Le Matin : Comment les adolescents et jeunes perçoivent-ils leur avenir dans un monde marqué par l'inflation, le chômage et les crises globales ?
Dre Yousra Lahlou : Le contexte actuel génère fréquemment des inquiétudes et suscite de manière générale des remises en question dans la population. Cependant, ces difficultés se manifestent de façon particulièrement marquée chez les jeunes.
Les difficultés actuelles notamment en ce qui concerne l’instabilité économique (Inquiétudes sur les perspectives professionnelles, difficultés à atteindre une stabilité financière, chômage, inflation), mais également les crises écologiques et environnementales, les crises sociales et les inégalités, la pandémie de la Covid-19 et ses conséquences persistantes impactent considérablement et particulièrement les jeunes.
Les jeunes entretiennent souvent une relation à l’avenir marquée par un sentiment d’incertitude, nourri par les défis auxquels ils sont confrontés. Ce sentiment d’incertitude induit fréquemment une vulnérabilité, un sentiment d’imprévisibilité concernant ce qui les attend, les amenant à percevoir l’avenir avec appréhension et inquiétude, notamment dans un contexte économique et social exigeant.
Si les difficultés actuelles citées pèsent sur les jeunes, ces derniers semblent également nourrir des attentes plus élevées par rapport aux générations précédentes, et ce dans un monde où ils sont continuellement connectés et informés.
Cependant, malgré ces défis, certains jeunes réussissent à tirer parti du contexte actuel, aussi incertain soit-il, en exploitant les opportunités et les possibilités qu’il offre et en élargissant leur champ des possibles. Ils explorent des solutions alternatives, notamment en redéfinissant leur rapport au travail et en s’orientant vers des types d’emploi plus flexibles ou innovants, parvenant ainsi également à s’adapter aux besoins et aux exigences d’un monde en mutation rapide.
Les crises actuelles amplifient-elles les sentiments de stress ou de désespoir chez les adolescents ? Et comment les attentes sociales (succès académique, emploi, etc.) influencent-elles leur santé mentale et leur vision du futur ?
L’adolescence est par définition une période de vulnérabilité psychique. Cette fragilité constitutionnelle peut être exacerbée par des difficultés liées au contexte actuel.
Les crises actuelles, notamment au niveau économique et en lien avec la pandémie de la Covid-19 et de ses conséquences peuvent dans certains cas accentuer les sentiments de vulnérabilité des adolescents et impacter leur santé mentale. Elles peuvent amplifier les sentiments de stress et d’anxiété chez les adolescents et les jeunes d’une manière générale.
Toutefois, tous les adolescents et jeunes n’entretiennent pas le même rapport aux crises actuelles. Tandis que certains y sont particulièrement sensibles et en ressentent les impacts de manière aiguë, d’autres parviennent à prendre du recul et à s’en détacher.
S’ajoutent à cela de fortes attentes sociales, qui représentent un défi majeur pour les jeunes d’aujourd’hui. Ils sont souvent confrontés à des exigences familiales et sociétales élevées notamment en matière de réussite académique et professionnelle, perçues comme des voies essentielles pour garantir un avenir stable. Ces attentes, combinées à un contexte socio-économique incertain, exercent un impact considérable sur leur santé mentale et entraînent fréquemment une anxiété et des sentiments de désespoir.
Les défis sont ainsi multidimensionnels, et créent un contexte particulièrement stressant pour les jeunes d’aujourd’hui. Ils développent alors une vision anxieuse et souvent pessimiste de leur futur, craignant de ne pas pouvoir s’en sortir.
Pensez-vous que la génération actuelle est plus anxieuse que les précédentes face à ces incertitudes économiques et sociales ?
Effectivement, la génération actuelle est plus anxieuse que les précédentes face aux incertitudes économiques et sociales. Plusieurs facteurs peuvent nous permettre de l’expliquer. Au-delà du contexte économique et social actuel, des différences structurelles existent entre les générations précédentes et la génération actuelle.
