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Mardi 07 Mai 2024
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Pénurie d’eau : les propriétaires des hammams montent au créneau contre les mesures restrictives

Les propriétaires des hammams et bains publics ont exprimé, dans une lettre ouverte adressée au ministre de l’Intérieur, leur mécontentement et leurs craintes face à la mesure de fermeture de ces espaces imposée dans plusieurs villes en réponse au stress hydrique. Ils estiment que cette mesure ne contribuera pas réellement à lutter contre le gaspillage de l’eau, en revanche, elle affectera lourdement le secteur.

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L’heure est grave. Le stress hydrique s’accentue de plus en plus au Maroc et les réserves en eau sont sous forte pression. Cette situation alarmante préoccupe le gouvernement depuis plusieurs mois. Et pour assurer une gestion plus responsable de l’eau et éviter le gaspillage, les autorités sont contraintes aujourd’hui de mettre en œuvre certaines mesures restrictives. Ces mesures touchent plusieurs secteurs tels que le lavage de voitures, les piscines, la réduction du débit d’eau destiné à l’usage domestique... et les hammams et douches publics. Ces derniers doivent dorénavant fermer trois jours par semaines dans plusieurs villes.



La nouvelle est tombée comme un couperet pour les propriétaires de ces bains. Ils estiment que le secteur souffre encore à cause des conséquences de la pandémie Covid-19 et qu’une telle décision le met en péril.

Pour exprimer leurs doléances, la Fédération nationale des associations des propriétaires et gérants des hammams traditionnels et douches a adressé une lettre ouverte au ministre de l’Intérieur. «Nous ne pouvons qu’appuyer toute initiative qui vise à préserver l’eau. Cependant, nous estimons que les mesures à prendre doivent viser, en premier lieu, les secteurs qui exploitent ces précieuses ressources de façon irrationnelle», lit-on dans la lettre de la Fédération, dont le «Matin» détient une copie. Et d’ajouter que «les professionnels du secteur des hammams et bains publics ont été durement impactés par la crise économique liée à la Covid-19.



En effet, pendant cette crise, ce secteur, qui emploie plus de 200.000 personnes, a été totalement marginalisé et oublié, ce qui l’a fortement affaibli. Il peine encore à se relever et ce genre de décision ne fera qu’empirer la situation».

Par ailleurs, la Fédération se dit «convaincue» que cette décision n’aura pas l’effet escompté et ne permettra pas de lutter contre le gaspillage de l’eau. «Si les hammams ferment, les gens vont se laver chez eux à la maison, ce qui risque de gaspiller autant d’eau que dans un bain public, voire plus. Nous estimons qu’une telle décision manque malheureusement de bon sens, surtout en l’absence de données et de chiffres exacts prouvant ce qu’une telle mesure peut apporter et quelle quantité d’eau on pourrait économiser», souligne Rabie Ouachi, président de la Fédération.



«Une récente étude du Haut-Commissariat au Plan a montré que l’agriculture marocaine pèse pour 87% de la consommation directe annuelle en eau. Tandis que l’ensemble des services, dont fait partie le secteur des hammams, affiche une consommation en eau qui ne dépasse pas 2%. Cela prouve que la décision de fermer les bains publics trois jours par semaine ne permettra pas de lutter réellement contre le gaspillage de l’eau. En revanche, elle touchera de plein fouet les professionnels du secteur et surtout les employés, “tyaba” et “kessal”, qui vivent déjà dans la précarité», développe Ouachi.

La Fédération a appelé le ministre de l’Intérieur à agir rapidement pour suspendre la décision de fermeture hebdomadaire des hammams et ouvrir le dialogue avec les professionnels du secteur pour trouver des solutions qui permettent de rationaliser l’utilisation de l’eau sans pour autant impacter le secteur.
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