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La tuberculose, un fléau sous-estimé : 100 nouveaux cas et 9 décès chaque jour au Maroc

L’objectif d’éradiquer la tuberculose d’ici 2030 semble loin d’être réalisable. Malgré les efforts consentis, le nombre de cas est toujours important au Maroc. Dans une note publiée à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose, souligne Dr Tayeb Hamdi. Médecin, chercheur en politiques et systèmes de santé, affirme qu’environ 100 nouveaux cas et 9 décès sont enregistrés chaque jour.

La tuberculose fait son retour en force dans le monde, mais aussi au Maroc. Des chiffres alarmants confirment que la maladie est loin de disparaître, mettant en évidence l’ampleur du défi auquel est confronté le système de la santé national. «Malgré les efforts déployés, la tuberculose reste un problème préoccupant de santé publique. Chaque jour, on enregistre environ 100 nouveaux cas au Maroc et 9 personnes perdent leur vie à cause de cette maladie. On estime aussi qu’environ 15% des cas ne sont pas détectés. L’incidence de la tuberculose régresse très lentement ; elle ne baisse que de 1% par an entre 2015 et 2021, ce qui entrave la réduction de l’incidence de la tuberculose voire son élimination à l’horizon de 2030 selon les objectifs tracés», souligne Dr Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en politiques et systèmes de santé, dans une note publiée à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre la tuberculose (24 mars).



«Les populations les plus touchées sont les habitants issus de milieux défavorisés dans les quartiers à forte densité et les zones périurbaines. La tuberculose touche essentiellement les hommes (59% des cas), contre 41% chez les femmes. La tranche d’âge la plus touchée est celle de 25 à 34 ans, la tranche d’âge la plus productive. Les régions les plus touchées en considérant le nombre de cas par rapport à la population sont celles de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, Rabat-Salé-Kénitra et Casablanca-Settat», développe le médecin dans sa note. Et d’ajouter que «les cas de tuberculose résistante aux médicaments sont sous-diagnostiqués, ce qui aggrave la situation. Aussi, le taux de la tuberculose extra-pulmonaire (ganglionnaire, pleurale, ostéo-articulaire...) ne cesse d’augmenter, il est passé de 28% en 1990 à 49% en 2021. Cette proportion dépasse de loin les moyennes attendues».

Selon Dr Hamdi, plusieurs mesures sont nécessaires pour améliorer le dépistage, le traitement, le bon suivi des cas de tuberculose dans l’objectif de réduire, voire éliminer la maladie. «Il faut élargir le dépistage et le diagnostic précoce de la tuberculose et surveiller de près les cas contacts et des personnes à risque. Des efforts doivent également être consentis pour élargir le traitement préventif, faciliter l'accès aux soins par des techniques nouvelles et rapides, rendre les bilans gratuits et soutenir les malades pour couvrir les frais de transport et l'aide alimentaire», affirme le médecin. «Il faut aussi améliorer la prise en charge de la tuberculose chez les jeunes et les enfants et gérer d’autres déterminants comme le tabac, la pauvreté, l’habitat, l’alimentation, l’état immunitaire... La tuberculose touche généralement les groupes les plus économiquement vulnérables, d’où la responsabilité de l’État dans la prise en charge de la maladie pour assurer le droit à la santé individuellement et collectivement tout en protégeant le reste de la population», insiste-t-il.

Dr Hamdi rappelle, par ailleurs, que selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 10,6 millions de personnes ont développé la tuberculose dans le monde en 2022. Quelque 1,3 million de personnes sont mortes de la tuberculose la même année. Il souligne aussi que les personnes dont le système immunitaire est affaibli, comme les personnes vivant avec le VIH, la dénutrition ou le diabète, ou les personnes qui consomment du tabac ou l’alcool ont un risque plus élevé de tomber malades. Par exemple, les sujets infectés par le VIH ont 16 fois plus de risque de développer une tuberculose que les autres.
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