Dans l’imposante salle du Conseil de sécurité, au siège de l’ONU à New York, le rituel est bien rodé : tous les six mois, l’émissaire du Secrétaire général des Nations unies présente un point sur l’état du dossier du Sahara marocain. Mais cette fois, à huis clos, le ton de Staffan de Mistura a tranché avec la prudence habituelle du langage diplomatique et avec les circonlocutions d’usage dans les arcanes de l’institution onusienne. «Il existe un sentiment d’urgence», a-t-il déclaré. «Si nous voulons contribuer à une désescalade dans la région tout en avançant vers une solution politique réaliste, le moment est peut-être venu.» La phrase en dit long sur les évolutions de ces derniers mois et la nécessité de les mettre à profit pour qu’une solution soit enfin trouvée à ce conflit vieux de cinq décennies. En poste depuis novembre 2021, l’ancien diplomate italo-suédois estime que les conditions sont réunies pour «relancer un processus figé», à condition que «les parties fassent preuve de volonté politique».
Pour l’ONU comme pour de nombreux États membres, la cause de l’impasse n’est plus à démontrer : le refus persistant de l’Algérie et du polisario de participer à un processus onusien déjà validé par le Conseil de sécurité. Ce processus repose notamment sur les tables rondes réunissant les quatre parties concernées : Maroc, Algérie, polisario et Mauritanie. Depuis 2019, Alger s’y oppose catégoriquement, dénonçant un «format biaisé». Or, pour M. de Mistura, la relance du dialogue suppose l’engagement clair de toutes les parties autour de ce format.
À l’opposé, l’Algérie est accusée d’être enfermée dans une logique d’un autre siècle. «Elle refuse les tables rondes, s’accroche à un narratif figé hérité de la guerre froide. Pendant ce temps, le Maroc avance avec crédibilité, stabilité et vision.» Quant au polisario, l’ambassadeur ne mâche pas ses mots. «Ils n’ont jamais été élus. Ce sont toujours les mêmes personnes, issues des mêmes tribus, reconduites sans mandat démocratique, sous le parrainage de l’Algérie.» Pour lui, «il s’agit d’une double captation : l’Algérie a capté le destin des séquestrés de Tindouf et le polisario a capté leur parole.» En face, Omar Hilale décrit une autre réalité : celle d’un Sahara marocain vivant et représentatif. «Chez nous, les élus sont issus des urnes, renouvelés, ancrés dans leurs territoires. Il y a une jeunesse politique, des associations, une dynamique culturelle et économique réelle.» Le diplomate rappelle que ni les Nations unies ni l’Union africaine ne reconnaissent le polisario comme représentant légitime des populations sahraouies.
Le poids diplomatique de Washington
Parmi les éléments du nouveau contexte qu’il juge porteurs, M. de Mistura cite d’abord la réaffirmation américaine du soutien au plan d’autonomie marocain. Lors de la visite du ministre Nasser Bourita à Washington début avril, le département d’État a rappelé que la solution devait reposer sur une «autonomie sérieuse» dans le cadre de la souveraineté marocaine. «L’administration américaine actuelle a exprimé son intention de s’impliquer directement dans la facilitation d’un règlement accepté par tous», a-t-il ajouté. Cette position est d’autant plus significative que les États-Unis sont actuellement «pen holder» du dossier – autrement dit, le pays en charge de rédiger les résolutions sur le Sahara au Conseil de sécurité. Par ailleurs, la France qui assure la présidence tournante du Conseil soutient également la position marocaine sans équivoque. Cette double responsabilité confère au duo Paris-Washington une capacité d’influence déterminante. Pour le Maroc, cette convergence représente une opportunité stratégique : deux puissances disposant du droit de veto parlent aujourd’hui d’une seule et même voix.Autonomie à préciser, un langage qui évolue
