Menu
Search
Vendredi 05 Décembre 2025
S'abonner
close
Vendredi 05 Décembre 2025
Menu
Search

Sécurité routière : Ce que dit l'OMS sur l'engagement du Maroc

La sécurité routière demeure un enjeu majeur, tant pour la préservation des vies humaines que pour le développement durable des infrastructures de transport. Chaque année, des millions de personnes perdent la vie sur les routes, et l’Organisation mondiale de la santé œuvre activement pour inverser cette tendance à travers des initiatives globales et des partenariats stratégiques. C’est dans ce contexte que la 4e édition de la Conférence mondiale sur la sécurité routière s’est tenue à Marrakech, du 18 au 20 février, sur le thème «S’engager pour la vie». Cette rencontre a rassemblé des experts, des responsables gouvernementaux et des acteurs du secteur privé pour aborder les défis actuels et futurs en matière de sécurité routière. Le journal «Le Matin» a rencontré Nhan Tran, responsable de la sécurité et de la mobilité à l’OMS, pour discuter des enjeux cruciaux de la sécurité routière, en particulier en Afrique, au Maroc et dans le monde entier.

No Image
Le Matin : La 4e Conférence sur la sécurité routière organisée à Marrakech vient de prendre fin. Comment qualifiez-vous cette édition ?

Nhan Tran :
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a eu le privilège de co-sponsoriser cet événement aux côtés du Royaume du Maroc. Nous avons été activement impliqués, tant au niveau technique que scientifique, pour contribuer à la réussite de ce programme. Ensemble, nous avons relevé tous les défis. Je suis très satisfait de l’organisation de cet événement au Maroc. D’ailleurs en termes de participation, nous attendions environ 2.700 personnes, mais nous avons finalement dépassé les 3.500, ce qui représente un succès majeur. De plus, près de 90 ministres ont participé à cette conférence, un record absolu. C’est un véritable tournant, car jamais auparavant autant de ministres ne se sont réunis autour du thème de la sécurité routière. Personnellement, j’ai été impliqué dans les éditions précédentes, notamment la troisième à Stockholm en 2015, et chaque année, nous constatons une évolution positive et notable.

Quels enseignements avez-vous tirés de cette édition ?

Ce qui a le plus attiré mon attention lors de cette édition, c’est l’évolution des discussions sur la sécurité routière par rapport aux éditions précédentes. En effet, il y a 5 ou 10 ans, le débat se concentrait principalement sur l’importance de la sécurité routière et la nécessité d’agir. Aujourd’hui, le discours a évolué pour se concentrer sur les actions concrètes à entreprendre et les stratégies à mettre en place. La prise de conscience est désormais bien installée, et le temps est venu d’agir pour réduire le taux de mortalité. Un autre point majeur est l’implication croissante du secteur privé. Il y a quelques années, les ONG jouaient un rôle central dans ce domaine. Aujourd’hui, le secteur privé occupe une place déterminante. Cela marque un changement de mentalité : il ne s’agit plus d’appeler à l’action les gouvernements et les ONG, mais de reconnaître la puissance et l’influence du secteur privé. Pour opérer un véritable changement, il est crucial d’impliquer ceux qui possèdent les ressources, l’influence et les moyens de provoquer des transformations significatives. Un autre aspect essentiel a été soulevé, à savoir la relation entre la sécurité routière et la lutte contre la pollution. La réduction de la vitesse, par exemple, permet de diminuer les émissions polluantes tout en améliorant la sécurité. Il ne s’agit donc pas de choisir entre ces deux objectifs, mais de comprendre qu’ils sont complémentaires et peuvent être atteints simultanément.

L’OMS a partagé un rapport sur la sécurité routière en Afrique, mettant en lumière que l’Afrique est la région où le taux de mortalité lié à l’insécurité routière continue d’augmenter. Pourriez-vous nous en dire plus ?

Effectivement, l’OMS a partagé un rapport détaillant la situation en Afrique, soulignant que le taux de mortalité continue d’augmenter dans cette partie du monde. Alors que dans d’autres régions, ce taux reste stable, bien que toujours élevé, la situation en Afrique est particulièrement préoccupante, avec le taux de mortalité routière le plus élevé au monde : 19,6 décès pour 100.000 habitants. En Afrique, de nombreux changements et développements sont en cours, ce qui pose un véritable défi pour la sécurité routière. Pour les pays africains, le défi principal réside dans la conciliation entre développement durable et sécurité. Le développement ne doit pas se faire au détriment de la vie humaine. Alors que de nouvelles infrastructures et systèmes de transport public voient le jour, cela représente également une opportunité de réinventer et de renforcer la sécurité routière. Ce n’est pas seulement un défi, mais aussi une occasion de faire les choses différemment et de prendre des mesures plus efficaces dès le départ.

Quel regard portez-vous sur les efforts déployés par le Maroc pour améliorer la sécurité routière ?

Je souhaite tout d’abord saluer l’Engagement de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, illustré par le lancement du «Prix Mohammed VI pour la sécurité routière», un acte qui témoigne d’un véritable engagement. Un tel niveau d’implication n’est pas souvent observé dans d’autres pays. Au Maroc, de nombreuses mesures ont déjà été mises en place, telles que les nouvelles limitations de vitesse et l’obligation du port du casque pour les usagers des trois roues. Il y a également des initiatives de sensibilisation au niveau scolaire, ainsi que la mise en place d’un cadre juridique renforcé, ce qui démontre une réelle prise de conscience collective. Cependant, il reste encore beaucoup à faire. Je pense qu’il serait avantageux pour le Royaume de renforcer encore davantage les systèmes de transport public. Il est essentiel que les transports en commun soient non seulement disponibles, mais aussi accessibles, efficaces et attractifs. Les citoyens doivent pouvoir constater par eux-mêmes que prendre les transports publics est plus pratique, plus économique et, surtout, plus sûr que de se déplacer en voiture.
Lisez nos e-Papers