La scène se déroule dans un salon marocain modeste, où une cérémonie de fiançailles est en cours. Elle unit un quadragénaire originaire du Golfe à une jeune marocaine de 23 ans. Entouré de la famille de la fiancée, le couple célèbre cette union selon les traditions marocaines : offrande de lait et de dattes, échange de bagues, coupe de gâteau, musique traditionnelle... L'atmosphère est à la joie, mais ce bonheur ne tardera pas à être terni par la publication de ce cérémonial intime sur les réseaux sociaux.
Un déferlement de commentaires haineux et d'insultes accompagne chaque partage. La vertu de la fiancée est remise en question, accusée de s'être vendue au plus offrant, avec la complicité de sa famille. Chacun y va de son grain de sel. «C'est une fille cupide. Si c'était un Marocain, elle aurait trouvé l'âge comme prétexte !», peut-on lire dans l’un de ces commentaires. «Combien l'avez-vous achetée ?», renchérit un autre. «Le jour où tu divorceras, ne viens pas pleurer chez nous», ajoute un internaute. Submergée par cette vague d'intolérance, la jeune femme sort de ses gonds. Dans une autre vidéo, elle tente de se défendre, exprimant sa colère face à ces attaques. Elle menace même de poursuivre en justice les auteurs de diffamation. Mais cette prise de parole ne fait qu'attiser les flammes, déclenchant une nouvelle série d'attaques.
Ce scénario, malheureusement, se répète. On assiste de plus en plus souvent à ce genre de scènes, notamment dans le cadre de mariages mixtes, y compris ceux impliquant des ressortissants subsahariens. Ces réactions révèlent des tensions profondes et interrogent sur les mentalités qui traversent notre société. Elles soulignent la nécessité d'une réflexion collective sur la tolérance, le respect et la lutte contre la haine en ligne.
Un déferlement de commentaires haineux et d'insultes accompagne chaque partage. La vertu de la fiancée est remise en question, accusée de s'être vendue au plus offrant, avec la complicité de sa famille. Chacun y va de son grain de sel. «C'est une fille cupide. Si c'était un Marocain, elle aurait trouvé l'âge comme prétexte !», peut-on lire dans l’un de ces commentaires. «Combien l'avez-vous achetée ?», renchérit un autre. «Le jour où tu divorceras, ne viens pas pleurer chez nous», ajoute un internaute. Submergée par cette vague d'intolérance, la jeune femme sort de ses gonds. Dans une autre vidéo, elle tente de se défendre, exprimant sa colère face à ces attaques. Elle menace même de poursuivre en justice les auteurs de diffamation. Mais cette prise de parole ne fait qu'attiser les flammes, déclenchant une nouvelle série d'attaques.
Ce scénario, malheureusement, se répète. On assiste de plus en plus souvent à ce genre de scènes, notamment dans le cadre de mariages mixtes, y compris ceux impliquant des ressortissants subsahariens. Ces réactions révèlent des tensions profondes et interrogent sur les mentalités qui traversent notre société. Elles soulignent la nécessité d'une réflexion collective sur la tolérance, le respect et la lutte contre la haine en ligne.
Le mariage : un choix intrinsèquement mixte et personnel
La première interrogation que soulèvent ces réactions concerne la nature même du mariage. Pour Sanaa El Aji Hanafi, la notion de «mariage mixte» est presque un pléonasme. «Tout mariage est intrinsèquement mixte parce que chaque membre d'un couple vient avec son propre vécu et son histoire, ce qui implique des points communs, mais aussi des divergences significatives. Par conséquent, chaque mariage est mixte par essence», affirme-t-elle.
Au-delà de cette mixité fondamentale, les experts insistent sur le caractère profondément personnel et privé du mariage. Dans ce sens, Sanaa El Aji souligne que «le mariage n'est pas une affaire de société ou d'État, mais plutôt un choix personnel et affectif, sentimental, amoureux». Elle ajoute que la réussite d'une relation dépend de l'histoire individuelle des deux personnes, indépendamment de leur nationalité. Driss Jaydane abonde dans ce sens, déclarant que le mariage est avant tout un choix personnel et relève de la vie privée. «Cela ne nous regarde pas», s’irrite-t-il.
Au-delà de cette mixité fondamentale, les experts insistent sur le caractère profondément personnel et privé du mariage. Dans ce sens, Sanaa El Aji souligne que «le mariage n'est pas une affaire de société ou d'État, mais plutôt un choix personnel et affectif, sentimental, amoureux». Elle ajoute que la réussite d'une relation dépend de l'histoire individuelle des deux personnes, indépendamment de leur nationalité. Driss Jaydane abonde dans ce sens, déclarant que le mariage est avant tout un choix personnel et relève de la vie privée. «Cela ne nous regarde pas», s’irrite-t-il.
Racisme et hypocrisie : le double standard des conjoints étrangers
L'une des questions les plus choquantes soulevées par les réactions est la distinction faite selon l'origine du conjoint étranger. Sanaa El Aji exprime son incompréhension face aux réactions racistes, observant une hypocrisie raciste et misogyne. «On observe une acceptation tacite, voire une célébration, des unions mixtes lorsqu'elles impliquent un partenaire européen. Pourtant, dès que le conjoint est originaire d'Afrique ou du Moyen-Orient, ces femmes subissent un véritable lynchage. On dirait que la supériorité supposée de l'homme blanc européen est profondément ancrée dans nos esprits», relève la sociologue.
