéficie aux populations ciblées.
Dans cette logique, M. Bayahya souligne également l’importance de créer un climat de confiance pour attirer les investisseurs et les opérateurs privés, tout en clarifiant la distinction entre libéralisation et privatisation: «La libéralisation ouvre l’initiative privée sous régulation de l’État, alors que la privatisation transfère purement et simplement un service public au secteur privé. Cette distinction est essentielle pour que les interventions privées servent réellement l’intérêt collectif et pour maintenir la confiance des citoyens».
L’objectif n’est pas de substituer le privé à la solidarité nationale, mais de conjuguer performance et équité. «Le Marocain n’est pas contre la solidarité», souligne l’expert, ajoutant que le citoyen accepte volontiers son impôt lorsque les politiques publiques sont efficaces et bien expliquées. Dans cette logique, le financement relève de la collectivité nationale – ceux qui peuvent payer contribuent, ceux qui ne le peuvent pas bénéficient du même accès et de la même qualité – tandis que l’expertise opérationnelle peut s’appuyer sur le privé. Cette articulation constitue, selon lui, le socle de la généralisation réussie du système de protection sociale et de la réduction des inégalités territoriales.
S’il reconnaît l’efficacité historique de l’école du ministère de l’Intérieur en matière de gouvernance territoriale, il précise que cette option ne doit être que temporaire, «dans l’attente d’une pleine maturité démocratique locale». Il relève par ailleurs la fragilité du champ politique national : «Nous n’avons pas de partis suffisamment structurés, ce qui entraîne des coalitions parfois artificielles. Dans d’autres pays, l’alternance gauche-droite a permis d’équilibrer les politiques libérales et sociales».
La jeunesse, levier de performance et d’exemplarité
La jeunesse incarne l’avenir d’un pays, mais aussi sa capacité à se réinventer et à s’élever par l’effort. Pour Nabil Bayahya, cette conviction prend tout son sens à travers l’exemple des Lionceaux de l’Atlas, sacrés champions du monde de football des moins de 20 ans. «Le talent seul ne suffit pas, c’est la discipline, la formation et la mobilisation des moyens qui font la différence», souligne-t-il. Cette réussite, loin d’être anecdotique, traduit une dynamique plus profonde : celle d’une jeunesse capable de se hisser au plus haut niveau lorsque les conditions d’encadrement, de confiance et de rigueur sont réunies. Au-delà du sport, ce modèle met en lumière la puissance transformatrice de l’investissement dans les jeunes. Lorsqu’ils sont accompagnés, formés et valorisés, ils deviennent un moteur de performance et d’exemplarité pour toute la société. Leur réussite collective illustre un principe essentiel pour l’action publique : structurer, évaluer et soutenir le potentiel de la jeunesse, c’est garantir des résultats durables, réduire les déséquilibres entre territoires et renforcer la cohésion nationale.Gouvernance nationale et rigueur budgétaire Au-delà de l’exemplarité sportive, Nabil Bayahya transpose cette logique au champ de la gouvernance nationale, rappelant que le succès des politiques publiques ne se limite pas à l’allocation de moyens financiers. Selon lui, il repose sur une combinaison rigoureuse de capital humain qualifié, de discipline dans la gestion, de transparence et d’évaluation systématique. «La confiance du contribuable, et donc la solidarité fiscale, dépend entièrement de la transparence et de l’efficacité de la dépense publique : le citoyen accepte de financer des politiques quand il perçoit que l’argent est bien utilisé», insiste-t-il.
Dans ce cadre, le projet de loi de Finances 2026 se présente comme une opportunité pour impulser une action publique plus équitable, rompant avec le Maroc à deux vitesses et recentrant les efforts sur la réduction des disparités territoriales et la justice sociale. Toutefois, M. Bayahya met en garde : l’augmentation des crédits pour l’éducation et la santé ne suffira pas si elle n’est pas accompagnée d’une révision des modes de gestion, d’un renforcement des garde-fous et d’un arbitrage clair entre les secteurs public et privé.
