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Younes Sekkouri : Le dialogue social ne doit plus être un rapport de force

Il y avait du beau monde lors de cette 15e soirée ramadanesque organisée à Rabat par la Fondation Lafquih Titouani. Outre Younes Sekkouri, le principal intervenant, des ministres, des hommes politiques toutes tendances confondues, des universitaires et d’anciens ministres étaient de la partie. Et c’est dans cette ambiance conviviale que le ministre de l’Inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences a exposé sa vision des rapports entre les partenaires sociaux et de leur importance pour l’édification de l’État social, un chantier d’envergure que le gouvernement entend mener à bien en mettant les moyens qu’il faut, selon lui.

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Le temps où les négociations entre l’Exécutif et les syndicats s’apparentait à un rapport de force est bel et bien révolu, affirme Younes Sekkouri, qui semble défendre une nouvelle approche en matière dialogue social. En appelant à passer «d’une culture de confrontation à une culture de négociation», le responsable gouvernemental vient de poser un cadre novateur des relations entre partenaires sociaux. Pour lui, ce changement de paradigme est essentiel pour instaurer la confiance entre l’État et les citoyens.



C’est cette approche constructive que le ministre de l’Inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences, membre du bureau politique du Parti authenticité et modernité (PAM), s’est évertué à défendre lors de sa participation à une rencontre-débat organisée mardi dernier à Rabat par la Fondation Lafquih Titouani. Décryptage.

Les vertus du dialogue apaisé

«Une approche basée sur la confiance mutuelle permettra de résoudre rapidement les problèmes et ouvrir la voie à des discussions constructives», a insisté le ministre donnant ainsi le la d’entrée de jeu. Exit la conflictualité stérile, place à l’intelligence collective pour dénouer les dossiers les plus complexes. Cette méthode a été appliquée avec succès récemment dans le dossier brûlant de la grève de l’enseignement. «Grâce au dialogue social, nous nous sommes mis autour de la même table avec les syndicats et avons atteint une paix sociale», a rappelé Younes Sekkouri qui estime que ce changement de cap est salutaire, tant les vieilles habitudes ont fait leur temps. «Il faut des conditions pour mener une négociation, la plus importante étant la confiance», a martelé le ministre, déplorant les logiques de défiance réciproque qui ont trop souvent prévalu par le passé.



Younes Sekkouri, a souligné que le coût du dialogue social, hors session d’avril 2024, a atteint près de 27 milliards de dirhams, ajoutant que le gouvernement est déterminé à honorer ses engagements, à respecter les accords conclus avec ses partenaires, et à poursuivre la mise en œuvre des résultats de l’accord social du 30 avril 2022. Rappelant que le dialogue social est un axe essentiel du programme gouvernemental, il a précisé que lors du round d’avril, d’autres dossiers seront abordés dans le but d’obtenir des résultats positifs. «Nous assumerons pleinement notre responsabilité», a-t-il martelé, promettant d’aboutir «à des accords substantiels d’ici fin avril».

Les enjeux stratégiques d’un État social renforcé

Au-delà du dialogue social, c’est l’enjeu de la consolidation de l’État social qui doit guider l’action du gouvernement, selon Younes Sekkouri. Selon lui, l’État social repose sur quatre piliers : la protection sociale, les relations de travail, les services publics et les politiques de soutien à l’emploi. À cet égard, force est de constater que le Maroc est précurseur dans le domaine de la protection sociale grâce au la Vision Royale, a-t-il dit, précisant que la généralisation de ce chantier coûte 10 milliards de dirhams par an. «L’État social repose sur des valeurs nobles et démocratiques, avec des piliers clés comme la protection sociale et les politiques d’emploi. Les services publics et les relations de travail sont également essentiels, d’où l’importance d’un dialogue social constructif», a-t-il rappelé. Autre axe stratégique, la modernisation du cadre légal encadrant les relations de travail. «Les lois et réglementations garantissent le droit constitutionnel encadrant les grèves», a expliqué Sekkouri, confirmant la détermination de l’Exécutif à poursuivre les réformes dans ce domaine sensible.

Plusieurs milliards pour financer les réformes

Reste l’épineuse question du financement de cette entreprise d’envergure qu’est la protection sociale. Interrogé sur le coût prévisionnel, le ministre n’a pas caché l’ampleur des besoins. «Le financement des programmes sociaux (Caisse de compensation, soutien au logement, protection sociale, etc.) a coûté entre 8 et 9 milliards de dollars», a-t-il lâché. Un chiffre astronomique à l’aune des défis, qui impose de revoir en profondeur les priorités budgétaires si le Royaume veut véritablement donner corps à sa vision d’un «nouveau modèle de développement». Un défi de taille, compte tenu des moyens financiers limités et du poids de la dette publique sur les finances de l’État. Mais pour le ministre, cette ambition réformatrice dépasse de loin les simples considérations comptables. «Il n’y a aucune crainte de la part du gouvernement à entreprendre les réformes nécessaires».

Des services publics efficients pour plus d’équité

Autre pierre angulaire de l’État social, la qualité et l’accessibilité des services publics essentiels pour la population. «L’éducation, les transports et d’autres services sont des éléments indispensables de la vie quotidienne des citoyens», a souligné le ministre, rappelant l’urgence de nouveaux efforts en la matière pour réduire les inégalités. Si le chemin à parcourir est encore long, les engagements sont là. «L’amélioration des services publics, en mettant particulièrement l’accent sur les secteurs de la santé, de l’enseignement supérieur et de l’éducation» figurent en bonne place dans les priorités affichées par le gouvernement selon Younes Sekkouri.

Des investissements massifs pour soutenir l’emploi

Autre pilier de la politique sociale ambitieuse que le gouvernement s’efforce de concrétiser, la relance de l’emploi. Il s’agit d’un immense défi dans un contexte économique morose. «Les politiques d’emploi et de soutien à l’emploi sont cruciales pour stimuler l’économie et garantir des opportunités équitables pour tous», a rappelé le responsable. Si certains progrès notables ont été enregistrés, en matière de créations d’emplois, de nombreuses faiblesses structurelles persistent. Le fléau du chômage, la précarité du travail ou encore le manque d’adéquation entre l’offre et la demande d’emploi exigent des réponses énergiques.
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