Contrairement aux générations précédentes, les jeunes d’aujourd’hui vivent dans un environnement saturé par un flux constant d’informations immédiates, principalement diffusées à travers les réseaux sociaux et les médias numériques. Cette hyperconnexion, bien qu’elle puisse être informative et amplifier leur conscience des enjeux globaux, engendre également une pression accrue, car elle peut nourrir des comparaisons sociales incessantes et des attentes démesurées.
D’autre part, la question du lien social se déploie de manière distincte dans la génération actuelle par rapport aux générations précédentes. Les jeunes d’aujourd’hui évoluent dans un environnement où le lien social est souvent façonné par le numérique et par les réseaux sociaux. Bien que ces plateformes permettent de rester connectés, elles peuvent aussi participer à la montée de l’individualisme, induire un sentiment d’isolement et de superficialité dans les relations.
Les jeunes manifestent de plus en plus de troubles liés à l’anxiété. Cette situation souligne la nécessité d’un soutien adapté, à la fois par l’entourage proche et par des professionnels de la santé mentale en cas de besoin. Ce soutien est nécessaire pour leur permettre de faire face à ces défis, de trouver leur place dans une société en constante évolution, et ce tout en gardant espoir dans leur capacité à s’adapter et dans l’existence d’un avenir prometteur.
Comment les jeunes expriment-ils leurs frustrations ou leurs inquiétudes face aux défis globaux actuels ?
Les jeunes expriment leurs frustrations et leurs inquiétudes face aux défis globaux actuels de diverses manières, souvent influencées par leur contexte social, économique et culturel. Ils ne les expriment pas toujours à travers la parole, mais également à travers d’autres formes d’expression.
Les réseaux sociaux occupent une place prédominante comme espace d’expression. Les plateformes numériques, comme «Instagram», «TikTok», et «X», jouent un rôle central dans l’expression des préoccupations des jeunes et leur permettent de se connecter avec d’autres jeunes partageant des préoccupations similaires.
Certains d’entre eux utilisent également des formes artistiques et leur créativité afin d’exprimer ce qu’ils ressentent. D’autres se replient sur eux-mêmes quand les inquiétudes deviennent trop grandes.
Observez-vous une augmentation des troubles liés à l'anxiété ou à la dépression chez les jeunes en raison des crises mondiales actuelles ?
Une hausse notable des troubles anxieux et dépressifs fortement amplifiée par le contexte actuel est observée chez les jeunes. Les défis actuels auxquels ils sont confrontés affectent leur santé mentale, à la fois de manière consciente, en raison des pressions immédiates, et inconsciente, à travers un sentiment d’insécurité généralisé.
Les jeunes hésitent-ils encore à demander de l'aide psychologique, ou voyez-vous une évolution dans leur approche de la santé mentale ?
On observe une évolution progressive dans l'approche des jeunes face à la santé mentale. La génération actuelle se montre plus ouverte aux discussions sur ce sujet. On observe une diminution de la stigmatisation et une meilleure sensibilisation autour de ces thématiques notamment à travers les réseaux sociaux. Toutefois, les tabous culturels traditionnels et la peur du jugement social qui entourent la santé mentale persistent.
Une évolution positive est perceptible, mais des efforts supplémentaires sont nécessaires pour démocratiser l'accès aux soins psychologiques, réduire les stigmas et promouvoir une culture où la santé mentale est perçue comme une priorité au même titre que la santé physique.
Quelles sont les meilleures pratiques pour soutenir psychologiquement les adolescents face à ces défis ? Comment les parents, enseignants et institutions peuvent-ils mieux accompagner les jeunes dans ce contexte incertain ?
L’entourage des jeunes doit participer à les écouter de manière active et empathique et établir un dialogue ouvert et bienveillant, leur permettant d’exprimer leurs inquiétudes sans crainte de jugement. Reconnaître leurs difficultés est la première étape pour les aider à se sentir valorisés et soutenus face à ces défis.
L’entourage doit, également, s’informer sur l’importance de la santé mentale et encourager les jeunes à demander de l’aide d’un professionnel si besoin.
L’entourage peut ainsi incarner une source de stabilité en offrant des repères solides, permettant aux jeunes de se projeter avec un peu plus de sérénité dans l’avenir et de renforcer leur résilience face aux défis complexes du monde actuel.
