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Diphtérie au Maroc : la menace inquiète, mais rien n’est encore officiel

Après des années de quasi-disparition grâce à la vaccination, la diphtérie pourrait à nouveau représenter une menace sanitaire majeure. C’est en tout cas ce que redoutent plusieurs pédiatres, qui ont confié au journal «Le Matin» avoir observé une augmentation des cas depuis quelques semaines. Cette résurgence s’inscrit dans un contexte d’alerte mondiale, notamment en Europe, où la maladie refait surface. Au Maroc, le ministère de la Santé et de la protection sociale n’a pas encore communiqué officiellement sur la situation, tandis que des experts comme le Dr Tayeb Hamdi, spécialiste en politiques de santé, tirent la sonnette d’alarme. Ils appellent à une vigilance accrue afin d’éviter que le pays ne revive la douloureuse expérience de la rougeole, qui a coûté la vie à une centaine de personnes.

Longtemps considérée comme une maladie du passé, maîtrisée grâce à la vaccination, la diphtérie refait surface avec inquiétude dans plusieurs régions du monde, particulièrement en Europe. Le Maroc n’échappe pas à cette tendance alarmante. Depuis plusieurs mois, des médecins-pédiatres de divers hôpitaux alertent sur une augmentation des cas. Pour l’heure, le ministère de la Santé et de la protection sociale n’a pas communiqué officiellement sur le sujet. Nos sources lient cette résurgence à une baisse généralisée de la couverture vaccinale dans le pays. Rappelons que cette baisse a d’abord provoqué une recrudescence massive de la rougeole, avec près de 25.000 cas suspects et plus d’une centaine de décès depuis septembre 2023. Certes, la situation a été maîtrisée grâce aux efforts de l’État, mais il apparaît clairement que le problème ne se limite pas à la rougeole : d’autres maladies évitables, comme la diphtérie, menacent à nouveau.

La diphtérie, une maladie à prendre au sérieux

Joint par «Le Matin», le Dr Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé, insiste sur la gravité de la maladie. «La diphtérie est une infection bactérienne causée par une bactérie qui sécrète une toxine extrêmement dangereuse, capable d’entraîner des lésions sévères, notamment au cœur et au système nerveux, avec des complications parfois fatales», explique-t-il. «Bien que la maladie touche majoritairement les enfants, elle peut affecter toutes les tranches d’âge», précise-t-il. Interrogé sur les signes qui doivent alerter, le Dr Hamdi cite une angine douloureuse accompagnée d’une membrane grisâtre recouvrant la gorge et les amygdales, associée à de la fièvre, des maux de gorge et un enrouement. Ce qui inquiète particulièrement les spécialistes aujourd’hui, c’est le gonflement caractéristique du cou, appelé «cou en sabot». «Au-delà des symptômes locaux, la toxine bactérienne peut circuler dans le sang et provoquer des complications graves telles que myocardite, paralysie ou insuffisance respiratoire», précise-t-il. «Sans traitement rapide, ces complications peuvent être mortelles», avertit-il, appelant à une vigilance accrue face à tout changement clinique. Le Dr Hamdi souligne également que la diphtérie se transmet principalement par voie aérienne, via les gouttelettes respiratoires émises par une personne infectée. «Elle peut aussi se propager par contact direct avec des lésions cutanées, dans le cas de la diphtérie cutanée», ajoute-t-il.

La vaccination : la clé pour endiguer la maladie

Pour le Dr Hamdi, la vaccination demeure le seul moyen efficace de protection contre la diphtérie. «Grâce à une couverture vaccinale élevée, le Maroc n’avait plus enregistré de cas notables de diphtérie depuis plusieurs années. Mais la situation se dégrade actuellement, d’où l’urgence d’agir», alerte-t-il. Il insiste sur la nécessité de renforcer les campagnes de rattrapage vaccinal pour combler les lacunes et garantir une couverture suffisante. «Il est aussi essentiel de réactiver la sensibilisation des populations et des professionnels de santé à l’importance de la vaccination et au diagnostic précoce», ajoute-t-il. Le médecin appelle à faciliter et rendre équitable l’accès aux vaccins, notamment dans les zones rurales et isolées, souvent les plus vulnérables. Enfin, il souligne l’importance d’une surveillance épidémiologique rigoureuse pour détecter rapidement tout nouveau cas et intervenir efficacement.
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