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La Kafala, le chemin de croix des familles désirant adopter un enfant

Au Maroc, de nombreuses familles rêvant d’adopter des enfants en situation de vulnérabilité se heurtent à des obstacles administratifs décourageants. La complexité et la rigidité des procédures, associées à un manque d’informations claires, font que beaucoup d'enfants abandonnés restent privés de l'amour et de la sécurité d'un foyer. Une rencontre récente organisée par le Rotary Club Casablanca Mers Sultan a mis en lumière ces défis, tout en appelant à une réforme urgente du cadre législatif de la «Kafala». Pour commencer, l’accent a été mis sur la nécessité de simplifier les démarches administratives afin de pouvoir donner une deuxième chance à ces enfants qui démarrent déjà leur vie avec un handicap psychologique de taille.

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De nombreuses familles au Maroc souffrent en silence. Désireuses d’adopter un enfant, elles sont confrontées à des obstacles décourageants. Leur aspiration à offrir amour et sécurité à un jeune être défavorisé par le destin est souvent entravée par un manque d’informations claires et par des procédures administratives labyrinthiques.

>> Lire aussi : Plaidoyer en faveur d’une réforme de la loi 15-01 régissant la Kafala (Association Osraty)

Même empreinte d'espoir, leur quête se transforme en un parcours semé d'embûches, alimentant une frustration profonde. Leur impuissance n’a d’égale que leur colère face à une bureaucratie complexe qui rend leur désir de fonder une famille presque inaccessible. De leurs côtés, les enfants demeurent abandonnés à leur triste sort, privés d'un foyer aimant et d'une enfance sereine. Partant de ce constant affligeant, le Rotary Club Casablanca Mers Sultan, en partenariat avec plusieurs clubs de la région, a organisé une conférence le 22 octobre dernier à Casablanca. L’objectif est de mettre la lumière sur les enjeux cruciaux liés à la «Kafala», un sujet d’une grande importance dans le contexte actuel du Maroc où la réforme du code de la famille est sur le point d’aboutir. Fortement engagé dans des initiatives humanitaires, le Rotary casablancais a réuni des acteurs clés autour de cette question pour engager la réflexion et détecter les pistes à explorer afin d’aider les familles à concrétiser leur rêve le plus cher : avoir un enfant au foyer.

Ce qui doit absolument changer !

Le premier point soulevé lors de la conférence concerne la nécessité de revoir la terminologie associée à la «Kafala». Dre Hind Taktak, qui a animé la rencontre, a insisté sur l'importance d'adopter l'expression «enfant en situation de vulnérabilité» plutôt qu’«enfant abandonné». Pour cette juriste, ce changement est crucial pour éviter la stigmatisation et aligner le discours marocain sur les principes de non-discrimination inscrits dans le droit international.

De leur côté, les participants ayant pris part à cette rencontre ont exprimé leurs préoccupations face aux limites de la législation actuelle, plaidant pour des réformes qui prennent en compte la réalité des enfants vivant dans les orphelinats. Ils ont souligné l'urgence d’accélérer la réforme des procédures de la «Kafala», affirmant que chaque enfant mérite de rejoindre une famille aimante dans des délais raisonnables. Dans ce cadre, Dre Taktak a mis en lumière la complexité des démarches administratives, un obstacle majeur qui décourage de nombreuses familles. «Les démarches requises sont souvent complexes et peuvent s'étendre sur plusieurs mois, voire des années, engendrant un sentiment de frustration et d'incertitude», a-t-elle déploré. Et de préciser que pour les familles désireuses d'offrir un foyer à un enfant dans le besoin, cette lourdeur administrative rend l'option de la «Kafala» de moins en moins attractive. Mais ce qui est déplorable par-dessus tout, selon Dre Taktak, c'est que cette bureaucratie contribue également à maintenir de nombreux enfants dans les orphelinats sans familles adoptives. D’autant que les centres d'accueil, déjà surchargés, font face à la faiblesse des moyens alloués, ce qui impactent la qualité du suivi et de la prise en charge. À cet égard, la société civile ne cesse d’attirer l’attention sur la hausse des cas d’enfants qui développent des troubles mentaux ou sombrent dans la toxicomanie ou carrément dans la délinquance.

Pour les familles vivant à l’étranger, c’est la croix et la bannière !

La situation devient encore plus complexe pour les familles souhaitant adopter un enfant par «Kafala» depuis l'étranger. «Les procédures requièrent souvent la collaboration de deux États, ce qui complique davantage les cas de ces enfants vulnérables et entraîne des délais considérables», a expliqué Dre Taktak. Et de noter que malgré les conventions internationales signées par le Maroc, leur application reste souvent problématique, laissant de nombreuses familles dans l'incertitude quant à leur capacité à offrir un foyer aimant. Pour naviguer dans ce dédale administratif, Dre Taktak a souligné la nécessité de faire appel à des professionnels spécialisés. «Ces experts peuvent fournir des conseils essentiels pour guider les familles à travers les méandres des démarches, transformant ainsi une expérience potentiellement décourageante en un processus plus fluide et compréhensible», a-t-elle insisté. L’experte a également tenu à préciser qu’il était temps d'agir collectivement pour simplifier les procédures et faire en sorte que chaque enfant ait la possibilité de grandir dans un environnement protecteur, qu'il soit au Maroc ou à l'étranger. «Chaque enfant mérite d’avoir la chance de s’épanouir au sein d’une famille aimante, et il est urgent de lui offrir cette opportunité», a-t-elle souligné, avant de rappeler que la responsabilité de mener à bien ce chantier était collective. Selon elle, la société civile, les gouvernements et les institutions doivent se mobiliser pour défendre les droits de ces enfants et faciliter leur adoption. Pour Dre Taktak, la réforme imminente de la «Moudawana» représente une occasion unique de repenser le système de «Kafala». Alors que le Maroc s'apprête à vivre ce changement majeur, il est essentiel que cette réforme prenne en compte l'intérêt supérieur de l'enfant.
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