Dre Yousra Lahlou : Le contexte actuel génère fréquemment des inquiétudes et suscite de manière générale des remises en question dans la population. Cependant, ces difficultés se manifestent de façon particulièrement marquée chez les jeunes.
Les difficultés actuelles notamment en ce qui concerne l’instabilité économique (Inquiétudes sur les perspectives professionnelles, difficultés à atteindre une stabilité financière, chômage, inflation), mais également les crises écologiques et environnementales, les crises sociales et les inégalités, la pandémie de la Covid-19 et ses conséquences persistantes impactent considérablement et particulièrement les jeunes.
Les jeunes entretiennent souvent une relation à l’avenir marquée par un sentiment d’incertitude, nourri par les défis auxquels ils sont confrontés. Ce sentiment d’incertitude induit fréquemment une vulnérabilité, un sentiment d’imprévisibilité concernant ce qui les attend, les amenant à percevoir l’avenir avec appréhension et inquiétude, notamment dans un contexte économique et social exigeant.
Si les difficultés actuelles citées pèsent sur les jeunes, ces derniers semblent également nourrir des attentes plus élevées par rapport aux générations précédentes, et ce dans un monde où ils sont continuellement connectés et informés.
Cependant, malgré ces défis, certains jeunes réussissent à tirer parti du contexte actuel, aussi incertain soit-il, en exploitant les opportunités et les possibilités qu’il offre et en élargissant leur champ des possibles. Ils explorent des solutions alternatives, notamment en redéfinissant leur rapport au travail et en s’orientant vers des types d’emploi plus flexibles ou innovants, parvenant ainsi également à s’adapter aux besoins et aux exigences d’un monde en mutation rapide.
Les crises actuelles amplifient-elles les sentiments de stress ou de désespoir chez les adolescents ? Et comment les attentes sociales (succès académique, emploi, etc.) influencent-elles leur santé mentale et leur vision du futur ?
L’adolescence est par définition une période de vulnérabilité psychique. Cette fragilité constitutionnelle peut être exacerbée par des difficultés liées au contexte actuel.
Les crises actuelles, notamment au niveau économique et en lien avec la pandémie de la Covid-19 et de ses conséquences peuvent dans certains cas accentuer les sentiments de vulnérabilité des adolescents et impacter leur santé mentale. Elles peuvent amplifier les sentiments de stress et d’anxiété chez les adolescents et les jeunes d’une manière générale.
Toutefois, tous les adolescents et jeunes n’entretiennent pas le même rapport aux crises actuelles. Tandis que certains y sont particulièrement sensibles et en ressentent les impacts de manière aiguë, d’autres parviennent à prendre du recul et à s’en détacher.
S’ajoutent à cela de fortes attentes sociales, qui représentent un défi majeur pour les jeunes d’aujourd’hui. Ils sont souvent confrontés à des exigences familiales et sociétales élevées notamment en matière de réussite académique et professionnelle, perçues comme des voies essentielles pour garantir un avenir stable. Ces attentes, combinées à un contexte socio-économique incertain, exercent un impact considérable sur leur santé mentale et entraînent fréquemment une anxiété et des sentiments de désespoir.
Les défis sont ainsi multidimensionnels, et créent un contexte particulièrement stressant pour les jeunes d’aujourd’hui. Ils développent alors une vision anxieuse et souvent pessimiste de leur futur, craignant de ne pas pouvoir s’en sortir.
Pensez-vous que la génération actuelle est plus anxieuse que les précédentes face à ces incertitudes économiques et sociales ?
Effectivement, la génération actuelle est plus anxieuse que les précédentes face aux incertitudes économiques et sociales. Plusieurs facteurs peuvent nous permettre de l’expliquer. Au-delà du contexte économique et social actuel, des différences structurelles existent entre les générations précédentes et la génération actuelle.