Tout en se gardant d’endosser l’initiative marocaine, M. de Mistura a néanmoins reconnu que cette autonomie devait être «mieux expliquée». «Il est essentiel de clarifier les compétences transférées, les garanties institutionnelles et la participation démocratique envisagée», a-t-il noté. L’émissaire a également insisté sur l’importance d’impliquer pleinement les femmes sahraouies dans le processus politique. Par ailleurs, la présentation de M. de Mistura n’a fait à aucun moment mention du terme «référendum», de même qu’il n’a pas parlé du polisario comme représentant exclusif. Pour les observateurs fins connaisseurs du dossier, ce silence en dit long.Un blocage alimenté par Alger et le polisario
Il est clair que s’agissant du dossier du Sahara, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis la dernière résolution du Conseil de sécurité d’octobre 2024. En effet, cette résolution a consacré le cadre, les parties et la finalité du processus politique. Ainsi, le Conseil a rappelé de nouveau que les tables rondes constituaient le seul et unique cadre pour parvenir à une solution politique à ce différend régional. Mieux encore, la résolution a identifié clairement les parties au différend, notamment l’Algérie qui est citée dans la résolution autant de fois que le Maroc. De même, le Conseil de sécurité a insisté sur le fait que la solution politique ne peut être que réaliste, pragmatique, durable, et basée sur le compromis, des éléments cardinaux de l’Initiative marocaine d’autonomie, dont la prééminence a été réaffirmée.Pour l’ONU comme pour de nombreux États membres, la cause de l’impasse n’est plus à démontrer : le refus persistant de l’Algérie et du polisario de participer à un processus onusien déjà validé par le Conseil de sécurité. Ce processus repose notamment sur les tables rondes réunissant les quatre parties concernées : Maroc, Algérie, polisario et Mauritanie. Depuis 2019, Alger s’y oppose catégoriquement, dénonçant un «format biaisé». Or, pour M. de Mistura, la relance du dialogue suppose l’engagement clair de toutes les parties autour de ce format.
Le Maroc, un acteur crédible salué par ses partenaires
Quelques heures après l’intervention de Staffan de Mistura, l’ambassadeur du Maroc auprès de l’ONU, Omar Hilale, est intervenu sur Medi1 TV pour saluer le «contexte extrêmement favorable» et «la crédibilité croissante» du plan d’autonomie marocain. «Les États-Unis ont non seulement réaffirmé leur reconnaissance, mais se sont engagés à soutenir activement la relance des discussions autour de la seule solution possible : l’autonomie dans le cadre de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Maroc», a déclaré le diplomate. Par ailleurs, Omar Hilale voit dans l’alignement des positions américaine et française un facteur décisif : «Deux membres permanents du Conseil de sécurité qui soutiennent la marocanité du Sahara, c’est une impulsion politique et stratégique inédite». Il a aussi insisté sur le symbole historique : «La France, ancienne puissance coloniale, connaît cette région, connaît sa population. Son appui, conjugué à celui des États-Unis, est un véritable game changer.»À l’opposé, l’Algérie est accusée d’être enfermée dans une logique d’un autre siècle. «Elle refuse les tables rondes, s’accroche à un narratif figé hérité de la guerre froide. Pendant ce temps, le Maroc avance avec crédibilité, stabilité et vision.» Quant au polisario, l’ambassadeur ne mâche pas ses mots. «Ils n’ont jamais été élus. Ce sont toujours les mêmes personnes, issues des mêmes tribus, reconduites sans mandat démocratique, sous le parrainage de l’Algérie.» Pour lui, «il s’agit d’une double captation : l’Algérie a capté le destin des séquestrés de Tindouf et le polisario a capté leur parole.» En face, Omar Hilale décrit une autre réalité : celle d’un Sahara marocain vivant et représentatif. «Chez nous, les élus sont issus des urnes, renouvelés, ancrés dans leurs territoires. Il y a une jeunesse politique, des associations, une dynamique culturelle et économique réelle.» Le diplomate rappelle que ni les Nations unies ni l’Union africaine ne reconnaissent le polisario comme représentant légitime des populations sahraouies.
