On ne peut comprendre les défis quotidiens des personnes en situation de handicap que si l’on parvient à voir le monde à travers leurs yeux. Chaque jour, elles affrontent des obstacles invisibles, mais omniprésents : des infrastructures inaccessibles, un système éducatif qui les exclut, un marché de l’emploi souvent fermé et une société qui, malgré certains progrès, tarde encore à les intégrer pleinement. Personne ne peut nier que des avancées ont été réalisées ces dernières années pour améliorer leur quotidien, mais il reste encore beaucoup à faire. Fatima Jawad, militante associative, et Oussama Shoumi, écrivain et jeune diplômé, font partie de ceux qui luttent chaque jour pour un avenir plus inclusif. À l'invitation du quotidien «Le Matin», ces deux personnes ont accepté de nous emmener dans leur quotidien. Ce que l’on peut dire sans hésiter, c’est que leur souffrance dépasse largement les discours habituels. Entre les conditions de vie inadaptées et le regard porté par la société, ces personnes militent sans relâche pour leur droit à l’autonomie et à l’intégration.
Fatima, un exemple de résilience et d’espoir
Fatima a toujours été une femme énergique et vivante, animée par une passion profonde pour son métier d'enseignante, jusqu’au jour où tout a basculé. À 39 ans, la myopathie, une maladie dégénérative, envahit son corps et la prive peu à peu de son autonomie. Elle rejoint ainsi ses trois autres frères, eux aussi atteints de la même maladie. «Je savais que cela arriverait. Le médecin m’avait prévenue, mais je ne pensais pas que ce serait aussi difficile», confie-t-elle, d’une voix calme, mais marquée par la douleur. Au fil des années, sa vie a radicalement changé et ce qui était autrefois simple est devenu un combat quotidien : se déplacer en toute autonomie, préparer un repas ou même prendre les transports en commun. «Chaque geste devient un défi», explique-t-elle, en soulignant que des obstacles comme les trottoirs inadaptés, les bâtiments sans ascenseurs ni rampes et l’absence de salles d’attente accessibles, y compris dans les hôpitaux, rendent tout encore plus difficile.
Pour Fatima, la nuit, lorsque tout semble calme, c’est là que la véritable douleur se fait sentir. «C’est à ce moment que tout devient difficile. Ne pas pouvoir bouger seule, ne pas pouvoir simplement dormir sans qu’on vienne nous aider, c’est ça le plus dur», dit-elle, la voix nouée. Fatima et ses trois frères sont dépendants de l’aide de leur mère, âgée de 70 ans, qui veille sur eux jour et nuit. Malgré tous ces obstacles, Fatima ne se laisse pas abattre. «Je refuse qu’on me voie comme une victime», affirme-t-elle avec une détermination qui se lit dans ses yeux. Elle a fondé l’association «Koulouna Maak» (Nous sommes tous avec toi), un espace de soutien pour les enfants en situation de handicap et leurs familles. Elle donne des cours aux enfants, les accompagne et leur transmet l’espoir qu’ils peuvent eux aussi se battre pour un avenir meilleur. «Ces enfants ont le droit de rêver, de grandir, d’apprendre. Je veux leur offrir ce que je n’ai pas eu : une chance de montrer qu’ils sont capables», dit-elle avec conviction.
Oussama, une source d'inspiration pour surmonter la différence
Oussama, quant à lui, est né avec un handicap physique à la suite d'une erreur médicale lors de sa naissance. Tout comme Fatima, il fait aujourd'hui face à l'absence d'autonomie. À 29 ans, il dépend encore largement de sa mère, qui l’aide à manger, se déplacer et s’habiller. Sur son fauteuil roulant, Oussama rencontre, également, des difficultés dans la rue. Au-delà des infrastructures et des conditions inadaptées à sa situation, c’est surtout le regard des autres qui lui fait mal. «C’est la pitié qui me fait le plus souffrir chaque jour», confie-t-il. Malgré cela, Oussama a toujours refusé de se laisser limiter par sa différence. «Je suis né différent, mais je me suis toujours dit que cela ne me définirait pas. Je ne voulais pas que les autres me voient uniquement à travers ma différence», explique-t-il, le regard franc et déterminé.