Contrairement aux générations précédentes, les jeunes d’aujourd’hui vivent dans un environnement saturé par un flux constant d’informations immédiates, principalement diffusées à travers les réseaux sociaux et les médias numériques. Cette hyperconnexion, bien qu’elle puisse être informative et amplifier leur conscience des enjeux globaux, engendre également une pression accrue, car elle peut nourrir des comparaisons sociales incessantes et des attentes démesurées.
D’autre part, la question du lien social se déploie de manière distincte dans la génération actuelle par rapport aux générations précédentes. Les jeunes d’aujourd’hui évoluent dans un environnement où le lien social est souvent façonné par le numérique et par les réseaux sociaux. Bien que ces plateformes permettent de rester connectés, elles peuvent aussi participer à la montée de l’individualisme, induire un sentiment d’isolement et de superficialité dans les relations.
Les jeunes manifestent de plus en plus de troubles liés à l’anxiété. Cette situation souligne la nécessité d’un soutien adapté, à la fois par l’entourage proche et par des professionnels de la santé mentale en cas de besoin. Ce soutien est nécessaire pour leur permettre de faire face à ces défis, de trouver leur place dans une société en constante évolution, et ce tout en gardant espoir dans leur capacité à s’adapter et dans l’existence d’un avenir prometteur.
Comment les jeunes expriment-ils leurs frustrations ou leurs inquiétudes face aux défis globaux actuels ?
Les jeunes expriment leurs frustrations et leurs inquiétudes face aux défis globaux actuels de diverses manières, souvent influencées par leur contexte social, économique et culturel. Ils ne les expriment pas toujours à travers la parole, mais également à travers d’autres formes d’expression.
Les réseaux sociaux occupent une place prédominante comme espace d’expression. Les plateformes numériques, comme «Instagram», «TikTok», et «X», jouent un rôle central dans l’expression des préoccupations des jeunes et leur permettent de se connecter avec d’autres jeunes partageant des préoccupations similaires.
Certains d’entre eux utilisent également des formes artistiques et leur créativité afin d’exprimer ce qu’ils ressentent. D’autres se replient sur eux-mêmes quand les inquiétudes deviennent trop grandes.
Observez-vous une augmentation des troubles liés à l'anxiété ou à la dépression chez les jeunes en raison des crises mondiales actuelles ?
Une hausse notable des troubles anxieux et dépressifs fortement amplifiée par le contexte actuel est observée chez les jeunes. Les défis actuels auxquels ils sont confrontés affectent leur santé mentale, à la fois de manière consciente, en raison des pressions immédiates, et inconsciente, à travers un sentiment d’insécurité généralisé.
Les jeunes hésitent-ils encore à demander de l'aide psychologique, ou voyez-vous une évolution dans leur approche de la santé mentale ?
On observe une évolution progressive dans l'approche des jeunes face à la santé mentale. La génération actuelle se montre plus ouverte aux discussions sur ce sujet. On observe une diminution de la stigmatisation et une meilleure sensibilisation autour de ces thématiques notamment à travers les réseaux sociaux. Toutefois, les tabous culturels traditionnels et la peur du jugement social qui entourent la santé mentale persistent.
Une évolution positive est perceptible, mais des efforts supplémentaires sont nécessaires pour démocratiser l'accès aux soins psychologiques, réduire les stigmas et promouvoir une culture où la santé mentale est perçue comme une priorité au même titre que la santé physique.
Quelles sont les meilleures pratiques pour soutenir psychologiquement les adolescents face à ces défis ? Comment les parents, enseignants et institutions peuvent-ils mieux accompagner les jeunes dans ce contexte incertain ?
L’entourage des jeunes doit participer à les écouter de manière active et empathique et établir un dialogue ouvert et bienveillant, leur permettant d’exprimer leurs inquiétudes sans crainte de jugement. Reconnaître leurs difficultés est la première étape pour les aider à se sentir valorisés et soutenus face à ces défis.
L’entourage doit, également, s’informer sur l’importance de la santé mentale et encourager les jeunes à demander de l’aide d’un professionnel si besoin.
L’entourage peut ainsi incarner une source de stabilité en offrant des repères solides, permettant aux jeunes de se projeter avec un peu plus de sérénité dans l’avenir et de renforcer leur résilience face aux défis complexes du monde actuel.
