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Manuels et fournitures scolaires : la facture s’alourdit pour les ménages

La rentrée scolaire 2025-2026 confirme une tendance haussière sur plusieurs postes, particulièrement les manuels étrangers et certaines fournitures de marque. Les prix restent beaucoup plus élevés dans le privé que dans le public. Pour les familles, en particulier celles à revenu modeste, la charge est lourde. Il y a urgence à réguler, à promouvoir des alternatives nationales et à informer clairement, afin de garantir l’égalité d’accès à une éducation de qualité.

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À l’approche de chaque rentrée scolaire, le coût des fournitures, des manuels et des frais annexes suscite une inquiétude croissante parmi les parents d’élèves. L’inflation des manuels étrangers, les exigences des écoles privées ou encore la disparité des prix selon les régions pèsent lourdement sur le budget des ménages.

Les manuels scolaires représentent un poste central dans ces charges. Les manuels étrangers, notamment ceux utilisés dans les écoles de la mission française ou dans certains établissements privés, coûtent entre 300 et 600 dirhams l’unité. Une collection de livres pour une classe de CM2 dans un établissement français atteint même 679 dirhams. À l’inverse, dans le secteur public, les manuels locaux en arabe demeurent beaucoup plus abordables, avec des prix variant entre 25 et 50 dirhams pour certains ouvrages.

Du côté des fournitures scolaires, les articles classiques comme stylos, gommes, crayons, règles ou trousses affichent une relative stabilité par rapport à l’an dernier. Mais certaines fournitures importées ou imposées par les établissements, comme les cahiers Oxford, atteignent des prix élevés, jusqu’à 48 dirhams pour certains formats spécifiques. Pour simplifier l’achat ou tenter de réduire la facture, de grandes surfaces proposent des packs regroupant cartable, trousse et cahiers, dont les prix varient de 129 à 700 dirhams selon la qualité et la marque. Dans les écoles privées, il est fréquent que les établissements exigent l’acquisition des manuels ou fournitures via des partenaires désignés, entraînant une majoration allant de 15 à 25 dirhams par pièce ou par pack par rapport aux prix des librairies. Certaines familles rapportent ainsi que la facture dépasse 2 000 dirhams par élève dans des établissements privés.

Ce qui a changé par rapport aux années précédentes

La rentrée 2025-2026 se distingue par une hausse marquée du prix des manuels étrangers, en particulier ceux importés d’Europe, qu’il s’agisse de la France, de l’Espagne ou du Royaume-Uni. Les fournitures locales, produites au Maroc ou en arabe, subissent moins de variations et restent plus abordables. Dans ce contexte, les offres groupées proposées par les supermarchés se développent et attirent de nombreux parents soucieux d’économiser. Toutefois, l’Alliance des libraires met en garde contre certaines promotions qui, derrière une apparence de réduction, reposent sur des prix de départ gonflés ou appliqués de manière limitée.

Des impacts lourds sur les familles

La multiplication des coûts pèse lourdement sur le budget annuel, en particulier pour les familles nombreuses et à revenus modestes. Beaucoup se voient contraintes de différer certains achats, d’opter pour des versions moins onéreuses ou de renoncer à des accessoires jugés non essentiels. D’autres multiplient les comparaisons de prix, sillonnent les librairies ou se tournent vers internet afin de trouver les meilleures offres, quand certains choisissent les packs en grande surface pour réduire la charge. Les familles ayant recours à l’enseignement privé ou aux missions étrangères se trouvent face à une difficulté supplémentaire : au-delà des frais de scolarité, le coût des manuels et du matériel exigé s’ajoute, accentuant le poids financier de cette orientation éducative.

Des disparités selon le type d’école et la localisation

Les écarts sont particulièrement marqués entre établissements publics et privés. Dans les écoles publiques, les manuels locaux restent accessibles et les fournitures relativement stables, ce qui rend le coût global moins lourd. En revanche, dans les établissements privés et ceux relevant des missions étrangères, la facture s’alourdit considérablement avec des exigences en matière de matériel importé, de marques ou d’accessoires spécifiques. À cela s’ajoutent les disparités géographiques : dans les grandes villes comme Casablanca ou Rabat, les prix des manuels étrangers et des fournitures importées sont plus élevés. Dans les zones rurales, l’accès reste plus limité, mais les prix locaux demeurent plus raisonnables, même si le transport et l’approvisionnement ajoutent des surcoûts.

Dépenses éducatives : les révélations de l’enquête du HCP

L’Enquête nationale sur le niveau de vie des ménages (ENNV) 2022‑2023, publiée par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) en février 2025, a dressé un tableau de l’évolution des dépenses éducatives des familles marocaines. Les chiffres révèlent une charge significative, particulièrement pour les ménages à revenus modestes, et soulignent les disparités entre le public et le privé. Selon le HCP, les dépenses liées à l’éducation représentent une part importante du budget des ménages, avec des montants variables selon le niveau d’enseignement et le type d’établissement fréquenté. Cette tendance à la hausse, observée au fil des années, s’explique notamment par l’augmentation des frais de scolarité, des manuels scolaires et des fournitures.

L’étude révèle également une forte disparité entre les secteurs public et privé. Les familles dont les enfants sont scolarisés dans des établissements privés engagent des dépenses nettement plus élevées que celles inscrivant leurs enfants dans le public. Pour les ménages à revenus modestes, cette situation constitue un obstacle supplémentaire à l’accès à une éducation de qualité, accentuant les inégalités existantes. Le HCP souligne enfin que ces dépenses éducatives, en progression constante, pèsent lourdement sur le budget des familles, rendant la planification et la gestion des charges scolaires un défi annuel pour de nombreux parents.
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