Le handicap ne l’empêche pas de se battre pour chaque opportunité. Licencié en économie et auteur, Oussama n’a pas laissé son handicap l’empêcher de poursuivre ses études ni de se faire entendre à travers l’écriture. «J'ai voulu prouver à tous ceux qui doutaient de moi, y compris certains enseignants, que je pouvais réussir», dit-il avec conviction. Oussama est également connu sur les réseaux sociaux, où il inspire de nombreuses personnes, et ses abonnés l'apprécient pour sa sincérité et sa détermination. Son rêve ? «Mon rêve, c’est de pouvoir vivre pleinement, sans avoir à dépendre de personne. Je veux travailler, être indépendant et prouver que le handicap ne m’empêche pas d'être un membre actif de la société».
Un appel urgent à l'action collective
Fatima et Oussama sont des symboles de résilience et de détermination face à la différence, à l’injustice, à l’isolement et aux luttes incessantes. Jamais ils n’ont baissé les bras dans leur quête d’autonomie. «Nous ne demandons pas la pitié, mais simplement les mêmes droits et les mêmes opportunités que tout le monde», affirme Fatima, la voix calme, mais ferme. Leur recherche d’autonomie dépasse la simple volonté d'indépendance personnelle, elle reflète un désir profond de jouer un rôle actif et égal dans la société. «Nous avons des talents, des compétences, des rêves. Pourquoi devrions-nous nous en excuser ?» s’interroge Oussama avec conviction. Les parcours de Fatima et Oussama, loin d’être isolés, sont le reflet des réalités vécues par des millions de personnes en situation de handicap, tant au Maroc qu’à l’échelle mondiale. Toutefois, si Fatima et Oussama ont su surmonter leur handicap, d’autres, confrontés à des conditions encore plus difficiles, ont malheureusement cédé à la pression et à l’isolement. C’est une réalité douloureuse, car chaque vie perdue dans ce combat est une occasion manquée.
À travers le journal «Le Matin», Fatima et Oussama insistent sur l’urgence de penser aux personnes en situation de handicap et de garantir des conditions de vie dignes pour cette catégorie de la population, d’autant plus que le Maroc s'apprête à accueillir des événements sportifs majeurs, tels que la Coupe d'Afrique des nations 2025. Les personnes en situation de handicap seront sans doute concernées par ces événements. L’appel de Fatima et Oussama va bien au-delà de la simple demande d’infrastructures accessibles, il vise un changement profond dans le regard porté sur les personnes handicapées et dans la manière de les intégrer pleinement dans la société. Aujourd’hui, il est essentiel que les efforts convergent – de la société civile à l’État – pour garantir une véritable inclusion des personnes en situation de handicap. Un avenir plus juste et plus inclusif ne sera possible que si chacun d’entre nous prend conscience de l’importance de cette cause et de l’urgence d’agir.
À travers le journal «Le Matin», Fatima et Oussama insistent sur l’urgence de penser aux personnes en situation de handicap et de garantir des conditions de vie dignes pour cette catégorie de la population, d’autant plus que le Maroc s'apprête à accueillir des événements sportifs majeurs, tels que la Coupe d'Afrique des nations 2025. Les personnes en situation de handicap seront sans doute concernées par ces événements. L’appel de Fatima et Oussama va bien au-delà de la simple demande d’infrastructures accessibles, il vise un changement profond dans le regard porté sur les personnes handicapées et dans la manière de les intégrer pleinement dans la société. Aujourd’hui, il est essentiel que les efforts convergent – de la société civile à l’État – pour garantir une véritable inclusion des personnes en situation de handicap. Un avenir plus juste et plus inclusif ne sera possible que si chacun d’entre nous prend conscience de l’importance de cette cause et de l’urgence d’agir.