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PPS : un réquisitoire au vitriol contre le gouvernement

Mohammed Nabil Benabdallah, le secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme, n’a pas mâché ses mots lundi lors d’une réunion avec les députés de son parti. En réponse aux récentes déclarations du RNI, principale formation de la majorité, il a durement critiqué le gouvernement qui fait preuve, selon lui, d’arrogance et d’aveuglement face aux véritables défis du pays.

Nabil Benabdallah.
Nabil Benabdallah.
L’ambiance était électrique ce lundi 27 mai au siège du Parlement. Réunissant les parlementaires, Nabil Benabdallah, le secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS), s’est lâché sans retenue face aux représentants des médias. Dans allocution au vitriol, il a vivement critiqué le bilan politique et économique du gouvernement, l’accusant d’être en déphasage avec la réalité des citoyens.

Un ton offensif dès l’entame

D’entrée de jeu, M. Benabdellah a donné le ton. Visiblement agacé par les déclarations faites le week-end dernier par des dirigeants du Rassemblement national des indépendants (RNI), il a consacré une grande partie de son intervention à décortiquer leur «réaction indigne» après la deuxième lettre ouverte adressée par son parti au Chef du gouvernement. «Le crime que nous avons commis est d’avoir envoyé un deuxième message dans le même style que le premier (lettre ouverte), sans attaque ni diffamation envers quiconque», a-t-il lâché en visant nommément le président de la Chambre des représentants, Rachid Talbi Alami, deuxième homme fort du RNI, qu’il a accusé de tenir des «propos infames» à l’encontre de son parti.



Restant plutôt mesuré dans un premier temps, l’intervenant a rapidement haussé le ton pour dénoncer le «mépris» et «l’arrogance» marquant la réponse du gouvernement. «Nous recevons comme seule réponse celle exprimée par les membres de ce parti et qui n’ont pas fourni de réponses concernant la réalité de l’espace politique, la situation de l’emploi, la situation économique, le taux de croissance, les retards dans le projet de protection sociale...», a-t-il asséné.

Une opposition réprimée ?

Voilà pour le fond. Concernant la forme, M. Benabdallah a dénoncé ce qu’il considère comme un musellement de l’opposition et une entrave à son droit légitime d’exprimer des critiques. «Ils nous affrontent sans honte, sans pudeur, les yeux écarquillés, avec impudence, en se basant sur la Constitution, comme si nous étions dans un état de désordre constitutionnel», a-t-il lancé. «Vous ne reconnaissez le rôle de l’opposition que lorsqu’elle se fait la caisse de résonance qui amplifie et acclame le discours du gouvernement», a ajouté M. Benabdallah, soulignant que la majorité gouvernementale aurait souhaité avoir affaire à une opposition «gentille et docile». Dans sa diatribe, Nabil Benabdallah a également relancé la polémique sur le scrutin de 2021, entaché selon l’opposition par l’achat de voix et «l’utilisation flagrante de l’argent sale».

Chiffres à l’appui

Au-delà des passes d’armes oratoires, Nabil Benabdallah a attaqué le gouvernement aussi bien sur le plan politique qu’économique. «Les chiffres du Haut-Commissariat au Plan sont éloquents. Ils parlent de 3,5 millions de Marocains qui sont tombés sous le seuil de pauvreté», a-t-il lancé en convoquant les statistiques officielles. S’attardant sur le dossier de la protection sociale, il a critiqué le manque d’avancées concrètes et «l’allocation de certaines ressources». «Nous vous avons alertés à ce sujet, vous ne vouliez pas écouter. Allez voir ces centaines de milliers qui n’ont pas été pris en compte, malgré leurs maladies chroniques et leurs situations catastrophiques !» Le dossier de l’emploi a aussi été remis sur la table, avec une pique contre le gouvernement qui, selon lui, se cache derrière «ses prétendues réussites économiques». «Répondez-nous sur votre échec flagrant en matière d’emploi, sur l’augmentation du taux de chômage, les chiffres le montrent !» a-t-il insisté.

L’embêtante question du pouvoir d’achat

Le PPS a attaqué le gouvernement sur la hausse du coût de la vie et sur l’inflation galopante qui sévit depuis plusieurs mois. «Vous jouez avec les chiffres alors que le taux d’inflation était à deux chiffres, surtout pour les biens de consommation qui ont connu une augmentation allant jusqu’à 20%», a-t-il tonné en martelant que le pouvoir d’achat des citoyens en pâtissait durement. «La viande à 140 dirhams, le prix du mouton de l’Aïd et l’augmentation du prix de la bonbonne de gaz malgré les circonstances de l’Aïd (...), à cause de vos choix, le citoyen est laminé», a encore déploré le SG du PPS.

Au-delà des sujets économiques et sociaux, Nabil Benabdallah a vertement tancé l’Exécutif pour son isolement et son déni de la réalité. Il a ainsi critiqué «la manière dont le gouvernement traite les rapports des institutions officielles, en particulier le Conseil économique, social et environnemental et le Haut-Commissariat au Plan». Selon lui, le gouvernement se formalise des conclusions de ces institutions, plutôt que de prendre en compte leurs analyses objectives sur la situation économique et sociale du pays. Le chef du PPS a en outre pointé du doigt le non-respect par l’Exécutif du «nouveau modèle de développement», censé être la feuille de route du gouvernement. «Vous l’avez oublié, vous n’en parlez plus, alors que vous l’aviez présenté comme la référence, la première fois que vous avez présenté votre programme», a-t-il lancé. M. Benabdallah a aussi relevé l’incapacité du gouvernement à honorer ses promesses s’agissant de l’«État social». Il a cité des exemples concrets de retards ou d’échecs sur des dossiers comme le transfert vers le régime d’assistance médicale de centaines de milliers de personnes vulnérables. Enfin, le réquisitoire de Nabil Benabdallah a également abordé le volet institutionnel en estimant que le Parlement était relégué au second plan par un gouvernement qui cherche seulement à s’appuyer sur sa «majorité mécanique». «Vous venez à la coupole parlementaire seulement pour vous appuyer sur la majorité et faire passer ce que vous voulez passer», a-t-il asséné.
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