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Sept Marocains sur dix touchés par la «bactérie de l’estomac»

Souvent silencieuse et asymptomatique, l'infection à l'Helicobacter pylori constitue un véritable problème de santé, susceptible d’entraîner des complications graves telles que des ulcères gastro-duodénaux ou même des cancers de l'estomac. Sa transmission, facilitée par des conditions d'hygiène insuffisantes, demeure un défi majeur, notamment dans certaines régions et foyers. Selon Dr Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé, cette infection touche «près de 7 personnes sur 10 au Maroc», d’où l’urgence d’adopter une approche collective pour sensibiliser la population et mettre en place des mesures préventives.

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Une étude récente publiée dans la revue scientifique «Cureus» a révélé une prévalence élevée de l'infection de l’estomac par la bactérie Helicobacter pylori (H. pylori) chez les enfants de moins de 16 ans dans l'Est du Royaume.



Ces résultats ont naturellement suscité des préoccupations et alimenté les discussions sur les réseaux sociaux. Interpellé à ce sujet, Dr Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé, précise que les chiffres cités dans l’étude, bien qu’intéressants, n’ont de réelle signification que s'ils sont mis en perspective à l'échelle nationale et internationale, et comparés entre les différents groupes d’âge. Dans cette optique, Dr Hamdi rappelle qu’une étude menée entre 2008 et 2011 avait déjà révélé un taux de prévalence de 70% au niveau national avec plus de 50% des enfants touchés. Selon lui, ces chiffres restent valables aujourd’hui en l’absence de données officielles, témoignant d’une situation qui n’aurait pas évolué de manière significative au cours des 15 dernières années. Dr Hamdi souligne, également, que la prévalence du Helicobacter pylori au Maroc, estimé à 70%, relativement élevée, est comparable à ceux observés dans les pays à revenu faible ou moyen. En revanche, dans les pays développés, ce taux est bien plus faible, se situant entre 20 et 30%, voire 35%. Pour Dr Hamdi, il est impératif de renforcer les efforts de sensibilisation afin de mieux informer les citoyens et prendre des mesures adaptées face à cette situation.

Les risques graves associés à H. pylori

«H. pylori est une maladie silencieuse, mais qui peut entraîner de graves complications comme des inflammations de l’estomac, des ulcères gastriques ou duodénaux, et, dans des cas plus graves, des cancers de l’estomac», alerte Dr Hamdi. En effet, explique-t-il, la bactérie H. pylori est capable de survivre dans l’environnement acide de l’estomac et est particulièrement résistante grâce à une enzyme qui la protège. «Elle se transmet principalement par voie oro-orale, ce qui survient principalement dans des environnements où l'hygiène est insuffisante, comme dans des foyers nombreux ou des zones où l’hygiène bucco-dentaire est négligée», note Dr Hamdi. Ce dernier précise également que la bactérie peut se transmettre par le partage d’objets contaminés, tels que les couverts, les ustensiles de cuisine ou les tétines de biberon. Selon l’expert, certaines pratiques des mères, comme mâcher les aliments pour leurs enfants ou nettoyer les tétines avec leur salive, favorisent cette transmission. Cela pourrait également expliquer l’augmentation des cas chez les enfants.

Des symptômes parfois invisibles, mais des risques à long terme

D’après Dr Hamdi, l’Helicobacter pylori peut entraîner des douleurs gastriques, des ballonnements, des dyspepsies ou des ulcères, mais ces symptômes peuvent être discrets ou ne pas se manifester immédiatement, d'où la gravité de cette maladie à long terme, précise-t-il. Le médecin ajoute que la recherche de cette bactérie n’est réalisée que pour des indications médicales bien codifiées selon des recommandations scientifiques internationales, comme des symptômes digestifs récurrents. «Le diagnostic de l’infection peut être établi par fibroscopie, analyse des selles ou test respiratoire. Les analyses sanguines sont réservées aux cas plus spécifiques», précise le médecin. Et d’ajouter que dès que H. pylori est détectée, il est essentiel de procéder à un traitement pour éviter les complications futures. «Le traitement standard consiste en une combinaison d'antibiotiques et de médicaments pour éradiquer la bactérie, pendant une durée de deux semaines. Un contrôle est effectué un mois après la fin du traitement pour vérifier l'élimination de l'infection», explique Dr Hamdi. Si la bactérie persiste, un traitement supplémentaire est proposé, selon un protocole précis.

Des mesures préventives simples, mais efficaces

Dr Hamdi souligne que la prévention repose sur des gestes d'hygiène : éviter de partager les couverts, se laver fréquemment les mains et garantir la propreté des objets utilisés par les enfants, en particulier les biberons et tétines. «L'hygiène alimentaire et une attention particulière à la propreté des ustensiles de cuisine sont essentielles pour limiter la propagation du H. pylori», insiste-t-il. Dans les environnements communautaires, une gestion de l’hygiène plus stricte est également cruciale pour réduire les risques de transmission. Le médecin est convaincu que la propagation de la maladie, bien qu’elle soit largement répandue au Maroc, peut être contrôlée grâce à des mesures préventives simples et une prise en charge médicale appropriée. Par ailleurs, une sensibilisation accrue à l'hygiène permettrait de réduire significativement l'impact de cette infection sur la santé publique.
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