Les efforts déployés pour endiguer l’épidémie de rougeole au Maroc commencent à donner des résultats encourageants. Selon le Dr Saïd Afif, président de l’Association marocaine des sciences de la santé et président d’honneur de la Société marocaine de pédiatrie, les dernières données font état d’une baisse de 15% des cas de rougeole par rapport à la semaine précédente. Ce chiffre est perçu comme un signe positif d’une évolution favorable de la situation. Cette déclaration a été faite lors d’une conférence organisée par le Rotary Club Casablanca Mers Sultan, le 26 février 2025, sous le thème «Rougeole en 2025 au Maroc : tout ce qu’il faut savoir pour vaincre la maladie». L’événement a rassemblé des experts du domaine médical et des acteurs de la société civile pour discuter des mesures à prendre face à cette épidémie qui touche le pays depuis septembre 2023.
Autant dire que la lutte contre la rougeole ne se limite pas à des actions de vaccination et de surveillance. Une collaboration solide entre tous les acteurs concernés – médecins, journalistes, autorités publiques et société civile – est indispensable pour surmonter cette épidémie et restaurer la confiance des citoyens dans les autorités sanitaires et la pertinence de leur action.
Une réponse coordonnée des autorités sanitaires
Pour le Dr Afif, cette amélioration est avant tout le fruit d’une collaboration efficace entre les ministères concernés. «Chaque semaine, nous constatons des progrès grâce à la coordination entre les ministères de la Santé, de l’Intérieur et de l’Éducation nationale», a-t-il précisé. En effet, le ministère de la Santé prend en charge les malades et assure la distribution des vaccins, tandis que le ministère de l’Intérieur gère la logistique et la coordination des campagnes de vaccination. De son côté, le ministère de l’Éducation nationale se charge de la sensibilisation des parents et de la vaccination des enfants dans les écoles. Dans ce cadre, a-t-il noté, une surveillance renforcée a été mise en place : 10.225.663 carnets de santé ont été vérifiés dans les écoles, avec un taux de validation de 94%. Cette mesure permet non seulement de garantir que les enfants et les adultes sont protégés contre la rougeole, mais aussi d’identifier rapidement ceux qui n’ont pas encore reçu leurs doses de vaccin.L’importance cruciale de la vaccination contre la rougeole
Mais en dépit de ces signes d’amélioration, le Dr Afif a insisté sur l’importance de poursuivre les efforts, compte tenu de la gravité de la maladie. «Contrairement aux idées reçues, la rougeole n’est pas une infection bénigne. Elle peut entraîner des symptômes sévères comme des pneumonies et des encéphalites, voire provoquer la mort. En outre, sa contagiosité est extrême : une personne infectée peut transmettre le virus à jusqu’à 18 autres individus», a-t-il averti. Dans ce contexte, la vaccination reste l’outil le plus efficace pour lutter contre cette épidémie. Le Dr Afif a réaffirmé l’efficacité du vaccin, utilisé depuis des décennies dans le monde entier pour lutter contre la maladie. «Ce vaccin est sûr et éprouvé», a-t-il martelé, en réponse aux préoccupations souvent infondées, car alimentées par la désinformation. Il a ainsi réitéré son appel aux parents afin qu’ils vérifient les carnets de santé de leurs enfants et s’assurent qu’ils ont bien reçu les deux doses nécessaires : la première à 9 mois et la seconde à 18 mois. Pour les enfants non vaccinés, il a encouragé à participer à la campagne de vaccination en cours, qui prévoit l’administration de deux doses espacées d’un mois.La crise de confiance dans la vaccination
Mais comme l’a souligné le Dr Afif, le combat contre cette maladie doit être mené en parallèle sur le terrain de la sensibilisation afin de décontruire les préjugés et les fausses informations. À ce titre, Wahid Mbarek, journaliste et chef de la rubrique «Société» à «Al Ittihad Al Ichtiraki», a souligné le rôle crucial des médias dans la diffusion d’informations fiables et la lutte contre la désinformation dans un contexte d’épidémie. «Les journalistes jouent un rôle clé, non seulement en informant, mais aussi en immunisant les gens contre les fausses informations qu’alimentent la peur et la méfiance», a-t-il déclaré. Pour lui, la désinformation, notamment sur les réseaux sociaux, a parfois plus d’impact que les informations médicales vérifiée, ce qui impose un véritable défi pour les journalistes. Wahid Mbarek a noté à cet égard que la mission des journalistes ne peut être pleinement accomplie que si une collaboration transparente existe entre les autorités et les médias. En l’absence d’une telle coopération, a-t-il poursuivi, la confiance du public restera fragile et la réticence aux efforts des autorités, notamment en matière de vaccination, persistera. «La crise actuelle et celle de la Covid-19 aussi nous rappellent l’urgence de redéfinir les relations entre les médias, les autorités publiques et la société civile. Cette coopération est essentielle pour créer un environnement propice à la transparence, à l’éducation et à la sensibilisation des citoyens», a-t-il lancé.Autant dire que la lutte contre la rougeole ne se limite pas à des actions de vaccination et de surveillance. Une collaboration solide entre tous les acteurs concernés – médecins, journalistes, autorités publiques et société civile – est indispensable pour surmonter cette épidémie et restaurer la confiance des citoyens dans les autorités sanitaires et la pertinence de leur action.