De son côté, Driss Jaydane perçoit dans ces réactions «une once de racisme et une incompréhension totale de ce que signifie pour des êtres humains de se rencontrer et de s'aimer au-delà de la nationalité». Pour lui, cela démontre une forte régression sur la question de la rencontre et du métissage, notant que la situation était différente dans les années 1960-70.
De son côté, Driss Jaydane perçoit dans ces réactions «une once de racisme et une incompréhension totale de ce que signifie pour des êtres humains de se rencontrer et de s'aimer au-delà de la nationalité». Pour lui, cela démontre une forte régression sur la question de la rencontre et du métissage, notant que la situation était différente dans les années 1960-70.
Misogynie et «clanisme» : la femme, objet de société
Les critiques virulentes envers les Marocaines épousant des étrangers révèlent une profonde misogynie. Les experts dénoncent l'idée sous-jacente que la femme «appartient» à la société ou à son «clan», qui devraient décider à sa place. Sanaa El Aji qualifie ces réactions non seulement de racistes, mais aussi de misogynes. «La société considère que la femme lui appartient et c'est à elle de décider pour elle», explique-t-elle. Driss Jaydane dénonce pour sa part ce qu'il qualifie de retour d'un refoulé tribal et du clanisme. «La société estime qu’une Marocaine épousant un étranger trahit la tribu ou sort du clan, alors que les hommes ne rencontrent pas ce problème», s’indigne le philosophe. «C’est régressif et dangereux, car cela sous-entend que nos femmes nous appartiennent», ajoute-t-il.
Une double morale sexiste est également pointée du doigt. Sanaa El Aji et Driss Jaydane s'étonnent que la société ne s'offusque pas des mariages d'hommes âgés avec de jeunes filles, ou des discours encourageant certaines structures familiales, mais critique vivement les mariages avec des étrangers. Driss Jaydane dénonce «l'hypocrisie de la société qui ne s'offusque pas lorsque des hommes de 60 ans épousent des filles de 16 ans, ou se paient des filles mineures dans des cabarets». Il lance un appel clair : regarder ce que l'on fait soi-même avant de juger les autres.
Une double morale sexiste est également pointée du doigt. Sanaa El Aji et Driss Jaydane s'étonnent que la société ne s'offusque pas des mariages d'hommes âgés avec de jeunes filles, ou des discours encourageant certaines structures familiales, mais critique vivement les mariages avec des étrangers. Driss Jaydane dénonce «l'hypocrisie de la société qui ne s'offusque pas lorsque des hommes de 60 ans épousent des filles de 16 ans, ou se paient des filles mineures dans des cabarets». Il lance un appel clair : regarder ce que l'on fait soi-même avant de juger les autres.
Le droit de choisir et l'urgence de légiférer contre la diffamation
Les experts s'accordent sur la nécessité absolue de respecter les choix individuels. Sanaa El Aji insiste sur le fait qu'une personne majeure (ayant l'âge légal de se marier, soit 18 ans au Maroc) a le droit de faire ses choix, y compris celui de se tromper, et ce sans être exploitée. «Il faut qu'on ait la maturité de respecter les choix des individus à partir du moment où ces personnes sont adultes et majeures et ont l'âge légal de se marier et qu'il n’y a pas exploitation», martèle la militante des droit des femmes.
Driss Jaydane qualifie les réactions négatives sur les réseaux sociaux de lynchage médiatique et de diffamation. Reconnaissant la nature publique de ces plateformes, il maintient toutefois que le respect de la vie privée y est impératif. Face à l'argument selon lequel la vie privée n'existe plus une fois exposée en ligne, l'expert réaffirme son importance, même dans un espace numérique ouvert. Face à cette situation, il est pour que l'on légifère et que l'on poursuive les personnes qui diffament. Il cite l'exemple de l'affaire des Marocaines décédées lors d'un incendie à Istanbul, qui ont été insultées et diffamées, insistant sur le fait qu'on n'aurait pas dit la même chose s'il s'agissait d'hommes.
Nos deux experts concluent en affirmant que les vives réactions aux mariages mixtes au Maroc, loin d'être anecdotiques, interrogent notre capacité collective à respecter les choix individuels, à rejeter les doubles standards et à faire face à la diffamation numérique. Comme le souligne Driss Jaydane, «les femmes sont souvent insultées et diffamées d'une manière qui ne s'appliquerait pas aux hommes».
Driss Jaydane qualifie les réactions négatives sur les réseaux sociaux de lynchage médiatique et de diffamation. Reconnaissant la nature publique de ces plateformes, il maintient toutefois que le respect de la vie privée y est impératif. Face à l'argument selon lequel la vie privée n'existe plus une fois exposée en ligne, l'expert réaffirme son importance, même dans un espace numérique ouvert. Face à cette situation, il est pour que l'on légifère et que l'on poursuive les personnes qui diffament. Il cite l'exemple de l'affaire des Marocaines décédées lors d'un incendie à Istanbul, qui ont été insultées et diffamées, insistant sur le fait qu'on n'aurait pas dit la même chose s'il s'agissait d'hommes.
Nos deux experts concluent en affirmant que les vives réactions aux mariages mixtes au Maroc, loin d'être anecdotiques, interrogent notre capacité collective à respecter les choix individuels, à rejeter les doubles standards et à faire face à la diffamation numérique. Comme le souligne Driss Jaydane, «les femmes sont souvent insultées et diffamées d'une manière qui ne s'appliquerait pas aux hommes».
