Menu
Search
Vendredi 05 Décembre 2025
S'abonner
close
Vendredi 05 Décembre 2025
Menu
Search

Intoxications alimentaires : les risques à ne pas sous-estimer cet été

Chaque été, le risque d’intoxication alimentaire augmente avec la chaleur, les repas en plein air et les pratiques d’hygiène parfois insuffisantes. Les réseaux sociaux relaient de nombreux témoignages de personnes souffrant de troubles après des repas pris à l’extérieur, soulignant l’importance de rester vigilant. Ces intoxications peuvent parfois entraîner des complications sérieuses et présenter des risques élevés, notamment pour les populations les plus fragiles. Dr Mohamed Bouziane, professeur agrégé à l’Université Mohammed VI des sciences de la santé, explique les principaux facteurs favorisant ces intoxications et rappelle les gestes essentiels pour prévenir les risques.

No Image

Intoxications alimentaires : les risques à ne pas sous-estimer cet été



Le Matin : Pourquoi observe-t-on une recrudescence des intoxications alimentaires durant l’été et assiste-t-on à une hausse des cas cette année ?

Dr Mohamed Bouziane : L’été, avec ses températures élevées, crée un environnement propice à la multiplication rapide des bactéries telles que Salmonella, Escherichia coli ou Campylobacter. Les fortes chaleurs accélèrent leur prolifération, rendant les aliments plus vulnérables aux contaminations. À cela s’ajoutent les repas pris à l’extérieur — pique-niques, barbecues, ventes à emporter — qui entraînent souvent une rupture de la chaîne du froid, notamment lors du transport ou de la conservation. Cette année encore, avec les vagues de chaleur de plus en plus fréquentes, on observe probablement une hausse des cas. Les comportements à risque, comme la cuisson insuffisante des viandes ou une mauvaise conservation des aliments, tendent à se multiplier en période estivale, favorisant les intoxications.



Quels sont les aliments les plus sensibles à la chaleur et les pratiques qui favorisent les contaminations ?

Les aliments les plus à risque sont ceux qui, mal conservés ou mal cuits, deviennent des foyers de contamination. Les viandes et volailles, surtout lorsqu’elles sont insuffisamment cuites, ainsi que les produits laitiers (mayonnaises, crèmes, fromages frais), les œufs crus ou peu cuits, les fruits de mer et les poissons, sont parmi les plus sensibles. Les plats préparés laissés à température ambiante posent également problème. Parmi les mauvaises pratiques à éviter : décongeler les aliments à température ambiante, négliger les dates limites de consommation, croiser les viandes crues avec des aliments cuits et, surtout, manquer d’hygiène dans la préparation (mains sales, ustensiles non nettoyés, fruits et légumes mal rincés).


Quels sont les signes d’une intoxication alimentaire et quand faut-il consulter ?

Les symptômes apparaissent généralement entre quelques heures et deux jours après la consommation de l’aliment contaminé. Ils se manifestent par des nausées, des vomissements, des diarrhées, des douleurs abdominales et, parfois, une fièvre. Il faut consulter un médecin si les symptômes s’aggravent : présence de sang dans les selles, déshydratation importante, fièvre élevée, ou si les troubles persistent au-delà de 48 heures. Une vigilance accrue s’impose pour les jeunes enfants, les personnes âgées, les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées, chez qui une intoxication peut évoluer vers des complications graves.


Qui sont les populations les plus vulnérables aux intoxications alimentaires ?

Les enfants de moins de 5 ans sont particulièrement exposés, leur système immunitaire n'étant pas encore totalement mature. Les personnes âgées, souvent atteintes de maladies chroniques, présentent également un risque accru. Les femmes enceintes sont davantage sujettes aux infections en raison des modifications physiologiques de la grossesse. Enfin, les personnes immunodéprimées, qu’il s’agisse de patients sous traitement (chimiothérapie, immunosuppresseurs) ou atteints de maladies auto-immunes, doivent faire preuve d’une prudence extrême.


Quels gestes simples permettent de prévenir les intoxications, notamment lors de pique-niques ou de barbecues ?

Quelques précautions suffisent à limiter les risques :

• Pour les barbecues : bien cuire les viandes, utiliser un thermomètre si besoin et séparer systématiquement les ustensiles utilisés pour les viandes crues et les aliments cuits.

• En pique-nique : conserver les aliments dans une glacière avec des blocs réfrigérants, couvrir les plats pour éviter les contaminations par les insectes et ne pas laisser les denrées périssables exposées à la chaleur.

• Règles d’hygiène : se laver régulièrement les mains, nettoyer les surfaces de préparation et rincer abondamment fruits et légumes, même ceux que l’on épluche.


Quels sont les risques liés aux restaurants, snacks de plage ou vendeurs ambulants en été ?

Ces lieux peuvent représenter un risque accru si les règles de sécurité alimentaire ne sont pas respectées : absence de chaîne du froid, cuisson approximative, manipulation d’aliments sans hygiène adéquate. Toutefois, des contrôles réguliers sont assurés par les autorités sanitaires pour limiter les dérives. En tant que consommateurs, nous devons rester vigilants. Il est conseillé de privilégier les établissements affichant une hygiène visible, d’éviter les produits crus dans les points de vente ambulants et de s’assurer que les aliments servis sont bien cuits et conditionnés.
Lisez nos e-Papers