Au cœur de cette gouvernance modernisée se trouve l’évaluation, que l’expert décline en trois temps complémentaires : l’ex-ante, pour définir la vision, fixer les objectifs chiffrés et anticiper l’impact des politiques ; le suivi en cours d’exécution, permettant de mesurer et d’ajuster les interventions ; et l’ex-post, étape capitale souvent négligée, qui juge l’impact réel sur l’emploi, la santé, l’éducation ou l’économie. « On ne peut laisser l’objet de l’évaluation être jugé uniquement par l’exécutant», souligne-t-il. Pour garantir des évaluations fiables et exhaustives, il propose de renforcer les parlementaires avec des assistants qualifiés et de formaliser des partenariats avec les universités et laboratoires de recherche, assurant ainsi que l’action publique atteigne véritablement ses objectifs et bénéficie aux populations ciblées.
Un partenariat public-privé pour renforcer les territoires
Pour Nabil Bayahya, l’efficacité de l’action publique repose également sur la capacité de l’État à orchestrer des synergies avec le secteur privé, notamment dans les zones rurales où l’initiative économique privée n’intervient pas spontanément. «Il faut des incitations, peut-être une ingénierie spécifique ou des synergies avec le privé pour aider à ce que des centres de soins puissent s’installer, y compris dans le rural», précise-t-il. Selon lui, l’État doit assumer pleinement la mission d’implanter des services publics essentiels, tout en mettant en place des dispositifs d’accompagnement crédibles – subventions, aides à l’installation, prise en compte des surcoûts liés à la délocalisation – afin d’encourager les professionnels et investisseurs à s’engager dans des territoires éloignés.Dans cette logique, M. Bayahya souligne également l’importance de créer un climat de confiance pour attirer les investisseurs et les opérateurs privés, tout en clarifiant la distinction entre libéralisation et privatisation: «La libéralisation ouvre l’initiative privée sous régulation de l’État, alors que la privatisation transfère purement et simplement un service public au secteur privé. Cette distinction est essentielle pour que les interventions privées servent réellement l’intérêt collectif et pour maintenir la confiance des citoyens».
L’objectif n’est pas de substituer le privé à la solidarité nationale, mais de conjuguer performance et équité. «Le Marocain n’est pas contre la solidarité», souligne l’expert, ajoutant que le citoyen accepte volontiers son impôt lorsque les politiques publiques sont efficaces et bien expliquées. Dans cette logique, le financement relève de la collectivité nationale – ceux qui peuvent payer contribuent, ceux qui ne le peuvent pas bénéficient du même accès et de la même qualité – tandis que l’expertise opérationnelle peut s’appuyer sur le privé. Cette articulation constitue, selon lui, le socle de la généralisation réussie du système de protection sociale et de la réduction des inégalités territoriales.
Décentralisation, subsidiarité et gouvernance locale
Nabil Bayahya insiste sur le fait que l’action publique ne doit pas se limiter à des décisions centralisées : la gouvernance territoriale exige que le pouvoir soit exercé au plus près des citoyens, là où les besoins se font sentir. «La décentralisation, ce n’est pas seulement la déconcentration administrative ; c’est le transfert effectif des prérogatives de l’État vers les collectivités locales. Ces dernières connaissent mieux le terrain et doivent pouvoir décider de l’implantation d’un hôpital, d’une école ou d’une route», souligne-t-il. Le principe de subsidiarité, ajoute-t-il, constitue le fondement de cette approche : «Le pouvoir doit s’exercer à l’échelle la plus proche du terrain. Seule cette proximité permet d’articuler pertinence, efficacité et réactivité dans la mise en œuvre des politiques publiques». Dans cette perspective, il distingue deux modèles pour piloter le développement territorial : confier le leadership au ministère de l’Intérieur et à ses agents d’autorité, le temps d’une phase transitoire, ou instaurer un modèle hybride, associant élus locaux et représentants de l’État.S’il reconnaît l’efficacité historique de l’école du ministère de l’Intérieur en matière de gouvernance territoriale, il précise que cette option ne doit être que temporaire, «dans l’attente d’une pleine maturité démocratique locale». Il relève par ailleurs la fragilité du champ politique national : «Nous n’avons pas de partis suffisamment structurés, ce qui entraîne des coalitions parfois artificielles. Dans d’autres pays, l’alternance gauche-droite a permis d’équilibrer les politiques libérales et sociales».
